La société
La société viking était une société bâtie sur le système de chefferies ou de clans. Une chefferie est différente d’un état en ce sens qu’il n’y a pas de gouvernement central. Cette société est plutôt gérée par plusieurs chefs ou seigneurs, qui parfois sont très nombreux, chacun avec sa propre sphère d’influence. Pour se garder au pouvoir, un chef doit rallier des partisans qui le suivront lors d’un conflit armé, qui en parleront comme d’un chef, qui répandront sa renommée et qui lui paieront des taxes sous forme de produits de la récolte, de gibiers et autres ressources. En retour, les partisans peuvent compter sur le chef pour protéger leurs droits et leur bien-être, et défendre leur cause lors de conflits avec la loi ou dans d’autres situations. Dans les temps de famine ou autres désastres, les chefs partagent leurs biens pour assurer la survie de tous. Les chefferies sont des sociétés compétitives et souvent instables. Cela pourrait avoir été un facteur dans l’abandon du Groenland et du Vinland.
Eirik le Rouge était un de ces chefs qui a amené ses partisans avec lui au Groenland dans le but d’augmenter sa richesse et son statut. L’influence de sa famille a augmenté lorsque ses enfants ont exploré le Vinland. Ces explorations leur ont apporté gloire et richesse. Par contre, la façon dont cela est arrivé fait partie du mystère du Vinland.
Le pouvoir des chefs dépend du nombre de partisans qu’ils peuvent rallier ainsi que de la qualité et de la richesse de ces partisans. Dans une société comme celle des Vikings, où les transactions commerciales ne se faisaient pas en argent mais en marchandises, les chefs courtisaient leurs partisans en leur donnant des terres, du cheptel, des marchandises et des objets de luxe. Plus le cadeau était somptueux, plus grande était l’obligation du receveur de soutenir la personne qui lui faisait un tel cadeau.
L’allure d’une personne et ses qualités de chef étaient aussi des facteurs qui déterminaient la chefferie, tout comme cela se passe aujourd’hui en politique. Un grand chef se démarquait par ses prouesses à la guerre et ses succès en affaires; il avait des résidences somptueuses, des vêtements, des bijoux et des possessions matérielles qui démontraient l’ampleur de ses succès. Les chefs tentaient de maintenir leur autorité en offrant des banquets opulents qui avaient lieu dans des halls décorés pour l’occasion et où on servait autant de nourriture et de boisson qu’il était possible. L’importation de nourriture comme les noix (qui ne poussaient pas au nord du Danemark), les épices orientales et le vin impressionnait les invités.
Sur le continent scandinave, l’ère des Vikings correspond à une ère de transition où la société passera des chefferies aux royaumes et aux états. Vers la fin du neuvième siècle, le roi Harald « Cheveux blonds » de Norvège, a vaincu un grand nombre de chefs et de rois importants et il s’est imposé comme chef suprême, un processus qui avait commencé avec son père, Halvdan « le Noir ». C’était le début du gouvernement centralisé. La transition a presque été complétée par son petit-fils, Olaf Tryggvason, qui a régné aux environs de 995 à 1000. Un roi était un chef qui se réclamait d’une descendance avec les dieux, mais il avait à peu près les mêmes pouvoirs qu’un chef. Les aspirations d’Harald « Cheveux blonds » à devenir chef suprême étaient un des facteurs qui ont poussé certains chefs norvégiens et leurs partisans à émigrer en Islande.
Le Danemark est devenu un royaume unifié dans la deuxième moitié du dixième siècle lorsque le roi Harald « Dent noire » a assujetti tous ses compétiteurs. En Suède, le processus fut plus long et le pays n’est devenu un royaume unifié qu’en 1192. L’Islande et le Groenland sont demeurés des chefferies (oligarchies) jusqu’en 1262 — 1264 au moment où les chefs au pouvoir ont accepté le roi norvégien comme chef suprême en retour pour son soutien contre les compétiteurs locaux.
Bien que l’Islande soit souvent nommée la plus vieille démocratie au monde, les chefferies et les royaumes vikings n’étaient pas des démocraties au sens où nous le comprenons. Les seules personnes qui étaient égales entre elles étaient les chefs ou les seigneurs et les rois. La société fonctionnait sur un mode pyramidal avec quelques chefs ou rois au sommet. Juste au-dessous, il y avait les riches propriétaires terriens dont la richesse provenait du travail des personnes qui travaillaient leurs terres et des taxes qu’elles payaient. Ces personnes étaient des fermiers libres ou des fermiers qui opéraient leur propre ferme, mais qui payaient des taxes ou un loyer sous forme de travail et de produits de la ferme. Sous eux, il y avait des hommes et des femmes qui servaient comme travailleurs agricoles ou domestiques en retour de nourriture et de marchandises. Au bas de cette échelle se trouvaient les esclaves. C’étaient des prisonniers de guerre capturés dans des raids ou achetés dans les marchés d’esclaves en Europe. Il y avait aussi des Vikings qui se vendaient eux-mêmes en esclavage. Cela était une mesure désespérée, mais c’était parfois la seule façon pour les pauvres d’obtenir un toit, de la nourriture et des vêtements. Le poème du onzième siècle, Rigsthula, le Poème de Rig, donne en détail les différences entre les riches et les pauvres.
