Aurore - Le mystère de l'enfant martyre
   
 

Les suites

[ Maison Gagnon, février 2004, Peter Gossage,   ]

La mémoire collective québécoise retient les mauvais traitements infligés à Aurore Gagnon. Elle retient aussi, jusqu’à un certain point, le procès de Marie-Anne Houde et sa peine de mort. Sont passés aux oubliettes, par contre, non seulement le procès de son mari mais aussi le sort du couple Gagnon dans les mois et les années subséquentes.

Qu’arrive-t-il donc au couple Gagnon après les procès retentissants d’avril 1920? Chose certaine, l’attention journalistique se fait beaucoup plus discrète, surtout au sujet de Télesphore Gagnon. Par contre, la sentence prononcée contre Marie-Anne Houde soulève des sentiments forts … et fort variés.

Télesphore Gagnon se retrouve à la prison St-Vincent-de-Paul à Laval pour purger une peine de prison à perpétuité pour homicide involontaire à l’endroit de sa fille. Il semble qu’il soit un bon prisonnier, puisqu’il est libéré en 1925 pour bonne conduite. Certaines thèses évoquent également qu’il serait atteint d’un cancer de la gorge. Il retourne vivre à Sainte-Philomène de Fortierville, son village natal et lieu du décès d’Aurore Gagnon.

Marie-Anne Houde est emprisonnée tout l’été à la prison de Québec. Le juge a ordonné un long délai entre le moment de sa condamnation et la date de la pendaison, afin qu’elle puisse donner naissance à son enfant et le nourrir pendant les premiers mois de sa vie. Le 8 juillet 1920, Marie-Anne Houde accouche à la prison, pas d’un, mais bien de deux enfants: un garçon et une fille (Roch-Jean et Jeanne d’Arc). Ils sont immédiatement baptisés et ont pour parrain et marraine le gardien de la prison et la matrone.

La naissance de ses jumeaux éveille dans l’opinion publique un sentiment de pitié à l’égard de Marie-Anne Houde, ou du moins envers ses nouveau-nés. C’est l’un des facteurs qui favorise l’émergence, durant l’été 1920, d’une campagne de clémence en sa faveur, organisée par la Canadian Prisoner’s Welfare Association. Cette campagne porte fruit à la toute dernière minute. En effet, le 29 septembre 1920, deux jours avant la date prévue pour sa pendaison à la prison de Québec, le ministre fédéral de la Justice, Monsieur C. J. Doherty, décide de commuer la peine de mort de Marie-Anne Houde en emprisonnement à vie. Elle est alors transférée au pénitencier de Kingston, où elle passera pratiquement le reste de ses jours.

 
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