Le vieux moulin de pierres (la tour de Newport) dans le nouveau magazine Harper, août 1854
On parle du bon vieux temps et de la gloire passée de Newport. Il y a cependant un monument qui provoque l’intérêt du poète, de l’antiquaire, du voyageur, du friand de controverses, du théologien; un monument qui a été le sujet de jolies chansons, de théories farfelues et la cause de canulars amusants. Il s’agit de « l’ossature de la tour ronde des jours anciens », la ruine de Newport, le vieux moulin. […] Il ne raconte aucune histoire, mais il est évocateur d’une légende romantique même si on ne doute pas qu’il ne s’agisse que d’un vieux moulin.[…] Ayant reçu quelques esquisses imparfaites, la Société des antiquaires danois, de Copenhague, avait rapidement conclu qu’il avait probablement été bâti au douzième siècle par les Scandinaves qui avaient navigué le long des côtes de la Nouvelle-Angleterre et avaient appelé ce pays Vinland, à cause de l’abondance de ses raisins. Cet indice romantique et la découverte d’un « squelette en armure » à Fall River près du centre de Newport ont donné à Longfellow l’idée pour sa ballade héroïque du même nom.
[…]Les premiers colons n’en parlent pas. Cela est une bonne preuve qu’il a été érigé après cette période, car les premiers habitants de la ville se sont installés très proches du site et il est certain qu’un objet si remarquable aurait été mentionné par un des multiples chroniqueurs de l’époque.[…] En 1653, Benedict Arnold […] est arrivé à Newport en provenance de Providence [… ]Il s’est installé à Newport et a rapidement été nommé gouverneur. Il a bâti une maison sur un lot de seize acres […] dont la partie située à l’est comprend le moulin. […] Son testament est daté du 20 décembre 1677 et fait référence à la parcelle de terrain qui comprend « mon moulin à vent en pierres » […]
M. Joseph Mumford a déclaré en l834, à quatre-vingts ans, que son père était né en 1699 et qu’il référait constamment à cette construction comme à un moulin à poudre et lui-même se souvenait que lorsqu’il n’était qu’un jeune garçon, aux environs de 1760, il était utilisé comme un fenil. John Langley, un autre octogénaire, se souvient avoir entendu son père dire que, lorsqu’il était un gamin, ce qui devait être au début du dix-huitième siècle, il transportait du grain à moudre au moulin. Edward Pelham, qui a épousé la petite-fille d’Arnold, parle du moulin dans son testament, qui est daté de 1740, comme « d’un vieux moulin à vent en pierres ».
[…]Il était bâti en pierres […] parce qu’il y en avait beaucoup et que c’était facile de s’en procurer. Les écailles, le sable et le gravier pour le mortier étaient aussi faciles à utiliser. En 1848, on a comparé le mortier d’une vieille maison en pierre bâtie par Henry Bull en 1639 sur la rue Spring, celui de la tombe du gouverneur Benedict Arnold, et de plusieurs autres édifices anciens avec le mortier du vieux moulin, et ce dernier était identique tant par sa qualité que par sa teneur.