Aurore - Le mystère de l'enfant martyre
   
 

L’enfermement à vie?

Suite à la commutation de sa peine, Marie-Anne Houde est transférée de la prison de Québec au pénitencier de Kingston, en Ontario. Ce pénitencier fédéral avait une section réservée aux femmes depuis 1839 et ce personnage notoire (du moins pour le Québec francophone) y vivra pendant 15 ans.

Sauvée du gibet à la dernière minute par une campagne réformiste, est-ce que Marie-Anne Houde se satisfait de son sort? Est-ce qu’elle accepte avec résignation le statut de meurtrière et de prisonnière à vie? Pas du tout! Dès avril 1923, Marie-Anne Houde rédige des lettres dans lesquelles elle exprime le souhait de retourner auprès des siens et de s’occuper de sa famille. Elle écrit ensuite des demandes de libération chaque année, mais elles sont toujours refusées. Durant ces mêmes années, des membres de sa famille lui écrivent et font appel au ministre de la Justice pour manifester leur désir de voir leur parente de retour parmi eux. Finalement, en 1935, Marie-Anne Houde, certainement à cause de son état de santé critique, reçoit une réponse positive du service des pardons. Elle est donc libérée le 3 juillet 1935 et se rend à Montréal chez une cousine où elle passe les derniers mois de sa vie. Marie-Anne Houde meurt le 12 mai 1936, probablement des suites de son cancer du sein qui s’est propagé aux poumons.

Dans les lettres qu’elle écrit durant son séjour à Kingston, Marie-Anne Houde évoque régulièrement le sort de son mari – lui qui est libéré après cinq ans de prison – et se plaint du traitement déséquilibré qu’elle prétend avoir reçu dans l’affaire Gagnon. Est-ce qu’elle a raison jusqu’à un certain point? Que pensez-vous d’ailleurs de la façon dont elle formule ses demandes de libération? Vous semble-t-il étrange qu’elle évoque ses devoirs de mère, elle qui a été jugée coupable d’avoir tué une jeune fille dont elle avait la charge? Nous vous invitons à lire cette correspondance fascinante et à formuler vos propres conclusions.

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