Les chefferies et les royautés étaient souvent héritées par les fils aînés, mais pas toujours. Deux frères pouvaient partager la chefferie. Les femmes ne pouvaient pas hériter de cette position, mais la veuve d’un chef ou d’un roi pouvait agir comme dirigeante ou souveraine. La différence entre un chef ou un roi et les riches propriétaires terriens était minime et il arrivait qu’ils échangent leur situation. L’esclavage aussi était hérité. Il était permis aux esclaves de gagner de l’argent en surplus de ce qui était dû au propriétaire en faisant un travail spécial. Les esclaves pouvaient alors utiliser cet argent pour acheter leur liberté. Cependant, il fallait au moins trois générations avant que les descendants d’un esclave libéré soient acceptés socialement.
Les chefferies sont rarement des sociétés qui connaissent la stabilité. Leur nature même provoque une compétition constante entre les chefs pour le pouvoir. Cette compétition entre les chefs a mené à la chute de l’Islande et du Groenland. Au treizième siècle, le pouvoir était divisé entre quelques chefs qui se battaient entre eux. Afin de gagner, un de ces chefs a renoncé à sa propre indépendance et à celle du pays en s’alliant avec le roi de Norvège. Ainsi, la couronne norvégienne a gagné un monopole économique sur l’Islande entre 1262 et 1264. Cela a mené au déclin économique lorsque la Norvège s’est désintéressée du bien-être des Islandais et a également perdu les moyens de s’en préoccuper. Elle a toutefois continué à demander que les taxes soient payées. Cette situation s’est prolongée jusqu’en 1944 au moment où l’Islande a déclaré son indépendance.
Ce qui est arrivé en Islande est probablement aussi arrivé au Groenland, bien que les évènements aient été moins documentés. En 1261, le Groenland est aussi devenu assujetti au roi de Norvège. Là aussi, la concurrence entre les chefs a fait mal au bien commun comme on peut le percevoir dans L’histoire de Einar Sokkason. Une cotte de mailles datant de la fin du treizième siècle, trouvée dans une épave viking sur l’île d’Ellesmere, était probablement destinée à un de ces chefs qui avait l’intention d’impressionner un adversaire ou de le battre sur son propre terrain. Éventuellement, ces situations ne peuvent que mener à la destruction à moins que le pouvoir ne puisse être partagé à l’amiable ou mis entre les mains d’une seule personne. Nous ignorons comment la situation a évolué au Groenland.
Les bâtiments
Inventaire ménager
Livres ou romans
Chapitres de livres
- Keneva Kunz, trans., Le mariage et le divorce dans « La saga des peuples de Laxardal », The Sagas of Icelanders: A Selection, preface by Jane Smiley, introduction by Robert Kellogg, 2000
- Bernard Scudder, trans., Les esclaves dans « La saga d’Egil », The Sagas of Icelanders: A Selection, preface by Jane Smiley, introduction by Robert Kellogg, 2000
- Keneva Kunz, trans., L’éducation dans « La saga des peuples du Laxardal », The Sagas of Icelanders: A Selection, preface by Jane Smiley, introduction by Robert Kellogg, 2000
- Bernard Scudder, trans., Les fermiers prospères et les propriétaires terriens dans « La saga d’Egil », The Sagas of Icelanders: A Selection, preface by Jane Smiley, introduction by Robert Kellogg, 2000
- Keneva Kunz, trans., L’activité sportive dans « La saga des peuples du Laxardal », The Sagas of Icelanders: A Selection, preface by Jane Smiley, introduction by Robert Kellogg, 2000
Source d'internet
Les bâtiments
Livres ou romans
Chapitres de livres
- Guðmundur Ólafsson, Eiríksstaðir : la ferme d’Eirik le Rouge , Approaches to Vínland: A conference on the written and archaeological sources for the Norse settlements in the North-Atlantic, 2001
- Bernard Scudder, trans., Les cabines dans « La saga d’Egil », The Sagas of Icelanders: A Selection, preface by Jane Smiley, introduction by Robert Kellogg, 2001
Cartes
- Mårten Stenberger, Plan de la halle de Skallakót, à Thjorsardalur, 11e siècle, Forntida gårdar i Island [Ancient Farms in Iceland], 1943
- Þór Magnússon, Foyer VIII, Hvítarholt , “Sögualdarbyggð í Hvítárholti”. Árbók hins íslenzka fornleifafélags, 1973