Passer à la page: 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12,13, 14, 15,16, 17, 18, 19, 20, 21,22, 23, 24,25, 26, 27,28, 29, 30,31, 32, 33,34, 35, 36,37, 38, 39,40, 41, 42,43, 44, 45,46, 47, 48,49, 50, 51,52, 53, 54,55, 56, 57,58, 59, 60
C A N A D A. DANS LA COUR DU BANC DU ROI
Le quinzième jour d'avril mil neuf cent vingt a comparu Marie-Jeanne Gagnon, de Ste Philomène de Fortierville, agée de douze ( 12 ) ans, témoin produit de la part de la Couronne lequel, après serment prêté sur les Saints Evangiles, dépose et dit: EXAMINE PAR ME A. FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: Q. Quel âge avez vous? R. Douze ( 12 ) ans. Q. Vous êtes la fille de Telesphore Gagnon? R. Oui. Q. Et belle-fille de l'accusée, ici? R. Oui. Q. Tachez de parler fort pour que les Jurés vous entendent? R. Oui. Q. Restez vous chez votre père? R. Oui. Q. Vous dites que vous restiez chez vos parents? R. Oui. Q. Aviez vous une soeur nommé Aurore Gagnon? R. Oui. Q. Etiez vous chez vous lorsqu'elle est morte? R. Oui. -2- Q. Quel âge avait-elle? R. Dix ( 10 ) ans. PAR LA COUR: Aurore avait dix ans? R. Oui. PAR ME A. FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: Q. Est-ce que Aurore était votre soeur propre? R. Oui. PAR LA COUR: Vous étiez deux enfants de Telesphore Gagnon, alors,? R. Oui. Q. Maintenant, pendant l'année qui a précédé sa mort, étiez vous restiez vous dans la même maison qu'elle? R. Oui. Q. Pouvez vous dire ce qui se passait à la maison? R. Oui. Q. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose de particulier our Aurore? R. Oui, j'ai eu connaissance qu'elle la brulait avec un tisonnier. Q. Qui c'est qui la brulait avec un tisonnier? R. C'est maman. Q. Maitenant, avant de la bruler avec un tisonnier, avant ça, est-ce qu'il se passait d'autre chose? R. Oui, c'est pour son pied..... Q. Commencez par le commencement, s'il se passait quelque chose dites nous le. Commencez par le commencement, la première fois que vous avez remarqué quelque chose? R. C'est l'été passé. Q. L'été passé, qu'est-ce qui s'est passé, l'été passé? R. C'est pour son pied. Q. Qu'est-ce que c'est qui s'est passé pour lepied? R. La journée d'avant, elle a pris un éclat, elle l a battue sur le pied, elle, le pied lui a enflé. Q. Quel e sorte d'éclat qu'elle a pris? R. Un éclat de planche. -3- Q. Quelle était la grosseur et la longeur de cet éclat là? R. Elle était à peu près épaisse d'un ( 1 ) doigt. Q. Quelle longueur? R. A peu près longueur de même ( indiquant ) le témoin montre à peu près deux pieds et demi ). Q. A propos de quoi l'a-t-elle battue comme ça? R. Je peux pas me rappeler au juste à propos de quoi elle l'a battue cette fois là. Q. L'avez vous vu battre? R. Oui. Q. Où l'a-t-elle battue comme ça? R. Elle l'a battue sur les pieds. Q. Où à quelle place? était-ce dans la maison ou dehors? R. C'était dans la maison. Q. L'a-t-elle frappée seulement que sur un pied? R. Sur les deux ( 2 ). Q. Sur les deux? R. ..... Q. Maintenant, après l'avoir battue comme vous venez de le dire, avec l'éclat, qu'est-ce qui est arrivé à Aurore? R. Elle a.......le pied lui a enflé et pour commençér, le lendemain, elle l'a envoyée dans un champ, pour l'envoyer voir si son petit garçon était revenu. Q. Quel petit garçon? R. Ses deux petits garçons à elle. Q. Les deux garçons de votre mère? R. Oui. Q. Quels sont leurs noms? R. Georges Gagnon et Gérard. Q. Et puis? R. Elle a parti, moi, quand elle a parti, j'ai remarqué qu'elle avait un pied enflé pareille comme quand elle est revenue. Quand elle est revenue, elle a dit que c'était le petit Bédard.. Q. Qui a dit que c'était le petit Bédard?
-4- Q. Qu'est-ce que vous dites. Vous dites que votre petite soeur est partie pour le champ? R. Oui. Q. Maintenant, quand elle est revenue, qu'est-ce qu'elle a dit? r. Elle a dit -- elle avait le pied enflé pareille, quand elle est partie -- elle a dit que c'était Eugène Bédard et Alfred Gagnon qui lui avaient fait ça. Moi, je pense que c'est parce que.....elle avait peur de se faire battre en arrivant. Q. Maintenant, après cet incident là, mademoiselle, est-ce que votre petite soeur, Aurore, est restée chez vous? R. Non, elle a été à l'hopital. Q. Elle a été à l'hopital. Savez vous où? R. A l'hotel Dieu. Q. A l'Hotel Dieu, de Quebec? R. .... Q. Maintenant, quand elle est revenue à lamaison, après avoir été à l'hopital, étiez vous là? R. Oui. Q. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose d'étrange quand elle est revenue à la maison? R. Pendant un mois, elle a fait rien, après un m is, elle a commençé à la maganner. Q. Quand elle a commençé à la maganner, y avait-il de la neige? R. Oui. Q. Vous rappelez vous vers quel mois elle a commençé à la maganner comme vous dites? R. Dans le mois de décembre. Q. Qu'est-ce qu'elle lui a fait? R. Elle a commençé par la battre, elle la battait, elle lui donnait pas de lit pour se coucher. Q. Avec quoi la battait-elle? R. Avec des éclats de planche. Q. Des éclats de planche? R. .....Et aussi, des éclats de cercles de quarts, aussi. R. Vous rappelez vous de la grosseur de ces éclats de planche? R. La grosseur des éclats de planche? -5- Q. Oui? R. Ils étaient à peu près grosses co me je vous ai dit, pour son pied. Q. ça lui arrivait-il souvent comme ça de la battre comme vous venez de dire? R. Oui. Q. Combien de fois? R. Elle la battait presqu'à tous les jours. Q. A propos de quoi la battait-elle comme ça? R. Aussitôt qu'elle faisait......des fois, elle lui faisait faire un ouvrage, qu'elle prenait du temps un peu, elle la battait pour ça. Q. Maintenant, avec quoi la battait-elle? R. Avec ces éclats là. Q. Est-ce qu'elle la battait avec d'autre chose aussi? R. Elle l'a battue avec des harts aussi. Q. L'a-t-elle battueavec d'autre chose? R. Avec un fouet aussi. Q. Est-ce que c'est le fouet qui est ici? R. Non. Q. Pas celui-là? R. ..... Q. Quand elle la battait avec des harts, est-ce que c'est avec les deux harts qui sont ici? R. Elle la battait avec une, une qui est ici. Q. Laquelle des deux, la rouge ou la brune? R. La blanche ( exhibit P 3). Q. La blanche? R. Oui. Q. Maintenant, l'a-t-elle battue avec d'autre chose? R. Elle l'a battue, aussi, avec le tisonnier. Q. Avec le tisonnier, est-ce que c'est le tisonnier qui est ici? R. Oui, elle l'a battue souvent. -6- Q. Où la battait-elle comme ça, où la frappait-elle? R. Elle l'a frappée deux ou trois ( 2-3 ) fois sur la tête, que j'ai eu connaissance. Q. Est-ce qu'elle l'a frappée fort ou pas fort? R. Elle l'a frappée assez fort pour lui faire enfler la tête. Q. Maintenant, après l'avoir frappée sur la tête, l'a-t-elle f appée à d'autres places? R. Oui, sur les genoux. Q. Comment la frappait-elle sur les genoux? R. elle l'a frappé avec un éclat et les genoux lui ont enflé; c'est là qu'il lui est abouti, le genou. Q. Qu'est-ce qu'elle faisait, quand elle se faisait battre comm ça,votre petite soeur? R. Elle criait, Elle disait que si elle criait qu'elle en aurait plus. Elle a dit que si elle criait, qu'elle en aurait plus. Q. Maintenant, mademoiselle, vous avez parlé, si j'ai bien compris, vous avez dit que votre mère l'avait brulé? R. Oui. Q. Quand a-t-elle brulé votre petite soeur pour la première fois? R. Dans le mois de janvier. Q. Maintenant, à propos de quoi l'a-t-elle brulée? R. ça, parce qu'elle faisait partout. C'était maman qui voulait pas lui donner le pot... Q. Pourquoi l'a-t-elle brulée? R. Parce qu'elle voulait pas lui onner le pot, elle faisait partout, elle la brulait pour ça. Q. Qui ne voulait pas lui donner le pot? R. Maman. PAR LA COUR: Vous dites qu'elle faisait ses besoins ailleurs que où elle devait les faire? R. Oui, parce que aman voulait pas lui donner le pot. Q. Parce que votre mère ne voulait pas lui donnerle pot? R. ..... PAR ME A. FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: -7- Q. Pourquoi ne voulait-elle pas lui donner le pot? R. Elle disait que c'était pour lui faire faire pénitence. Q. L'avez vous entendu dire ça? R. Oui. Q. Pendant combien de temps lui enlevait-elle le pot comme ça? R. Pendant un mois. Q. Est-ce que l'enfant pouvait sortir dehors? R. Non. Q. Pourquoi? R. Elle voulait pas qu'elle sorte dehors et puis... PAR LA COUR: Qui ne voulait pas? R. Maman et quand elle la laissait sortir dehors, elle lui donnait rien à se mettre dans les pieds. R. Oui. Q. Avec quoi l'at-elle brulée? R. Avec un tisonnier. Q. Est-ce que c'est le tisonnier qui est ici? R. Oui. Q. Maintenant, comment se prenait-el e pour la bruler? R. Elle l'attachait après la table. Q. Elle attachait qui? R. Aurore. Q. Comment l'attachait-elle? R. Elle l'attachait par les pieds, après la table, avec un cable. Q. Voulez vous regarder l'exhibit P6 et dire si vous avez déja vu ce cable là? R. Oui. Q. Où l'avez vous vu? R. Je l'ai vu, elle a attaché ma petite soeur après latable, avec. PAR LA COUR: Elle a attaché votre