La Scandinavie dans « L’expédition d’Ottar telle que racontée au roi Alfred de Wessex vers 890 »
Ottar a dit que le pays où il a séjourné était nommé Helgoland [Hålogaland]. Ottar a raconté à son souverain, le roi Alfred, qu’il avait séjourné plus au nord que tout autre homme du Nord. Il a dit qu’il avait séjourné dans la partie nord du pays vers l’ouest […] pourtant c’est un espace désertique et inhabité, à part quelques endroits isolés, ici et là, où vivent des Finlandais [Sami] près de la côte et qui chassent en hiver et pêchent en été. Il a dit qu’à un moment donné il avait désiré connaître et prouver jusqu’où s’étendait ce pays au nord et s’il y avait des hommes qui habitaient au-delà du désert. Après quoi, il a fait une expédition et longé la côte vers le nord, ayant toujours à tribord les terres désertiques et à bâbord, l’océan. Il a continué sa course pendant trois jours. À ce moment, il avait voyagé aussi loin vers le nord que le faisaient normalement les baleiniers. Il a alors poursuivi son parcours vers le nord aussi loin qu’il a pu pendant trois autres jours. À la fin, il a remarqué que la côte tournait vers l’est […] puis il a navigué directement vers l’est le long de la côte aussi loin qu’il a pu pendant quatre jours. […] et la côte se tournait directement vers le sud [il contourne la péninsule Kola dans le nord de la Russie et entre dans la mer Blanche], ou au moins là où la mer entre dans les terres ne sachant pas jusqu’où; ainsi, il a continué de naviguer le long de la côte vers le sud aussi loin qu’il a pu voyager pendant cinq jours et au cinquième jour, il a découvert un grand fleuve qui se rendait très loin dans les terres. […] c’était les premières terres habitées qu’il rencontrait depuis le départ de son propre pays; il avait continuellement navigué durant son expédition ayant à tribord un pays sauvage et désert, sauf à quelques endroits où il avait vu quelques pêcheurs et chasseurs qui étaient tous Finlandais [Sami] […]
[…] Les Biarmes lui ont raconté quelques histoires sur leur propre pays et sur les pays voisins […] Il a conclu que les Finlandais [Sami] et les Biarmes parlaient la même langue. L'objectif principal de son voyage dans cette direction était d'augmenter ses connaissances et ses découvertes de ces côtes et de ces pays pour en apprendre plus sur la façon de pêcher les morses dont les dents sont composées d’os de grande qualité et de grande valeur; il en a donc rapporté au roi à son retour. La peau des morses est également très bonne pour faire des câbles pour les bateaux et les câbles sont ainsi utilisés. Cette espèce de baleine représente une masse moins grande que les autres, ne mesurant pas plus de sept aunes. Pour ce qui est des espèces plus communes, le meilleur endroit pour les trouver et les chasser se trouvait dans son propre pays […] Il était un homme dont l’extrême richesse se composait des biens provenant de son pays. Au moment où il est allé voir le roi, il avait son propre troupeau, 600 cervidés apprivoisés du type qu’on appelle des rennes […] Il était le premier parmi les hommes importants de son pays, et pourtant il n’avait que 20 vaches et 20 cochons et le peu de terre qu’il labourait, il le faisait avec des chevaux. Sa fortune provenait principalement du tribut que lui payaient les Finlandais [Sami] sous forme de peaux de bêtes sauvages, de plumes d’oiseau, d’os de baleines et de câbles et de matériel pour les bateaux faits de peaux de baleines ou de phoques. Chaque homme payait selon ses capacités. Le plus riche payait normalement 15 cageots de martres, 5 peaux de rennes et une peau d’ours, 10 boisseaux de plumes, un manteau en peau d’ours, deux câbles d’une longueur de soixante aunes chacun dont un fait de peau de baleine et l’autre de peau de phoque. Il a dit que le pays de la Norvège était très long et petit. […]
Ottar a dit que […] à partir de ce pays en allant vers le sud, il y a un port appelé Scirings Hall, d’où, a-t-il dit, un homme ne pouvait partir naviguer pendant tout un mois s’il restait là la nuit même s’il y avait plein-vent toute la journée. Et il pourra naviguer tout le long de la côte. […] De Scirings Hall, il a dit qu’il a navigué pendant 5 jours jusqu’au port appelé Hetha, qui était situé entre les pays des Slaves, des Saxons et des Anglais, dont ils sont les sujets. Et en y allant en provenance de Scirings Hall, il avait le Danemark à tribord et la mer à bâbord pour une durée de 3 jours; et pendant les 2 jours avant qu’il n’arrive à Hetha, il a eu l’Allemagne à bâbord puis Silland ainsi que d’autres îles. Les Anglais y vivaient avant d’arriver en ce pays. Pendant ces 2 jours, il avait à bâbord les îles sujettes du Danemark.