Les bateaux
Pierre gravée de Tjängvide en Suède, Exposée au Statens Historiska Museum de Stockholm , B. Wallace, Personal Collection
Nous connaissons beaucoup de choses sur la façon dont les Vikings se sont rendus au Vinland grâce aux découvertes archéologiques de bateaux naufragés et aux descriptions et dessins de cette période. Seuls les riches avaient les moyens de s’acheter des bateaux capables de naviguer sur les mers et qui étaient utilisés pour la colonisation et le commerce. Il y avait deux façons d’obtenir un bateau, passer une commande auprès d’un maître charpentier de marine pour qu’il en bâtisse un neuf ou en acheter un d’occasion. Il n’y avait pas de plans. La construction était faite « à l’œil ». Même si le design était similaire, aucun bateau n’était la réplique exacte d’un autre. Comme à notre époque, les plus petits bateaux étaient bâtis sur place où plusieurs ouvriers possédaient les habiletés nécessaires.
Les bateaux vikings étaient bâtis de l’extérieur vers l’intérieur et de bas en haut. La quille était d’abord érigée et la coque était bâtie par la suite. Les planches étaient jointes une à une. Afin qu’elles gardent leur forme, on érigeait un renfort par-dessus la construction. Un renfort était un cadre au-dessus de la structure, ancré au sol, et auquel la coque était attachée temporairement avec la configuration désirée.
Les arbres étaient choisis spécialement pour chaque bateau ou navire. Les espèces préférées étaient le chêne, le pin et l’épinette. Les pièces avec un angle étaient extraites des courbes naturelles de l’arbre; par exemple, une pièce coupée à partir des branches. Le bois n’était pas séché car le bois « vert », nouvellement coupé, était plus flexible. Il était plus facile de donner une forme à des planches lorsqu’elles étaient chauffées à la vapeur. Les meilleures planches pour un bateau étaient celles qui avaient été coupées en formes étoilées, car ainsi toutes les planches avaient la même proportion de parties intérieures et extérieures du tronc. Cela réduisait la déformation et le rétrécissement du bois lorsqu’il séchait et augmentait sa résistance à la traction. De forme triangulaire dans les sections transversales, les planches étaient placées avec le côté le plus mince vers le bas et le côté le plus épais chevauchant la partie la plus mince de la planche suivante. Dans les grands navires, les planches étaient jointoyées afin d’obtenir la longueur requise. Cela se faisait selon la méthode d’assemblage à mi-bois, c’est-à-dire que les extrémités des planches étaient amincies afin que l’extrémité d’une planche puisse chevaucher l’extrémité de l’autre. Une fois la coque érigée, des « nervures » y étaient insérées et attachées avec de fortes lianes de cuir ou même des fanons de baleines. Cela assouplissait la structure de sorte que la coque pouvait bouger légèrement sous la pression de l’eau plutôt que de se briser.
Les planches étaient retenues ensemble par des clous en fer qui passaient à travers les deux planches et une torsade au-dessus de laquelle les clous étaient recourbés, ou « rivés », avec un marteau. Les planches supérieures pouvaient aussi être attachées avec des gournables qui étaient des chevilles sculptées dans le bois avec une tête semblable à un clou. Ces gournables étaient également utilisées dans la construction de maisons et de meubles.
On gouvernait le bateau à l’aide d’une longue rame (planche à barrer) installée du côté droit, « tribord », du bateau.
La plupart des bateaux étaient stabilisés par du lest constitué de pierres de la grosseur d’un ballon de football. Le nombre de pierres pouvait augmenter ou diminuer selon le poids de la cargaison. Les navires commerciaux transportaient aussi de petites chaloupes pour le débarquement ou pour le chargement et le déchargement de la cargaison du bateau.
Les voiles étaient grandes et rectangulaires avec une largeur de 10 m et plus. Elles étaient plus larges que hautes. Elles étaient fabriquées de longueurs de laine, de toile ou de chanvre cousues ensemble, car un métier à tisser à l’ère viking ne pouvait produire des pièces de tissu plus larges que 2 ou 2,5 m.
Puisqu’ils étaient relativement légers, les bateaux se laissaient porter par les vagues plutôt que de les fendre. Bien qu’en très bon état de navigation, ils n’étaient pas infaillibles comme cela a été démontré en mai 1992 alors que deux répliques des bateaux de marchandises, l’Oseberg et le Saga Siglar, ont subi un naufrage dans une tempête au large de la côte française alors qu’ils faisaient route vers l’Espagne.
Un voyage sur ces bateaux n’était probablement pas très confortable car ils étaient très ouverts, ressemblant à des canots géants. Les bateaux de marchandise avaient un pont à l’avant (proue) et pouvaient aussi en avoir un à l’arrière (poupe), mais le reste du bateau était ouvert. L’équipage et les marchandises légères étaient probablement sur le pont avant où il y avait des tentes et des bâches. Les marchandises les plus lourdes étaient entreposées derrière le mât.
En plus des grands bateaux, il y avait une variété de plus petits bateaux de toutes les grandeurs qui étaient propulsés à la rame ou à la voile. Les routes étaient en mauvaises conditions et il était plus facile de transporter les gens et les marchandises par voies maritimes.
On nommait parfois les bateaux vikings, les « dragons ». L’art viking représentait souvent les bateaux avec une tête de dragon à la proue. Une tête de dragon en bois sculpté a été retrouvée dans le fleuve Escaut en Belgique. Elle semblait amovible.
Livres ou romans
- Finnur Jónsson. trans., Les bateaux dans Kongespejlet - Konungs skuggsjá [Le miroir du Roi], 1926
- Hermann Pálsson and Paul Edwards, trans., La saga d’Egil, 1976
Chapitres de livres
- Hermann Pálsson and Paul Edwards, trans., La saga des habitants d’Ere, Eyrbyggja Saga, 1973
- Ole Crumlin-Pedersen, Les types et les dimensions des bateaux de 800 à 1400 de notre ère, Aspects of Maritime Scandinavia AD 200- 1200: Proceedings of the Nordic Seminar on Maritime Aspects of Archaeology, Roskidle, 13th-15th March, 1989, 1991
- Bernard Scudder, trans., Les navires marchands dans « La saga d’Egil », The Sagas of Icelanders: A Selection, preface by Jane Smiley, introduction by Robert Kellogg, 2000
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