petite soeur après la table avec? R. Oui, monsieur. -8- PAR ME A. FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: Q. Quand vous dites qu'elle l a brulée avec un tisonnier, avez vous déja vu le tisonnier devant la Cour, ici? R. Oui. Q. Est-ce que c'est ce tisonnier là? R. Oui. Q. Comment se prenait-elle pour la bruler? R. Elle l'attachait après la table, elle la brulait avec le tisonnier; elle la brulait partout. Q. Ou faisait-elle chauffer le tisonnier? R. Dans la porte du poèle. Q. Etiez vous là quand elle l a brulée? R. Oui. Q. Disiez vous quelque chose, vous? R. Non. Elle nous faisait regard r par le chassis pour voir s'il venait pas quelqu'un. Q. Elle vous faisait regarder par le chassis pour voir s'il ne venait pas quelqu'un? R. Oui. Q. Qu'est-ce que votre petite soeur faisait pendant qu'elle se faisait bruler comme ça? R. Elle criait, elle criait et puis, une fois, elle lui a bandé la bouche avec une strappe de cuir. Q. Vous dites qu'elle lui faisait quoi ? R. Elle lui bandait la bouche avec une strappe de cuir. Q. Voulez vous regarder la strappe de cuir que je vous montre et dire si vous l'avez déja vue? R. Oui. Q. Où l'avez vous vue? R. Elle l'attachait, elle lui bandait la bouche avec cette strappe de cuir là. Q. ( Produite comme exhibit P 14. ). Voulez vous regarder cette clef de poèle et la poignée de poèle et la clef du poèle et dire si vous l'avez déja vue? R. Oui, elle lui brulait les doigts avec ça. R. Vous avez vu ça, mademoiselle? -9- R. Oui. Q. Vous êtes certaine de ça? R. Oui. Q. L'avez vous vu chauffer le tisonnier? R. Oui. Q. Savez vous si c'était bien chaud, quand elle l'a brulée? R. Ah oui, il était rouche. Q. Qu'est-ce qui se passait comme ça, avez vous remarqué quelque chose? R. Elle criait. J'ai remarqué, moi, qu'elle criait, ma petite soeur criait quand elle la brulait. Q. Est-ce que vous sentiez quelque chose dans la chambre? R. Oui. Q. Quoi? R. ça sentait....... elle arrêtait de la bruler rien que quand ça sentait bien le chauffé, la peau brulée, dans la maison. Q. Où la brulait-elle comme ça? R. Elle l'a brulée partout. Q. Partout, où? R. Sur les jambes, surles pieds, sur les cuisses. Q. Maintenant, avez vous vu votre petite soeuravant sa mort? R. Oui. Q. Maintenant, avez vous remarqué sielle avait beaucoup de bobos sur les jambes et sur les cuisses? R. Oui. Q. savez vous ce qui a causé ces bobos là? R. Les bobos......c'est parce u'elle la brulait avec un tisonnier et qu'elle l'a battue aussi. Q. Avez vous vu ce fer à friser là, mademoiselle? R. Oui. Q. Où l'avez vous vu? R. Maman lui arrachait les cheveux..... R. Pouvez vous dire où vous l'avez vu? R. Je l'ai vu chez nous. Q. A qui appartenait-il? R. C'était à maman. -10- Q. Est-ce que c'est vous qui l'avez remis à la Justice? R. Oui. Q. A qui l'avez vous donné? R. Je l'ai donné à M. Couture. Q. Avez vous déja vu ce fer à friser dans les mains de votre mère? R. Oui. Q. Pourquoi s'en servait-elle? R. Elle arrachait les cheveux à ma petite soeur avec ça. Q. Quand est-ce que c'est arrivé ça,? R. .....C'est arrivé quinze ( 15 ) jours avant sa mort. Q. L'avez vous vu faire ça souvent? R. Oui, elle l'a fait deux ou trois ( 2-3 ) fois. Q. Maintenant, est-ce que vous couchiez dans la même chambre que votre petite soeur? R. Oui. Q. Vous la voyiez tous les jours? R. Oui. Q. Comment se conduisait-elle, votre petite soeur? R. Moi, je trouvais qu'elle se conduisait bien, à part que pour le pot, là. Q. Qu'est-ce qu'il y avait pour le pot? R. Elle voulait pas lui donner, ensuite, elle faisait passer.....elle disait à tout le monde qu'elle était malpropre. Q. Vous dites qu'elle se conduisait bien, excepté pour le pot. Est-ce que c'était sa faute, pourle pot? R. Non. Q. Où couchait-elle, votre petite soeur? R. Elle couchait en haut. Q. Avait-elle un lit? R. Elle a eu un lit rien que deux ( 2 ) jours avant sa mort. Q. Aviez vous un lit, vous? R. Oui. Q. Les autres enfants avaient-ils un lit? R. Oui. Q. Où couchait-elle, comme ça, avant qu'elle ait un lit? -11- R. Elle couchait à terre, dans sa chambre. Q. Est-ce qu'elle avait des couvertures? R. Non. Q. Mainten nt, est-ce qu'elle mangeait avec vous autres? R. Elle mangeait.....elle mangeait rien que temps en temps avec nous autres. Q. Pourouoi ça? R. Parce qu'elle lui donnait sa portion, elle disait qu'elle voulait pas luien donner d'autre. Q. Est-ce qu'elle a toujours eu à manger? R Non, des fois, elle l'a laissé passer, une fois, quatre ( 4 ) repas sans manger. Q. Avez vous jamais parlé de ça à personne, de ce qui se passait dans la maison, l'hiver dernier? R. Non. Q. Pourquoi ça n'en parliez vous pas? . Parce qu'elle voulait pas qu'on en parle. Elle disait qu'on aurait une bonne volée si on en parlait. Q. Avez vous déja eu une volée? R. Oui. Q. De qui? R. De maman. Q. Est-ce que c'est arrivé souvent? R. Cet hiver, elle m'a battue trois ( 3 ) fois. Q. Avec quoi? R. Une fois avec le tisonnier et une autre fois, avec un éclat. PAR LA COUR: Vous, ça? R. Oui, Q. Vous, qu'elle a battue? R. Oui. PAR ME FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LACOUESEEE: Q. Maintenant, est-ce qu'elle avait quelque chose à la tête, votre petite soeur, quand elle est morte? R. Pardon? Q. Avait-elle quelque chose à la tête, quand elle est morte, votre petite soeur? -12- R. Oui, elle avait la tête enflée. Q. De quoi provenait-elle cette enflure là à la tête? R. C'est parce qu'elle avait donné des coups. Q. Qui avait donné des coups? R. C'est maman. Q. Où est-ce que ces coups là ont porté? R. Elle.....c'est avec le tisonnier, elle l'a battue sur la tête. Q. Et puis, quand l'a-t-elle battue comme ça, sur la tête? R. C'est quinze ( 15 ) jours avant qu'elle meurt. Q. Maintenant, à part de ce tisonnier là?.... R. Elle l'a battue....elle l'a battue aussi avec un manche de fourche. Q. On reviendra à ça tantôt. Mais à part de ça, est-ce que l'enfant s'était blessée elle-même? R. Dans lemois de janvier, elle s'est blessée à un oeil. Q. Où ça? R. Sur le poèle, après qu'elle a été..... Q. Après qu'elle s'est blessée sur le fourneau, a-t-elle guéri de ça ou si elle est restée malade? R. Elle a guéri. Ensuite, maman a donné un coup d'éclat sur l'oeil gauche et l'oeil lui a resté enflé jusqu'à ce qu'elle soit morte. Q. L'avez vous vu frapper? R. Oui. Q. Quelle était la grosseur, l'épaisseur et la longueur de cet éclat là? R. C'était un éclat de quart. Q. Quelle était la longueur et la grosseur? R. A peu près longue de même ( le témoin indiquant à peu près deux pieds de long ). Q. Vous rappelez vous du jour de la mort de votre petite soeur? R. Oui. Q. Avez vous couché avec elle ce soir la? R. Non. -13- Q. Le soir qui a précéd la mort, avez vous couché avec elle? R. Non. Q. Où a-t-elle couché, votre petite soeur? R. Elle a couché à terre, sur une paillasse. Q. Avez vous vu la paillasse que le détectif Couture a produite ici? R. Oui. Q. Etait-ce à elle, cette paillaxsse là? R. Oui. Q. La veille de sa mort, a-t-elle couché seule?? R. Non...oui,elle a couché seule. Q. A-t-elle couché en haut ou en bas? R. En haut. Q. Maintenant, le matin du jour de samort, avez vous vu votre petite soeur? R. Oui. Q. Où l'avez vous vue comme ça? R. Elle était en haut, ensuite,après, papa a parti pour aller travailler, maman a monté en haut, elle a dit: " Elle restera pas couchée toute la journée cette vache là ". Q. Etes vous montée avec vous? R. Non, elle a descendu et maman a monté toute seule.... Q. Savez vous ce qui s'est passé en haut? R. Non, il s'est rien passé en haut. Q. Est-ce qu'elle a parlé à votre petite soeur? R. Oui, elle a parlé à ma petite soeur. Q. L'avez vous entendue? R. Oui. Q. Qu'est-ce qu'elle a dit? R. Elle lui disait de se lever. Elle a dit: " Tu fais bien de descendre, si t'as pas envie que je t'envoie d'en haut, en haut de l'escalier ". Q. Dans quel état était elle votre soeur, dans ce temps là? R. Elle se tenait quasiment plus toute seule. Q. Pouvez vous dire ce qui s'est passé après ça? R. Ce quis'est passé après ça, elle a descendu en bas, elle a -14- tombé contre le poèle et maman.... Q. Pourquoi est-elle tombée contre le poèle comme ça? R. Elle était trop faible. Q. Elle a écrasé là? R. Oui. Q. Qu'est-ce qui est arrivé? R. Maman a pris le manche de fourche... Q. Voulez vous regarder ce manchede fourche, ici, R. Oui. Q. Et diresi c'est celui là? R. Oui, c'est celui-là. Q. Et puis? R. Elle lui a donné trois ( 3 ) coups là, elle a rachevé d'écraser. Q. Après ça, qu'est-ce qui est arrivé? R. Après, moi, je l'ai relevée. Q. Elle a écrasé à terre, vous dites? R. Oui. Q. Qu'est-ce que vous avez fait? R. Ensuite, je l'ai relevée, moi, et puis, maman, ensuite, maman l'a lavée, elle l a couchée dans le lit. Q. Dans quel état était-elle? R. Elle était....elle était la moitié morte. Q. A quelle heure qu'elle est morte? R. Elle est morte à sept heure du soir. Q. Voulez vous regarder le