Les préparatifs
Dès février 1845, le carénage de l’Erebus et du Terror va bon train. Afin de renforcer les navires pour les conditions de glace en Arctique, les améliorations incluent le doublement de la coque, le renforcement en bois d’une épaisseur de huit pieds appliqué aux proues, l’installation de plaques de fer de protection et l’ajout de moteurs auxiliaires à vapeur et de propulseurs à hélice pour se déplacer plus efficacement dans la glace. Bien que l’Amirauté prévoie un voyage d’une année, chacun des navires est équipé de provisions suffisantes pour permettre aux équipages de survivre trois années au cas où il y aurait des délais causés par la glace. Ils transportent aussi 200 boîtes de fer-blanc conçues pour y insérer hermétiquement des documents donnant la latitude et la longitude des navires dans le but de retrouver les vaisseaux au besoin
Pourquoi le gouvernement britannique envoie-t-il cette expédition? Les consignes adressées au capitaine sir John Franklin fournissent une liste exhaustive d’objectifs, certains reliés à la découverte du passage du Nord-Ouest et d’autres en lien avec la science, plus spécifiquement avec les observations du magnétisme terrestre. La question des motivations réelles de l’Amirauté et de ses objectifs a peut-être un effet sur la route et la progression de l’expédition. Si Franklin s’est surtout concentré sur le passage du Nord-Ouest, il aura probablement cherché une route aussi directe que possible vers le détroit de Béring. Par contre, s’il s’est concentré sur les lectures du magnétisme terrestre, aura-t-il été plus enclin à naviguer par le sud par le détroit de Peel vers le pôle nord magnétique? En d’autres mots, est-ce que l’accent porté sur la découverte du pôle magnétique aura été la cause de l’enclavement du groupe de Franklin dans les glaces du détroit de Victoria? Visitez la sous-section portant sur le pôle nord magnétique dans la section Vagues et embâcles pour y trouver vous-mêmes les réponses.
Sir John Franklin est-il l’homme de la situation? À l’époque, sa nomination ne fait pas l’unanimité. Plusieurs officiers supérieurs expriment en privé leurs préoccupations quant à son âge (59 ans), son état physique (corpulent) et sa présumée intolérance au froid. Au cours de l’hiver 1844-1845, juste avant son départ, Franklin contracte une forme sévère d’influenza et admet en souffrir même après le départ de l’expédition en mai 1845. Il fait de son mieux pour démentir les rumeurs et Haddington approuve finalement la nomination du vétéran de l’Arctique et chercheur expérimenté en magnétisme terrestre.
Responsable du recrutement et de la supervision du personnel de l’expédition, le capitaine de frégate James Fitzjames embauche des hommes qui ont déjà vécu des expéditions arctiques et plusieurs anciens camarades de la marine sans aucune expérience arctique. James Reid et Thomas Blanky, embauchés comme maîtres de glace sur les deux navires, sont des vétérans de l’environnement polaire, mais seulement six des 18 officiers de l’expédition ont de l’expérience dans cet environnement. En fait, en ce qui concerne les états de service en environnement polaire, c’est une des expéditions les moins expérimentées jamais envoyées en Arctique par l’Amirauté. Selon vous, Fitzjames a-t-il fait les bons choix?