La navigation

[ Sailing distances in doegr as outlined in Icelandic sources ]

Distances naviguées (en doegr) selon des sources islandaises, Vis-à-Vis Graphics,

Pour décoder les descriptions dans les sagas, nous devons comprendre la façon dont les Scandinaves dirigeaient leurs bateaux et naviguaient. Pour déterminer l’emplacement du Vinland, nous devons connaître la distance que pouvait parcourir un bateau long en une journée, une semaine ou un mois ainsi que la période de l’année durant laquelle ils voyageaient.

Il est stupéfiant de constater les exploits de navigation des Vikings, considérant qu’ils n’avaient pas d’instruments de navigation à l’exception d’un simple appareil pour mesurer la position du soleil et de l’étoile polaire au-dessus de l’horizon. Le navigateur pouvait alors avoir une idée approximative de sa position nord-sud. Mais l’étoile polaire n’aurait pas été d’une grande utilité, car, entre mai et septembre aux latitudes nordiques, c’était une période de luminosité perpétuelle. Autrement, on naviguait à l'estime, observant le mouvement de l'eau, les vents dominants, les oiseaux et leurs migrations, et notant le passage du temps.

Les marins vikings ne pouvaient pas calculer la longitude, c’est-à-dire leur position est-ouest. Pour trouver la longitude, il faut savoir le temps précis qui s’est écoulé depuis le départ d’un point de référence spécifique. Cela était impossible jusqu’à l’invention d’horloges précises au début du dix-huitième siècle. Il était plus facile de s’orienter sur terre alors qu’il était possible d’observer la position du soleil selon les points de repères terrestres et les changements de saison. Par contre, sur un bateau en mouvement constant et sans repère terrestre, les navigateurs n'avaient qu'une vague idée du temps passé.

Les sagas réfèrent à des « pierres de soleil », un outil rare qui servait à observer la position du soleil lorsqu’il était caché par les nuages. Les « pierres de soleil » demeurent un mystère même aujourd’hui. Certains scientifiques ont conclu que c’était un morceau de feldspath qui polarise la lumière et montre le soleil. D’autres ont fait remarquer que cela n’est possible que lorsque le ciel est partiellement nuageux. Ainsi, ces « pierres de soleil » auraient été généralement inutiles aux navigateurs de cette époque.

Un petit disque en bois dentelé a été trouvé sur une ferme au Groenland. Certains pensent qu’il s’agirait d’un instrument pour mesurer l’angle du soleil et de la lune. D’autres pensent que ce disque est un calendrier utilisé pour indiquer les fêtes religieuses.

Les distances en mer étaient exprimées en termes de doegr sigling. Il est faux de traduire cela par « une journée de navigation ». Une journée se dit dagr. Doegr réfère à une période de moins de 24 heures. En naviguant le long de la côte, où ils pouvaient rencontrer des hauts fonds, il était préférable de naviguer pendant le jour. En été cependant, la navigation était continuelle en haute mer, tout comme l’était la luminosité ce qui a changé le sens de doegr en une période de 24 heures.

La vitesse dépendait de la température et variait d’un voyage et d’un bateau à l’autre. Ce que nous savons sur la vitesse que pouvaient atteindre les grands navires de marchandises vikings provient de deux sources. La première découle de l’expérience acquise avec les répliques de bateaux. L’autre provient des sagas. Avec un vent et des conditions climatiques favorables, la vitesse d’une réplique d’un petit navire de marchandises viking pouvait atteindre 15 nœuds. Un nœud égalant 1,852 km/h, donc une vitesse de 15 nœuds équivaut à 27,8 km/h. La vitesse moyenne était seulement de 4 à 5 nœuds, c’est-à-dire 7,4 à 9,3 km/h. Cela veut dire que, dans une période de 24 heures avec des conditions favorables, un bateau pouvait couvrir une distance d’environ 178 à 222 km. À la différence des voiliers plus modernes, la voile carrée ne permettait pas de virer de bord de plus de 20°. Ainsi, si les vents étaient contraires, la meilleure solution était de « prendre un ris », c’est-à-dire de diminuer la surface de la voile. Faire un virage pouvait diminuer la vitesse jusqu’à 1 ou 2 nœuds. On oublie souvent lorsqu’on tente de déterminer la vitesse des bateaux vikings qu’il y avait des périodes sans vent où la vitesse était réduite à néant. C’est ce qui est arrivé à l’équipage de la réplique du Snorri qui a navigué du Groenland jusqu’à Terre-Neuve en 1998. L’équipage a tenté de ramer, mais les navires de marchandises, contrairement aux navires de guerre, n’étaient pas conçus pour être propulsés à la rame. Ainsi, l’équipage ne pouvait pas bouger le bateau de plus de 1 km par jour, même en y mettant des efforts intenses.

Au temps des Vikings, la saison de navigation se limitait aux mois d’été car leurs bateaux ne pouvaient supporter les tempêtes hivernales. Il est écrit dans la Saga des Goths que la navigation sur la Mer baltique devrait se faire entre le 1er mai et le 1er novembre. Le livre, The King’s Mirror, un traité pédagogique rédigé vers 1250, recommande d’aller au Groenland et d’en revenir au milieu de l’été, c’est-à-dire en juillet et en août, et qu’aucun voyage ne devrait être entrepris après septembre. La saison estivale en Islande et au Groenland devait être plus courte que les autres à cause du danger causé par les glaces des mers au large des côtes, bien que vers l’an 1000, il y avait moins de glace que dans les siècles précédents et ceux qui ont suivi. Quoi qu’il en soit, il était probablement impossible de quitter le Groenland avant le mois de juin et il était prudent d’être revenu à la mi-septembre.

La précision dans la mesure du temps, les directions de compas, la vitesse, la constance et le besoin d’istrumentation était, au temps des Vikings, des concepts complètement différents des nôtres. L’exactitude en termes de temps, de direction et de vitesse était inexistante. Il était suffisant d’avoir une idée approximative. Est-ce que c’était le matin, le soir ou le milieu du jour, l’hiver ou l’été? Puisqu’il était impossible de maintenir une ligne droite, ils n’avaient besoin que d’une vague idée de la direction pour naviguer. Les instructions données dans Le Livre de la colonisation sur la façon de se rendre au Groenland en provenance de la Norvège n’inspireraient probablement pas confiance à un marin moderne.

Les repères terrestres étaient plus importants. Dans Les expéditions d’Ottar [Othere], le chef norvégien, Ottar, fait une description typique d’une voie de navigation.

Livres ou romans

Chapitres de livres

Source d'internet

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