manche de fourche qui est ici , vous le voyez là, et dire si vousavez déjà vu ce manche de fourche là? R. Oui . Q. Où l'avez vous vu? R. Je l'ai vu chez nous. Q. Est-ce que c'est de ce manche de fourche là dont elle s'est servi? R. Oui. -15- Q. Où l'a-t-elle mis après? R. Elle a été le jeter. Q. Où ça? R. Dans la cuisine. Q. Maintenant, est-ce que votre petite soeur couchait à la maison, dans la maison? R. Un soir,elle l'a envoyée emplir sa paillasse, vers quatre heures et puis, elle a.....elle lui avait fait mettre rien que des grandes chaussures, pas de bas dans ses pieds et quand elle est arrivée dans la grange, elle s'est trouvée...elle avait les Q. Maintenant, je pense que vous avez dit que, après avoir été frappé sur la tête, la tête lui a enflé? R. Oui. Q. Maintenant, est-ce que votre mère a fait aucune remarque en voyant la tête de l'enfant comme ça? R. Elle disait que c'était bien bon, qu'elle n'aura pas la peinde de l'envoyer à l'Ecole de Réforme, que la tête commençait Q. Avez vous déja téléphoné à votre mère? R. Oui. Q. Chez qui était-elle votre mère? R. Elle était chez mon oncle " Tibé " Badaud. R. Chez votre oncle " Tibé " Badaud? R. Oui, son nom propre, c'est Joseph Badaud. Q. A propos de quoi lui avez vous téléphoné comme ça? R. Aurore demandait qu'elle s'en vienne tout de suite, qu'elle avait besoin d'elle. Q. Est-ce que c'est longtemps avant sa mort ça? R. ....Le mardi et puis, elle est morte le jeudi. Q. Et puis, qu'est-ce qu'elle a répondu là-dessus? R. Elle a répondu: " qu'elle crève, ça fera un bon débarras". Elle a dit qu'elle s'en irait quand elle serait prête." -16- Q. Votre mère vous a-t-elle déja parlé du témoignage que vous alliez rendre aujourd'hui? R. ... Q. Comment? R. Oui. Q. Qu'est-ce qu'elle vous a dit ? R. Elle me disait de pas parler. Q. Votre belle-mère, l'accusée? PAR LA COUR: Madame Gagnon...? R. Oui. Q. Vous a dit de ne pas parler? R. Oui. Q. Comment vous a-t-elle dit ça? R. Elle me disait de pas parler... PAR ME A. FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: Q. Pas le témoignage d'ajourd'hui, je m exprime mal,- PAR LA COUR: Elle n a pas pu lui parler, elle est en prison. PAR ME FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LA COURONNE Q. Est-ce qu'elle vous a jamais parlé apres son arrestation? R. Oui. Q. Qu'est-ce qu'elle vous a dit? R. Elle disait de pas parler, elle disait de pas parler. PAR LA COUR: Où? R. De pas parler quand je reviendrai à laCour, de ce qui s'est passé. PAR ME FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: Q. Maintenant, voulez vous regarder un exhibit qui apparait être une lettre adressée à Gédéon Gagn n, et dire si c'est vous qui avez eu cette lettre là et à qui l'avez vous remise? R. Je l'ai remise à M. Couture. PAR LA COUR: Avez vous dit que c'était une lettre venant de votre mère? R. Oui. Q. L'accusée, madame Gagnon? R. Oui. -17- ( A 11.30 a. m., la Cour est suspendue pour 10 minutes. A 11.45 a. m., reprise de la séance ). PAR LA COUR: Ecoutex moi, ma petite fille. Comment ce fait-il que c'est toi qui avais cette lettre en ta possession et que tu l'as donnée à M. Couture. Où l'as tu prisexxcette lettre là? R. C'était pepère qui l'avait reçue, eux autres saventxx pas lire, je l'ai lue, moi. Q. C'est ton pepère qui l'avait reçue, eux autres ne savent pas lire, tu l'as lue, toi? R. Oui. Q. Es- tu capable de faire serment que c'est maddme Gagnon qui a écrit ça? R. Par l'écriture, je sais que c'est elle, parce que je sais, je reconnais son écriture. Me Francoeur, C. R., procureur de l'accusée, s'objecte à la production de la lettre. Q. L'enveloppe, qui est avec la lettre, est adressée à Gédéon Gagnon, c'est votre grand'père, ça? R. Oui. Q. Avez vous remis l'enveloppe et la lettre, les deux, à M. Couture? R. Oui. PAR ME FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LAA COURONNE: Q. Vous avez dit que votre mère ne donnait pa s le pot à votre petite soeur? R. Oui. Q. Maintenant, quand elle faisait, où faisait-elle comme ça? R. Partout, à terre. Q. Partout, à terre? R. Et puis, elle..... Q. Maintenant, est-ce que c'est arrivé qu'elle a fait sur les habits de ton père? R. Non, c'est maman qui a fait ça. Q. C'est ta mère qui a fait ça. Qu'est-ce qu'elle a fait, ta mère? -18- R. Elle a mis ça dedans pour faire passer que c'était elle. PAR LA COUR: Ta maman mettait des ordures dans les habits de ton père, pour faire passer que c'était ta petite soeur qui avait fait ça? R. Oui. P R ME A. FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: R. Quand ta petite soeur descendait en bas, comme ça, où se tenait-elle? R. Quandelle descendait en bas, elle la faisait mettre..... Q. Où se tenait-elle? avait-elle une....où se ten it-elle, où 'essayait-elle? qu'est-ce qu'elle faisait en bas? R. Elle était tout le temmps contre le poèle, elle disait qu'elle était gêlée. Q. Est-ce qu'elle s'endormait près du poèle? R. Oui. Q. Qu'est-ce que sa mère faisait quand elle la voyait contre le poèle? R. Elle.....passait contre elle, quand elle avait quelque chose dans les mains, elle lui en envoyait un coup. Q. Maintenant, as tu couché tout l'hiver avec ta petite soeur, en haut? R. Oui. Q. Est-ce qu'elle montait, quelquefois, la nuit? R. Oui, maman montait, pas à toutes les nuits. Q. Qu'est-ce qu'elle montait faire en haut? R. Elle montait la battre. Q. Pourquoi la battait-elle comme ça? R. Elle voulait pas..... dans ce temps là, elle avait pas de lit elle voulait pas......il y avait un tuyeau qui passait dans la chambre; elle voulait pas qu'elle aille se mettre sontre le tuyeau pour se chauffer. Q. Comment la battait-elle comme ça? Avec quoi la battait-elle la battait-elle fort ou pas fort? R. Elle la battait fort,elle lui faisait couler le sang. Q. Maintenant, vous avez dit aux Jurés que vous aviez déja vu votre mère attacher ta petite soeur? -19- R. Oui. Q. Est-ce que c'est la seule fois? Combien de fois l'avez vous vu attachée? R. Trois fois qu'elle l a attachée. Q. Où l'attachait-elle comme ça? R. Elle l'attachait après la table. Q. Est-ce qu'elle l'attachait à d'autres places que ça aussi? R. Elle l'attachait en haut, dans la nuit. Q. A quelle place? R. Après une couchette. Q. Comment l'attachait-elle ? R. Elle attachait les pieds après les mains. Q. Les pieds et lesmains ensemble? R. Oui. Q. Avec quoi l'attachait-elle? R. Avec un cable. Q. Est-ce que c'est le cable que je vous ai montré, là? R. Oui. PAR LA COUR: comment est-ce qu'elle attachait les pieds apres les mains? PAR ME FITZPATRICK C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: Q. Comment l'attachait-elle? Montrez au Juge et aux Jurés comment elle l'attachait? R. Elle attachait les pies, ensuite, les mains, ellex les mettait ensemble, elle l'attachait après la couverte ens ite. Q. Pouv z vous montrer, là? R. Elle se trouvait plier en deux, elle. TRANSQUESTIONNE PAR ME J. N. FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSEE: Q. Vous avez été entendu, à l'enquête du Coroner, à Ste Philomène deFortierville? R. Oui. Q. Qui vous a questionné? R. Je sais pas qui c'est. Q. C'est le docteur Jolicoeur? -20- R. Je le connais pas. Q. Lorsque vous avez été entendue, étiez vous seule dans l'appartement? R. Non. Q. Qui est-ce qu'il y avait? R. Il y avait des jurés, il y avait madame Arcadius Lemay aussi. Q. Votre mère, l'accusée, y ét it-elle? R. Oui. Q. Vous avez prêté serment, cette fois là? R. Oui. Q. On vous a demandé si vous aviez eu connaissance que votre mère avait maltraité Aurore? R. ....Oui. Q. Et vous avez juré quenon? R. C'est parce que j avais peur. Q. Peur de quoi? R. Parce qu'elle m'avaitpromis une bonne volée si je parlais de ce qux'elle avait fait. Q. Elle vous avait promis une volée? R. ..... Q. Quand votre mère vous a-t-elle promis cette volée là? R. Elle a monté en haut, avant qu'on parte, c'est là qu'elle a dit ça. Q. Et alors, sous serment, vous avez dit le contraire de ce vous raccontez aujourd'hui par peur de la volée? R. Oui. Q. Et ce que vous raccontez aujourd'hui, ce qu vous venez de racconter, vous l'avez nié, sous serment, à Ste Philomène? R. .... Q. N'est-ce pas? R. Oui. Q. Savez vous ce que c'est qu'un serment? R. Oui. Q. Qu'est-ce que c'est? . Un serment, c est prendre Dieu à témoin de la vérité de ce qu'on dit. -21- Q. Et à Ste Philomène, vous avez pris Dieu à témoin de la vérité de ce que vous disiez, vous avez juré faux? R. .....( Le témoin pleure ). Q. Dites oui ou non? PAR LA COUR: Je crois qu'elle se trouve a vous avoir admis ça. PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSEE: Q. Est-ce que c'est à Ste Philomène que vous avez juré faux ou aujourd'hui, encore sous serment, que vous dites faux? R. C'est à Ste Philomène. Q. Vous avez dit déja, après l'arrestation de votre mère, qui est en prison ici, et de votre père, que ce que vous aviez dit R. J 'ai jamais parlé de ça. Q. Vous n'avez jamais parlé de ça? R. .... Q. N'est-il pas vrai que vous me l'avez dit à moi, que c'était faux? ( vrai ) . R. .... Q. N'est-il pas vrai que vous ne l'avez dit, en bas, ici, à la Cour de Police -- votre mère était à la prison -- que ce que vous aviez dit devant le Coroner, c'était vrai? R. Je me rappelle pas. Q. Que jamais votre mère avait maltraité votre petite soeur? R. .... Q. Vous ne vous rappelez pas? R. ..... Q. Ici, en bas, àla Cour de Police, avant l'enquête préliminaire là, dans la cause de votre père, vous ne vous rappelez pas? R. Non. Q. N'est-il pas vrai que vous l'avez dit à d'autres aussi, -- votremère était en prison, elle ne pouvait pas vous donner de R. Je l'ai pas dit à personne d'autre. Q. Personne d'autre. Vous ne l'avez pas dit à moi? R. ..... -22- Q. Quand votremère vous a-t-elle battue, vous? R. Elle m'a battue cet hiver. Q. Quand? Q. Vous ne vous rappelez pas. Est-ce que c'est dans le mois de janvi r? R. ....Je me rappelle pas dans quel mois. Q. N'est-il pas vrai que vous avez déja déclaré, même sous serment, que votre mère ne vous avait corrigée qu'une fois, quand vous êtes ortie de l'hospice d'Youville et que, depuis ce temps là,elle vous traitait bien? R. .....Je me rappelle pas au juste de l'avoir dit. Q. Comme question defait, n'est-il pas vrai que votre mère vous a corrigée une fois ou deux, pendant l'espace de deux ans, les deux dernières années et qu'elle vous a toujours bien traitée et que vous l'avez dit à tout le monde qui vous en a parlé? R. Je l'ai dit à tout le monde, c'est parce qu'on avait peur de se faire battre. Q. Ah, parce que vous aviez peur de vous faire battre? R. ...... Q. N'est-il pas vrai, Marie-Jeanne, que votre mère ne vous a pas corrigée depuis deux ans, vous? R. Oui, elle nous a battues. Q. Qu'elle ne vous a pas corrigée, parce que vous v us conduisiez bien? R. ..... Q. Quand vous a-t-elle battue? R. ( le témoin pleure ). Q. Ou si elle vous a battue, c'est parce que vous le méritiez? R. .... Q. N'est-cepas? P R LA COUR: Est-ce que c'est parce que vous l'aviez mérité qu'elle vous a battue, mademoiselle? R. Il y a des fois qu'elle nous faisait faire des ouvrages, quand on prenait trop de temps, elle nous battait pour rien. -23- PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSEE: Q. L'histoire ou le témoignage que v us avez rendu tantôt, le détectif Couture vous en a-t-il parlé? R. C'est moi qui lui a conté. Q. C'est vous qui lui avez conté. Est-ce qu'il vous a fait mettre ça par écrit? R. ...Lui, m'avoir fait mettre ça par écrit? Q. Oui. R. Non. Q. Y a-t-il quelqu'un qui vous a fait mettre ça par écrit? R. Personne. Q. L'avez vousmis par écrit? R. Oui, c'est moi qui l'a mis. Q. A la demande de personne? R. Non. Q. Vous l'avez jamais aimé votre belle-mèr , l'accusée, Marie Jeanne? R. ..... PAR LA COUR: Dites sans crainte, si vous ne l'aimez pas, dites le. PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSEE: Q. Vous êtes encore s us serment, vous savez. Vous ne l'avez jamais aimé votre belle-mère, n'est-ce pas? R. .... Q. Vous l'avez déja battue vous même? R. Je l'ai jamais battue. Q. N'est-il pas vrai que vous l'avez déja battue -- rappelez vos souvenirs? R. Non, c'était elle qui nous battait, plutôt. Q. N'est-il pas vrai que, peu de temps avant son mariage, avec votre père, que vous lui avez donné une poussée, sur le perron, que vous l'avezjetée en bas du perron? R. ça, j'ai jamais fait ça. Q. Vous n'avez jamais fait ça? R. ..... Q. Votre petite soeur, vous ne l'avez jamais battue vous même, -24- X. Aurore? R. Non. Q. Jamais? R. .... Q. Vous ne vous êtes jamais chicanée avec elle? R. Oui. Q. Combien de fois? R. J'ai pas compté. Q. N'est-il pas vrai que vous passier votre temps à vous chicaner avec elle, que vous l'avez battue vous même? R. Non, je l'ai jamais battue et je passais pas mon temps à me chicaner avec elle. Q. Et que vous étiez jalouse l'une de l'autre? R. ça c'est pas vrai, c'est elle quidisait ça. Q. C'est elle qui disait ça? PAR LA COUR: Qui, elle? R. Maman. Q. Au mois d'aoûtdernier,vous avez parlé que votre mère avait battu votre petite soeur avec un éclat, sur les pieds? Est-ce R. Les pieds lui ont enflé, au bout de deux jours, la peau a parti. Q. Est-ce que c'était cette même journée là qu'Aurore est allée pour chercher les petits garçons? R. Non, c'est la journée après. Q. Etait-ce un samedi? R. Je me rappelle pas le jour que c'était. Q. Et quand Aurore est revenue, elle était blessée? R. Elle avait le pied pareille comme elle est partie. Q. Qu'est-ce qu'elle a dit? R. Elle a dit que c'était le petit Bédard et le petit garçon de son oncle Alfred qui avaient fait ça. Q. Qui avainnt fait ça? Q. Est-ce qu'elle vous a dit qu'elle avait peur de se faire -25- battre? R. Oui, elle l'a dit. Q. Elle l'a dit à vous? R. Elle l a pas dit à moi, mais c'est moi qui..... j'ai pensé ça R. Je sais bien que c'est pas eux autres qui lui ont fait ça, parce qu'elle s'est rendue. Q. Etes vous allée avec elle? R. Non, j'y suis pas allée. Q. Comment savez vous qu'elle s'est rendue si vous n'êtes pas allée avec elle? R. Je l'ai vue. Q. Vous l'avez vue? R. .... Q. Vous n'êtes pas allée avec elle? R. Non. Q. Quand votre mère a-t-elle appelé le docteur? R. Elle l'a appelé le dimanche. Q. N'est-ce pas que c'est le lendemain qu'Aurore est allée pour chercher les petits garçons? R. ça, je me rapelle pas si c'est le lendemain. Q. Mais c' est le dimanche qu'elle l'a appelée? R. Oui. Q. Est-ce qu'Aurore est restée au lit ou si bien si elle a continué à coucher en haut? R. Elle acontinué àcoucher en haut, pareille. Q. Quand le docteur est venu, est-ce qu'elle n'était pas en bas? R. Oui, le docteur l'a mis au lit, elle l'a mis en bas. Q. Elle l'a mis en bas, elle a couché en bas pendant qu'elle était malade, n'est-ce pas? R. Oui. Q. Votre mère l'a bien soignée pendant qu'elle était malade? R. Elle l'a soignée, pas tout le temps que le docteur lui avait dit. -26- Q. Qu'est-ce que c'est que le docteur lui avait dit? R. Il lui avait dit de lui faire des pansements humides. Q. Et puis? R. Elle lui en faisait pas tout le temps. Q. Elle lui en faisait pas tout le temps. Combien en faisait-elle par jour? R. Je sais pas. Q. Lui avez vous fait des pansements, vous? R. Non. Q. Pas du tout? R. .... Q. Comment est-elle restée de temps au lit? R. Je sais pa s comment elle est restée de temps. Q. Vous rappelez vous que, pendant qu'elle était au lit, votre oncle, Zoel Marcotte et votre tante, sont allés vous voir? R. Non, je me rappelle pas. R. Le docteur y est-il allé plusieurs fois? R. Oui, il est venu plusieurs fois. Q. Pendant que Aurore était à l'Hôtel Dieu.... PAR LA COUR: Dans quel temps le docteur y est-ilallé plusieurs fois? R. Pendant qu'elle était au lit. Q. Oui mais est-ce que c'est quand elle est morte ça ou....? R. Non, quand elle a eu mal à son pied. Q. Avant qu'elle aille à l'Hotel Dieu? R. Oui. PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSEE: Q. Qu nd Aurore est allée à l'Hotel Dieu, est-ce qu' lle a écrit à ta mère, à ta connaissance? R. Oui, elle a écrit une fois. Q. N'est-il pas vrai u'elle a écrit trois fois? R. Je me rappelle pas qu'elle a écrit trois fois. Q. La lettre qu'Aurore a écrit a votre mère, là, est-ce qu'elle est à la maison chez vous? R. Non, je l'ai envoyée ici. Q. Vous l'avez envoyée ici, à qui? -27- R. C'est à vous que je l'ai envoyée. Q. A moi? R. Oui. Q. Non? R. Parce que Madame Zoel Marcotte est venue chercher cette lettre. Vous avez envoyé une lettre vous même demandant des lettres. Q. Oui, à part ça, il y a une autre lettre. Est- e que vous n'avez pas donné une autre lettre d'Aurore à madame Arius Mailhot? R. Je me rappelle pas de ça. Q. Une lettre écrite par Aurore elle même? R. ... Je me rappelle pas. Q. Est-ce que c'est vous qui les avez pris ces lettres là dans la maison? R. Non, celle que j'ai donnée à madame Zoel Marcotte, c'est moi qui l'a pris. Q. C'est vous qui l'avez prise? R. ..... Q. Est-ce qu'il n'y avait pas d'autres lettres? R. J'ai pas trouvé d'autre lettre d'elle. Q. Après l'arrestation de vos parents, vous êtes revenue en chemin de fer, n'est-ce pas? R. Oui. R. Quand je suis revenue.....je suis pas certaine s'il était avec nous autres, quand je suis revenue. Q. Mais quand vous êtes venue, après l'arrestation, à Québec, le détectif Couture était là? R. Je suis pas certaine. Q. N'est-il pas vrai qu'il a essayé de vous faire parler, sur le train? R. Non, il m'a pas parlé, il n'a pas essayé à me faire parler sur le train. Q. Comment dites vous ça? il n'y etait pas? R. Je sais pas s'il y était. -28- Q. Vous rappelez vous que vous m'avez dit qu'il avait essayé de vous faire parler? R. C'est pas quand on est revenu ça. Q. Quand est-ce? R. C'est quand on s'est en revenu, ça, pour la première fois, le samedi. . Et là, est-ce queje ne vous ai jamais dit quelque chose à ce sujet là? R. ....Jeme rappelle pas si vous m'avez dit quelque chose. Q. N' est-il pas vrai que je vous ai dit de ne pas parler de votre témoignage à personne, mais seulement qu'à la Cour, ici? R. Je ne me rappelle pas de ça. Q. Vous ne vous r ppelez pas de ça? R. ...... Q. Vous dites que vous couchiez en haut, avec Aurore, vous? R. Oui. Q. Couchiez vous dans le même lit? R. Non. Q. Vous n'avez jamais couché dans le meme lit? R. Non Q. Vous jurez ça? R. Oui. Q. Il y avait un lit double dans cette chambre là? R. Oui. Q. Et vous jurez, Marie Jeanne que vous n'avez jamais couché dans le même lit, avec Aurore? R. Oui,....non....oui. Q. Jamais? R. .... Q. Dites vous jamais? R. ..... Q. Pourquoi pleurez vous. Vous étiez sous serment, tantôt, vous avez répondu à l autre avocat sans broncher et sans pleurer? R. Parce que je suis fatiguée. Q. Vous êtes fatiguée? R ...... -29- Q. Répondez à ma question. Jurez vous, Marie-Jeanne, que vous n'avez jamais couché avec votre petite soeur Aurore, vous? R. Je me rappelle pas au juste. Q. N'est-ilpas vrai que vous couchiez ensemble en haut, dans un lit double et que votre mère vous a empêchée de coucher ensemble, pour des raisons que vous connaissez?..... R. ça, c'est pas vrai. Q. Attendez que je pose la question, avant de dire que ce n'est pas vrai. N'est-il pas vrai que votre petite soeur et vous, R. ça c'est de la menterie. Q. N'est-il p s vrai qu'Aurore l'a dit à votremère, devant vous R. Non, elle l'a p s dit, ça. Q. Et devant votre père? R. Elle a pas parlé de ça. Q. Qu'est-ce que c'est qu'elle a dit? R. elle n'a pas parlé. Q. vous jurez ça? R. Oui. Q. N'est-il pas vrai qu'Aurore, huit jours avant sa mort, a tout racconté....? R. Non. Q. A votre mère et à votre père, ce qui c'était passé pendant la messe, pendant qu'ils étaient partis? R. Elle a jamais rien raccontéx de ça. Q. Elle n'a jamais rien racconté de ça, vous jurez ça? R. Oui. Q. Et vous n'avez jamais rien fait de ça avec Aurore, Marie-Jeanne? R. ( le témoin pleure ) PAR LA COUR: M. Francoeur demande si vous n'avez jamais fait des actes impurs avec Aurore? R. Non. PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSEE: R. -30- Q. Vous jurez ça? R. ...... Q. Avec le petit Gérard? R. Non. Q. N'est-il pas vrai qu'Aurore a racconté à votre mere et à votre père, devant vous, qu'un dimanche, pendant la messe vous R. ça c'est pas vrai, ça. Q. Aurore n'a jamais dit ça? R. Non. Q. C'est pas vrai? R. Je sais bien, moi, que c'est pas vrai. Q. C'est votre mère qui a inventé ça? R. Oui, c'est maman qui a inventé ça. Q. Et votre père aussi? R. Papa a pas parlé de ça. Q. Ce n'est pas lui qui a parlé, c'est Aurore qui a conté ça à votre père et à votre mère, au retour de la grandx'messe? R. ...... R. Ce n est pas vrai, ça? R. ...... q. N'est-ce pas? PAR LA COUR: Le témoin a répondu. PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PA T DE L'ACCUSEE: Q. C'e t votre père et votre mère qui ont inventé ça, c'est ça que vous dites? R. Oui. Q. N'est-il par vrai que ce dimanche là même, vous avez voulu vous servir du petit bébé de huit mois dont vous aviez la garde? R. ..... Q. Que vous vouliez donner votre sein au petit bébé? R. ça c'est des menteries. Q. C'est des menteries? et Aurore n'a pas dit ça à votre père et à votre mère, au retour à la maison? R. Non, elle a jamais parlé de ça. Q. N'est-il pas vrai que quand votre mère vous a fait des -31- réprimandes à ce sujet là que vous avez répon u que vous en connaissiez long, que vous aviez appris ça à l'Hospice d'Youvill pendant que vous y avez passé deux ans? R. J'ai jamais dit ça. Q. N est-il pas vrai, Marie-Jeanne, qu'une fois, vous avez pris votre petite soeur Aurore, que vous l'avez attachée? R. ça..... Q. Que vous lui avez bandé les yeux et que vous avez voulu vous servir d'une bouteille sur elle? R. ça, j'ai jamais fait ça. Q. Et que Gérard était là aussi? R. .... Q. Vous jurez ça? R. Oui. Q. ça c'est votre père et votre mère qui ont inventé ça? R. .... Q. Voulez vous répondre à ma question? R. Je suis fatiguée. Q. Tout ça, c'est l invention de votre père et de votre mère? R. ..... Q. C'est jamais arrivé ça? R. ....... PAR LA COUR: Essayez vous un instant, mademoiselle. ( Advenant 12.25 p. m., la Cour est ajournée à 2 p. m., Advenant 2. 10 p. m., le témoin entre dans la boite ). PAR LA COUR: Je vais parler comme un père parle à son enfant Vous n avez pas besoin d'avoir peur de rien, personne ne v us fera de mal, le Juge vous protégera, vous n'avez pas besoin d'avoir peur ni pleurer de meme. M. Francoeur a droit de poser ces questions, c'est son devoir de les poser. Je comprends que c'est pénible, il a son devoir à remplir. Tout ça, mon enfant, c'est un concours de circonstances malheureuses , vous n'avez pas besoin de pleurer. Parle tranquillement et personne ne te fera de mal, je te garantis ça. ( La lettre dont il a été question ce matin est produite commeexhibit P 15 ) -32- Me F ancoeur, C. R., de la part d l'accusée, s'objecte à la production de la lettre, attendu qu'elle aurait été adressée par l'accusée à son beau-père, Gédéon Gagnon, et que ce dernier n'a pas été entendu pour prouver qu'il avait reçu ce te lettre et pour établir que c'était bien une lettre de l'accusée. Q. Vous n'avez pas besoin de pleurer, Marie Jeanne, je ne suis pas pour poser des questions inutiles. Je suis obligée de R. ça, je peux pas dire ça. PAR LA COUR: Ne pleurez pas, répondez comme une brave fille, ça va finir bien vite. PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSEE: Q. Vous rappelez vous, quand vous êtes venue pendant la vacance, de l'Hos ice d'Youville? R. Non, je me rappelle pas. Q. Chez votre grand père? R. Non. - Q. Il y a trois ( 3 ) ans? R. Non, je me rappelle pas. Q. L'accusée, votre belle-mère, dans ce temps là, n'était pas mariée avec votre père? R. ...Je me rap elle pas. Q. Vous ne vous rappelez pas de ça? R. Je me rappelle pas quands je suis venue passés mes vacances. Q. Vous ne vous rappelez pas que vous couchiez en bas, toutes les deux, Aurore...? R. Oui... Q. Et vous? R. Aurore est jam is venue passer ses vacances... Q. Alors, vous rappelez vous qu'Aurore...Alors, vous vous rappelez,alors, qu'il n'y a que vous qui étiez allée passer vos -33- vacances à... ? R. Oui, mais je me rappelle pas. Q. Vous ne vous rappelez pas, peut être qu'Aurore n'y est pas allée, vous n'y êtes pas allée vous non plus? R. ....Parce que je sais qu' elle....a été rien que deux ans au couvent. Q. Rien que deux ans au couvent, en même temps que vous? R. Oui. Q. Et dans les vacances, vous ne vous rappelez pas d'être allée votre grand père, àFortierville? R. Non. Q. Il y a trois ans de ça? R. .... Q. Vous avez dit que votre mère montait la nuit, dans la chambr à coucher, pour battre, Aurore, n'est-ce pas? R. Oui. Q. Elle montait tous les soirs? R. Elle montait toutes les nuits. Q. Elle montait toutes les nuits, à partir de quand, ça? R. Ah, je peux pas dire quand. Q. Depuis combien de mois? R. Je peux pas dire combien de mois. Q. A quelle heure de la nuit? R. Je sais pas. Q. Elle l'a battue, comme ça..? R. Oui Q. Toutes les nuits? R. .. Q. Quand elle montait, comme ça, en haut, étiez vous éveillée? R. Je me réveillais quand elle criait. Q. Est-ce que les autres enfants se réveillaient aussi? R. Je sais pas. Q. Gérard couchait en haut? R. Il couchait en haut..dans une autre chambre. Q. Pas dans la dans la même chambre? R. Non. -34- Q. La chambre voisine? R Oui. Q. Avec quoi la battait-elle? R. Elle la battait avec des éclats. Q. Avec des éclats. Est-ce qu 'elle allumait la lampe? R. Oui, elle avait tout le temps une petite lampe. Q. Comment? R. Oui, elle avait tout le temps une petite lampe. Q. N'est-il pas vrai, Marie Jeanne, que votre mère est montée une fois dans la chambre pour aller chercher Aurore qui était R. Non, elle a monté une fois et les autres fois elle a monté aussi. Q. Vous admettez qu'elle est montée une fois parce que Aurore était allée coucher avec son petit frère? R. Oui,elle est montée cette fois là parce qu'elle gêlait à terre,elle est allée coucher là. Q. Dans quelmois ça? R. Ah, je sais pas quel mois. Q. Etait-ce en été ou en hiver? R. Ah, c'était l'hiver. PAR LA COUR: On vous a fait asseoir pour parler un peu plus fort. PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSEE: Q. Vous avez dit que votre mère ne voulait pas donner le pot à Aurore et, si je me rappelle bien, c'est un mois avant sa mort? R. Oui. Q. Avant ça,elle lui donnait? R. Oui. Q. N'est-il pas vrai que, depuis au-delà de un an et demi, Aurore pissait comme ça, partout? R. Elle pissait comme ça, partout, quand elle lui otait le pot, c'est tout. Q. Vous venez de dire que c'est un mois avant sa mort qu'elle lui otait? -35- R. Elle lui otait, quelqu s fois, temps en temps, aussi. Q. Etait-ce la nuit ou le jour? R. La nuit...la nuit et le jour. Q. Tout le temps? R. .... Q. Est-ce qu'ily avait un pot dans votre chambre, en haut? R. Il n'y en avait pas là, elle le cachait. Q. Y avait-il une chaudière? R. Il n'en avait pas. Q. Il n'y avait pas de chaudière ni pot? R. ..... Q. N'est-il pas vrai qu'Aurore pissait par terre comme ça en plein jour, même quand il y avait quelqu'un, sans demander le R. J'ai pas eu connaissance, quand il y a eu quelqu'un, qu'elle a fait à terre? Q. Vous n'en avez pas eu connaissance, quand il y avait quelqu'un, qu'elle a fait à terre? R. Non. Q. Vous n'en avez pas eu connaissance, vous n'y étiez pas? R. J'ai pas eu connaissance de ça. Q. Vous ne vous rappelez pas, une fois, Odilon Auger était là, vous étiez après diner, qu'Aurore était à berçer le petit bébé et qu'elle a fait par terre comme ça, devant tout le monde R. Non, je me rappelle pas de ça. Q. Vous ne vous rappelez pas de ça, vous n'étiez pas là? R. Je merappelle pas, je sais pas si j'y étais. Q. Avez vous jamais mis des onguents à Aurore, vous, sur ses blessures? R. Rien que l'été passé, papa m'en a fait mettre une fois. Q. Quand? R. L'été passéé. Q. L'été passé, où? R. Sur ses bobos, à cause qu'elle av it des bobos. Q. Sur les bobos, à quel endroit? R. ....Sur les bras et sur les jambes. -36- Q. Sur les bras et sur les jambes. Qu'est-ce que c'était, ces bobos là? R. Bien, c'étaient les coups qu'elle avait eu et ça avait saigné, ça avait fait des galles. Q. Qui avait fait ces coups là? R. ça, c'était papa, cette fois là. Q. L'été dernier, c'était votre père? R. Et maman aussi l'a battue l'été dernier. Q. Est-ce qu'elle a fait mettre des onguents après ça? R. Je me rappelle pas, après ça, si elle m'en a fait mettre. Q. N'est-il pas vrai qu'elle a eu des boutons, des humeurs, que votre mère la soignait, mettait des onguents et que, quand R. Non, j'en n'ai jamais mis, moi. Q. vous n'en avez jamais mis, vous? R. Non. Q. Vous venez de dire que, l'été dernier, vous en avez mis? R. Oui, mais j'en n'ai pas mis cet hiver, je me rappelle pas d'en avoir mis? R. Pas dans l'hiver, vous jurez ça? R. Je me rappelle pas. Q. Est-ce qu'elle se grattait, Aurore? R. Je me rappelle pas de ça, moi. Q. N'est-il pas vrai qu'elle grattait ces boutons et qu'elle s'essuyait sur la cloison de sa chambre? R. Je me rappelle pas de ça. Q. Vous ne vous rappelez pas de ça? R. Elle avait seulement pas de bouton. Q. Elle n'avait seulement pas de bouton, elle n'avait pas de galle? R. J'en n'ai pas vu. Elle avait des galles. Q. Elle ne grattait pas cqs galles là? R. ça, je me rappelle pas. Q. N'est-il pas vrai qu'elle grattait ces galles, qu'elle s'essuyait les doigts sur la cloison ou par terre? R. Je me rappelle pasde ça. -37- Q. Est-ce que vous nel'avez pas brulée, Aurore, elle-meme, ave le tisonnier? R. J'ai jamais brulé Aurore. Q. Jamais? R. Non. Q. Rappelez vos souvenirs un peu? R. Je me rappelle de mes souvenirs, je sais que je l'ai jamais brulée. Q. N'est-il pas vrai qu'une fois, pendant que votremère était allée à la grange.... R. Pendant que maman était allée à la grange? Q. Attend z que je pose la question -- vous étiez après chauffer le poèle et Aurore s'est chicannée avec vous et que vous R. Qu'elle, elle s'est brulée? Q. Oui? R. C'est elle-maman qui faisait ça,elle faisait poigner le tisonnier, elle disait: Regarde donc". Elle a voulu faire prendre le tisonnier . Q. C'était votre mère qui demandait ça, c'était pas vous? R. J'ai pas fait ça, je l'ai pas brulée. Q. Vous avez oublié de dire ça que votre mère lui faisait prendre le tisonnier? R. .... Q. Votre mère lui offrait le tisonnier comme ça et Aurore le prenait? R. Aurore le poussait avec ses mains pour pas que ça vint à la bruler. Q. N'est-il pas vrai que c'est vous qui avez fait ça pendant que votre mère était à la grange et qu'Aurore l'a conté à votre R. Elle l'a jamais racconté, parce que c'est elle, je l'ai vu faire, elle même, ça. Q. Pas vous? R. Non, je l'ai pas fait. -38- Q. Ce n est pas vrai, ça? R. ..... Q. Quand votre mère brulait Aurore comme ça, elle faisait chauffer le tisonnier rouge, rouge? R. Oui, elle le faisait chauffer rouge. Q. Rouge-blanc ou bien rien que rouge? R. Il était rouge. Q. Tandis que, dans ce temps là, vous regardiez par la fenètre, vous? R. Elle nous faisait regarder là. Q. Commentpouviez vous voir que le tisonnier était rouge si vous regardiez par la fenetre? R. Pas pendant qu'elle le faisait chauffer, pendant u'elle la brulait que je regardais. Q. Vous ne regardiez pas par la fenètre alors? R. .... Q. Vous regardiez par la fenetre quand elle le faisait chauffer R. Quand elle la brulait. Q. Quand elle le faisait chauffer, vous regardiez par la fenètr R. Je dis que quand elle la brulait que je regardais par la fenètre et puis, quand elle le faisait chauffer, on n'avait pas besoin de regarder. Q. L'avez vous vu rouge le tisonnier? R. Oui, je l'ai vu rouge,le tisonnier. Q. Jusqu'où était-il rouge?-- il faut qu'elle fasse chauffer ce bout-ici, ( indiquant )? R. Oui. Q. Jusqu'où était-il rouge? R. Il était rouge là, comme ça ( Le témoin indique à peu près une longueur de huit, neuf pouces ). Q. comment tenait-elle le tisonnier, votre mère, par le bqut? R. Elle le tenait par le bout? Q. Au bout du manche ou par le milieu? R. Elle le tenait au bout du manche. Q. Avait-elle rien qu'une main ou les deux mains? R. Les deux mains. -39- Q. Est-ce qu'elle l'appuyait fort sur Aurore? Q. Sur la peau? R. ça......la peau était partie. Q. Ah, la peau partait? R. ..... Q. Chaque fois qu'elle mettait le tisonnier comme ça, sur elle, la peau partait? R. Je peux pas dire si la peau partait tout le temps, mais toujours, je l'ai vu assez de fois pour le dire. Q. Combien de fois? R. Je les ai pas comptées. Q. Est-ce que c'est cinq fois, six fois? R. Je les ai pas comptées. Q. Mais combien? tous les jours? Q. Elle l a brulée rien que trois fois de même, alors, vous les avez comptées? R. Oui, mais j'ai pas compté.... quand est-ce que la peau partait Q. Quand est-ce que la peau partait? non, c'est pas ça que je demande. Je d mande combien de fois votre mère l'a brulée R. Elle l'a brulée trois fois. Q. Quand, la dernière fois? R. La dernière fois.......je me rappelle pas, la dernière fois, quand elle l'a brulée. Q. Vous avez dit tantôt que c'était peu de temps avant sa mort? R Oui, j'ai dit ça que c'était dans le mois de janvier, la première fois. Q. La dernière fois? R. La dernière fois....je me rappelle pas. Q. La deuxième fois? R. La deuxième fois,voyez vous....je sai toujours, que la première fois, c'est dans le mois de janvier et l'autre, je peux pas dire. Q. Etait-ce longtemps après la première fois? -40- R. Ah, je me rappelle pas. Q. Trois jours, quatre jours? R. Je me rappelle pas. Q. ça ne vous a pas frappée? R. ..... Qu'est-ce que c'est qui m'a pas frappée? R. ça ne vous a pas frappée, la deuxième fois, rien que la première. La première, vous vous rappelez, vous dites que c'est . J'ai pas remarqué... quel jour et la date... Q. Non, mais je vous demande si c'est dans le mois de février, la dernière fois qu'elle l'a brulée? R. .....Elle l'a brulée, pour moi, dans le mois de février, et la deuxième fois, je sais pas. Q. Etaitce avant le mois de février, la d uxième fois? R. La deuxième fois, je sais pas. Q. La première fois, où l'a-t-elle brulée? PAR LA COUR: Sur quelle partie du corps? R. Elle la brulait partout. PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSEE: Q. Elle la brulait partout, où? R. Sur les jambes, sur les pieds, en dessous des pieds. Q. Sur les genoux? R. Sur les genoux, elle la brulait rien qu'en arrière des genoux. Q. Rien qu'en arrière des genoux, sur les cuisses? R. Oui. Q. Comment? R. Oui, elle la brulait là. Q. Sur les fesses? Q. Elle la brulait partout? Sur les épaules? R. Sur les épaules, je peux pas dire si elle l'a brulée là. Q. Et sur les bras? R. Sur les bras. ....je sais toujours qu'elle l'a brulée sur les doigts. -41- Q. Sur les doigts, et à part ça, elle l'a brulée ailleurs....? R. Ah bien, je sais pas. Q. Est-ce qu'elle l'a brulée au visage? R. Au visage, non. Q. La deuxième fois, où l'a-t-elle brulée? R. La deuxième fois, je sais pas, je me rappelle pas. Q. Et la troisième fois? R. La troisième fois, ah bien.....j'ai pas remarqué où elle l'a brulée; elle l'a ait assez brulée la première fois. Q. La première fois, elle l'avait assez brulée et les autres fois, ça ne vous intéressait plus? R. Je me rappelle pas la date des fois. Q. Non, c'est pas ça, je vous demande où l'a-t-elle brulée la troisième fois. Vous dites que vous vous r ppelez que c'est dans R. Oui. Q. Je vous demande oùelle l'a brulée avec le tisonnier? R. Elle l'a brulée où je vous ai dit. Q. Où? R. Où, je viens de vous le dire là, tantôt. Q. La même place, partout? R. Ah, je sais pas si elle l'a brulée partout, partout; mais toujours qu'elle en avait assez, elle est morte, elle l'avait bien assez... Q. Mais l'avez vous vu bruler la troisième fois? R. Je l'ai vu bruler la troisième fois, oui. Q. Où l'a t-elle brulée avec le tisonnier? R. Je vous ai dit, là, sur les pieds. Q. Elle a essyyé les pieds encore, et puis, sur les jambes? R. Oui. Q. Est-ce qux'elle l'a brulée sur les pieds, en dessus des pieds? R. Oui, elle l'a bien brulée sur les pieds, là. Q. Elle l'a bien brulée su les pieds? R. Je sais pas si c'est la troisième fois, par exemple. Q. Aux poignets aussi, elle l'a brulée? -42- R. Aux poignets? Q. Alentours des mains? R. En dessus de la main et sur les doigts, toujours. Q. Et sur les doigts, elle ne l'a pas brulée sur les bras? R. Sur les bras, j'ai pas remarqué. Q. La troisième fois, est-ce qu'elle l'a brulée sur les cuisses aussi? R. C'est là que j'ai dit, la troisième fois. Q. Sur les cuisses? R. Oui. Q. Sur les fesses aussi? R. C'e t la troisième fois que je suis après vous dire; la deuxième fois... Q. Elle ne l'a pas brulée? R. Je peux pas dire où elle l'a brulée. Elle l'a brulée parce qu'elle criait. Q. Parce qu'elle criait, mais vous ne l'avez pas vue? R. Je l'ai vu bruler. Q. Où la brulait-elle? R. J'ai pas remarqué où elle l'avait brulée bien, bien. Q. Mais vous deviez voir ça, c'était important, ça? R. Bien oui. Q. Vous ne vous rappelez pas où elle l'a brulée, la deuxième fois? rien que la première et la troisième fois? R. Oui. Q. Et la troisième fois, vous dites que c'est dans le mois de février? R. Oui. Q. Combien de jours avant sa mort? R. Ah bien..... Q. Deux jours avant sa mort? R. Pas deux jours avant sa mort. Q Elle est morte le douze ( 12 ) février et vous dites qu'elle l'a brulée, la troisième fois, dans le mois de février? combien -43- de jours avant le douze ( 12 ) février? Est-ce que c'est dans les premiers jours de février? R. Je me rappelle pas si c'est les premiers jours ou bien les derniers. Q. Ou bien les derniers jours avant la mort, vous ne vous rappelez pas du tout? R. Oui...non, je me rappelle pas. Q. Et puis, chaque fois, comme ça, le tisonnier était rouge? R. Oui, le tisonnier était rouge. Q. ça sentait la peau rôtie dans la maison? R. ça sentait la peau brulée. Q. Votre père y était-il quand votre mère faisait ça? R. Non, illx travaillait au bois, il n'y était jamais. R. Il le savait pas. Q. Vous ne lui disiez pas? R. Non. Q. Pourquoi? R. Parce qu'on avait peur. Q. Vous aviez peur de quoi R. De se faire battre. Q. Par qui? par votre père? R. Par maman. Q. Votre père, vous n'avez pas peur de lui? Q. Comment? R. Maman nous défendait de le dire. Q. Votre mère vous défendait de le dire? R. ...... R. ça, j'en n 'ai jamais parlé à papa, quand papa entrait, on le disait jamais à papa. Q. Vous ne le disiez jamais à votre père, vous jurez ça, jamais -44- ça n'a été racconté à votre père, quand il revenait? R. Jamais je lui raccontais ce qui se passait, que maman nous maltraitait, à papa, ça, je l'ai jamais repété. Q. Est-ce qu'Aurore l'ajamais repété ce qui se passait? R. Elle l'a pas repété jamais à papa, que maman la magannait. Q. Elle l'a jamais repété à votre mère que votre mère la magannait et si ton père jurait ça, il mentirait? R. Qu'est-ce que c'est? Q. Que vous lui repétiez tout, quand il arrivait du bois ou d'ailleurs, si votre père jurait ça, que vous lui raccontiez, il mentirait? R. Pour moi, toujours, je l'ai jamais entendu dire à lui, qu'elle était maltraitée. Si elle l'a dit, elle l'a dit à la cachett je sais pas. Q. Vous, vous jurez que vous ne lui avez jamais repété? R. Non. Q. Jamais? R. Non, jamais racconté que j'étais maltraitée, a papa. Q. Est-ce que votre père et votre mère, est-ce qu'ils vous ont fait res remontrances de votre conduite, vous? R. Je me rappelle pas. Q. Est-ce que votre père et votre mère ne vous ont jamais fait des sermons au sujet de la façon dont vous vous conduisiez avec Aurore et avec le petit Gérard? R. Je me rappelle pas de ça. Q. Quand ils vous envoyaient à confesse, vous, Marie-Jeanne, est-ce qu'ils ne vous disaient pas de faire attention, de bien R. Ils n'ont pas jamais dit ça. Q. Ils n'ont pas jamais dit ça. Votre père ne vous l'a jamais dit, ça, ni votre mère? R. Papa y était jamais. Q. Votre père n'y était jamais? R. Il y était jamais dans la journée; cet hiver, il n'y a jamais été. Q. Vous alliez à l'église avec lui, à confesse? -45- R. On n'y allait jamais avec lui. Q. Vous n'y alliez jamais avec lui, c'est avec votre mère que v us y alliez? R. Elle y a été rien qu'uhe fois avec nous autres, ensuite, on y allait tout seul. Q. Ensuite, vous y alliez tout seul, et avant de partir, est-ce que votre père ne vous faisait pas des remontrances? R. Avant de partir non. Q. En arrivant, est-ce qu'il vous en faisait? R. En arrivant, il nous en faisait jamais de remontrance. Q. Jamais? R. En arrivant? Q. Jamais votre père ne vous a fait de remontrance, à vous, Marie-Jeanne? R. Je me rappelle pass'il m'en a fait. Q. Vous êtes trop bonne petite fille pour ça? R. ..... Q. Vous avez dit, ens ite, à M. Fitzpatrick qu'Aurore était tombée sur le paneau du poèle? R. Oui. Q. Quand ça? R. Dans le mois de janvier, ça. Q. Etiez vous pré ente, vous? R. Quand elle a tombé, oui. Q. Votre père et votre mère n'y était pas? R. Non, ils y étaient pas. Q. Où étaient -ils allés? R. Ils étaient allés chez mon oncle Anthyme, ils étaient allés veiller le corps. Q. Ils étaient allés veiller le corps de votre oncle Anthyme Gagnon? R. Oui. Q. Et c'est pendant l'absence de votre père et de votre mère qu'Aurore est tombée sur le panneau du poèle? R. Oui. Q. Elle s'est fait mal à l'oeil? -46- R. Oui. Q. Quel oeil? R. C'est l'oeil gauche. Q. L'oeil lui a-t-il enflé? R. Quand elle a tombé, elle a crié: aie! ; ensuite, elle a resté là, quand maman a arrivé, elle avait l'oeil boursoufflé, il était noir. Q. Quand votre père et votre mère sont-ils arrivés? R. Ils sont arrivés vers minuit. Q. Pardon? R. Vers minuit. Q. Et quand votre père et votre mère sontarrivés, elle avait l'oeil boursoufflé et noir? R. Oui. Q. L'oeil droit ça? R. l'oeil gauche. Q. Parce qu'elle était tombée sur le panneau dupoèle? R. Oui, et l'autre, je peux pas dire.... Q. Attendez pour l'autre, ça va venir,vous réciterez ça. Est-ce que votre mère a fait des pansements à l'oeil d'Aurore? R. Elle lui a mis du pain bouilli avec dulait, ça a guéri, son oeil. Q. Elle a fait des pansements de pain bouilli dans le lait? R. Oui. Q. Et l'oeil a désenfflé? R. Elle n'avait pas rien qu'un, elle avait tous les deux... Q. Elle avait tous les deux yeux noirs,, alors, elle s'était noirçi le deux yeux en tombant sur le poèle? R. Elle en avait rien qu'un mais l'autre, je sais pas qui lui a noirçi; toujours, le matin, elle s'est levée avec les deux yeux noirs. Q. Le lendemain, ça? R. Le lendemain matin. Le soir, elle avait rien qu'un oeil noir, l'oeil gauche et le lendemain matin, elle s'est levée avec les deux yeux noir. Q. ça, c'est arrivé dansla nuit ça, elle n'avait rien que l'oeil -47- gauche noir et le matin, elle avait l'oeil droit aussi? R. Elle avait les deux yeux noirs le matin. Q. Et c'est le matin que votre mère a fait des pansements de pain bouilli? R. Non, ça faisait une secousse qu'elle avait les yeux noirs. C'est ma tante Rose-Anna qui est venue, qui lui a dit ça. Q. Est-ce que c'est le lendemain que votre tante Rose-Anna est venue? R. Elle est venue....non, ça se trouve pas le lendemain, ça se trouve quand il a été enterré et dans ce temps là....Je Q. Il est mort? R. Elle est venue, elle, après le service qu'elle est venue, elle. Q. N'est-il pas vrai, Marie Jeanne que c'est le lendemain, quand ta mère.... quand votre mère s'est aperçu que l'oeil était T. Non, elle n'en a pas mis de suite le lendemain, elle les a laissé faire de même trois jours, jecrois, ensuite, ma tante Rose Anna est venue, le soir, elle a mis du pain bouilli avec du lait. Q. ça a guéri? R. Oui Q. Tout de suite? R. ça a pris du temps. Q. Combien de jours? R. J'ai pas compté les jours. Q. Cette strappe, cette bande de cuir que vous appelez une str ppe, ça,? R. Oui. Q. Vous dites que votre mère a baillonné votre petite soeur avec ça? R. Oui. Q. Combien de fois? -48- R. Une fois. Q. Quand ? R. C'est elle qui l'a brulée avec le tisonnier, cette fois là. Q. Est-ce que c'est la première fois ou la troisième? R. Je me rappelle pas quelle fois. Q. C'était dans la maison, ça, cette strappe en cuir là? R. Oui, c'était dans la maison. Q. Etait-ce un attelage pour les cheveuax, ça? R. Non. Q. Vous jouez avec ça, les enfants? R. Non, c'était papa qui avait ça quand il allait à la chasse. Q. Et vous dites que votre mère a mis ça sur la bouche d'Aurore? R. Oui. Q. Vous ne savez pas quelle fois? R. Je sais pas quelle fois. Elle l'a mis, toujours, je sais qu'elle l'a mis quand elle l a brulée avec le tisonnier, elle l'a mis. Q. Vous avez montré des harts, là, une hart blanche, v us dites que votre mère l'aurait battue avec cette hart là? R. Oui. Q. Est-ce que c'est une hart qui était dans la maison ça, ou bien.... R. Elle..... Q. attend z que je pose la question -- vous parlez trop vite et tantôt vous ne parliez pas du tout. Est-ce que c'est une hart que votre mère allait chercher en dehors ou si elle était dans la maison, cette hart là? R. Cette hart là, ça faisait longtemps qu'elle était dans la cuisine. Q. Vous jouiez avec les petits enfants, vous aviez des harts comme ça? R. On n'avait pas de hart. Cette hart là y était encore quand ça.....à l'enquête du Coroner, elle était dans le pied de l'escalier..... Q. N'est-il pas vrai que vos petits frères et Aurore jouaient -49- d ns la maison, comme ça, au cheval et qu'ils avaient tout le temps des harts qu'ils apportaient? Q. Vous jurez que jamais ni Gérard ni les autres, ni Aurore n'ont emporté dex hart dans la maison, pour jouer? R. S'ils en ont emporté, c'était pas celle ça. Q. Je ne vous demande pas si ce n'était pas celle là, je demande s'ils en ont amené d'autres? R. Je peux pas dire s'ils ont emporté des harts dans la maison Q. N'est-il pas vrai qu'il y en avait en haut, dans la chambre d'Aurore, en haut, où vous alliez non seulement jouer là mais . Oui, mais moi je me rappelle pas s'ils en ont emporté dans la maison. Q. Mais ils jouaient en haut, dans la chambre d'Aurore? R. Ils jouaient pas souvent parce que maman les envoyait... . Je ne demande pas s'ils jouaient souvent, je demande s'ils jouaient? R. Ils ontjoué rien que quelques fois. Q. Vous ne vous rappelez pas combien au juste. Combien de fois avez joué dans la chambre d'Aurore? R. Les petits garçonsont joué quelques fois, mais moi je me rappelle pas. Q. Vous rappelez vous d'avoir parti de la maison, chez vous, et être allée dans le bois? R. Oui, je me rappelle. Q. Combien de fois êtes vous partie comme ça? R. Ah, j'ai pas compté les fois. Q. Y êtes vous allée plusieurs fois? R. .....J'ai pascompté les fois. Q. Vous rappelez vous,une fois que vous y êtes allée, quand vous êtes partie, à dix heures dumatin...? R. Oui. Q. Et que c'est votre père qui vous a retrouvée dans le bois, le soir? -50- R. Il m'a pastrouvée dans le bois, c 'est moi qui m'est en allée au village dire......parce que maman m'avait donné une volée, j'ai parti. Q. Alors, vous vous en rappelez? R. La première fois, ça. Q. Quand? R. Ah ça, je sais pas, par exemple, dans tous les cas.... Q. N'est-il pas vrai que le soir vous êtes partie, pendant que vous étiez à traire les vaches et que tout d'un coup, vous êtes partie, vous vous êtes sauvée dans le bois? Q. Ou le matin? R. C'était pas le matin, ça, c'est quand maman est revenue de Québec, elle m'avait promis une bonne volée, je me rappelle pas pourquoi, quelque chose qu'elle m avait donnée à arranger. J'avais pas eu le temps de tout arranger. Le matin, elle m'a dit: Tu vas voir qu'elle va en manger une bonne après ". Q. Vous êtes partie? R. Oui. Q. N'est-il pas vrai que quand vous êtes revenue à la maison, qu'on est allée vous chercher -- il y avait des étrangers là -- R. ça c'est seulement pas vrai. Q. C'est seulement pas vrai? R. ... Q. A un moment donné, que vous aviez vu toutes sortes de bêtes, que vous aviez eu peur et que vous êtes partie. Vous avez dit ça, en arrivant chez vous, à tout le monde qu'il y av it là? R. J'ai jamais parlé de ça. Q. Et la troisième fois, comme ça,votre père a été obligéx d'aller vous chercher dans le bois? R. Je me rappelle pas du bois. Q. Vous ne vous rappelez pas du bois? R. .... Q. Et puis que vous êtes revenue à vous rien que le lundi, à -51- la maison? R. J'ai revenu... . j'étais à moi quand j'ai parti aussi. Q. Alors, vous étiez à vous tout le temps? R. Bien oui. Q. Et comme ça, vous dites que vous êtes partie parce que votre mère vous promettait des volées? R. Et puis, la première fois,elle m'avait battue aussi. Q. Alors,vous vous rappelez de tout ça? R. La première fois, je me rappelle. Q. Et les autres fois, vous ne vous rappele z pas? R. Les autres fois, je merappelle pas. d'autres. Je sais qu'une fois, quand j'aientré, elle m'a donné uncoup de soulier sur le Q. Elle vous a donné un coup de soulier sur le front? R. C'est vrai. Q. Quand ça? R. Ah, je me rappelle pas quand c'est, ça. Q. La journée de la mort d'Aurore, vous dites que votre mère l'a frappée avec ce manche de hache là? R. Pas un manche de hache.... Q. Un manche de fourche? R. Oui. Q. Oùétait ce manche de fourche là? R. Ah, je sais pas où elle l'avait pris. Q. Est-ce que c'était la première fois que vous voyiez ce manche de fourche là dans la maison? R. Ce manche de fourhhe là, non, c'était pas la première fois? Q. Mais où était-il dans lamaison? R. Il était pas dans la maison, il était dans le hagar, parmi le bois. R. ... . Q. Est-ce que votre mère est allée chercher ça le matin qu'Aurore est morte? R. Ah, je sais pas s'il avait été entré d'avance, ça, je sais pas. -52- Q. N'est-il pas vrai que ce manche de fourche là était devant la grange,par terre? R. Il n'avait pas de manche de fourche devant la grange. Q. Comment le savez vous? R. Je le sais, c'est moi qui l'a vu prendre. Elle a pas été le chercher devant la grange. Q. Vous l'avez vu prendre? Q. Où a-t-elle le chercher? R. Dans le hangar, le manche de fourche. Q. Elle a sorti le matin pour aller chercher le manche de fourche pour battre Aurore? R. Je dis pas qu'elle a été le chercher de suite le matin, mais elle a battu Aurore. Q. Comment pouvez vous jurer que vous savez que c'est elle qui est allée le chercher au hangar? R. Je sais pas qui a été le chercher mais je sais bien que c'est elle qui l'a battueavec, par exemple. Q. Vous avez dit tantôt que c'est elle qui est allée le chercher au hangar? R. J'ai pas....il me semble que j'ai pas dit ça tantôt, si je l'ai dit, c'est parce...... Q. C'est quelqu'un qui l'a apporté à la maison? R. Je sais pas si c'est quelqu'un ou bien elle. Q. Elle, c'est quelqu'un aussi,votre belle-mère? R. Bien oui, mais je pensais que vous demandi z si c'était d'autre. Q. Alors, le matin, vous dites qu'elle est montée en haut pour faire descendre Aurore, qu'elle l'a culbutée en bas de l'escalier? R. J'ai pas dit qu'elle l'a culbutée en bas de l'escalier. J'ai dit que quand lle a eu fini de se rendre en bas de l'escalier, en arrivant contre le poele, elle a tombé à terre; elle perd pas de temps, elle lui a avancé trois bons coups sur le dos. Elle a été le serrer, elle a été le serrer. -53- Q. Est-ce qu'elle lui a donné à déjeuner, ce matin là, à Aurore R. Non, elle n'a pas déjeuné. Q. Vous jurez ça qu'elle n'a pas déjeuné? R. Elle a pas déjeuné, elle ne voulait pas. Q. Elle ne voulait pas manger? R. Elle n'a pas parlé de manger, ensuite, après, elle a xxx été xxxx se coucher. Elle a demandé si elle avait faim? Aurore Q. Aurore a dit qu'elle n'avait pas faim? R. Elle voulait pas manger dans ce temps, elle avait pas le moitié de sa connaissance. Q. Mais vous avez dit que ta maman lui a offert à manger et Aurore a répondu qu'elle n'envoulait pas? R. elle disait: Non, elle faisait rien que des signes, dans ce temps là. Q. Est-ce qu'elle faisait des signes ou si elle disait non? R. Elle faisaitde signes. Q. Elle a fait signe que non? R. Oui. Q. Où l'a-t-elle frappée avec le manche de fourche comme ça? R. Sur le dos. Q. Avait-elle sa robe? R. Oui, elle avait sa robe. Q. Elle av it sa robe? R. ...... Q C'est sur le dos qu'elle l'a frappée? R. Oui. Q. Combien de coups? R. Trois ( 3 ) coups. Q. Trois coups? R. Erle en a peut-être donné d'autres, mais ceux là, j'ai remarqué comme il faut. Q. Vous n avez pas tout remarqué? R. Elle en a peut être bien donné d'autres de plus. Q. Elle en a peut-être bien donné d'autres de plus? R. Oui. -54- Q. Mais vous, vous n'en avez remarqué rien que trois ( 3 )? R. Oui. Q. Y avait-il d'au res personnes dans la maison, à ce moment là R. Non, les petits garçons n'y étaient pas. Q. Lespetits garçons n'y étaient pas, il n'y avait rien qu'Aurore, vous et votre mère, n'est-ce pas? R. Oui. Q. Votre père était parti aussi? R. Oui, il venait de partir. Q. N'est-il pas vrai, Marie Jeanne, que votre mère est montée en haut, qu'elle a dit à Aurore de se lever, pour la nettoyer, R. Elle a dit de se lever. Elle a dit qu'elle resterait pas couchée toute la journée. Elle a descendu, elle lui a dit de descendre, ensuite de ça, elle a descendu par derrière elle; elle y a pas touchée,rien que rendue contre le poèle, elle a tombé à terre. Elle a dit que c'étaient des gestes qu'elle faisait. Elle lui a avançé trois coups sur le dos. Q. Avez vous entendu votre mère lui dire de se lêver, qu'elle allait la nettoyer ? R. ça, j'ai pas entendu. Q. Vous n'avez pas entendu? R. J'ai pas entendu parler quand elle a été en.haut. Q. Vous n'avez pas entendu votre mère, ce qu'elle dis it, quand elle était en haut? R. Quand elle a été en haut, en bas, avant de monter, elle a dit: " Tuvas voir qu'elle va se lever cette grande vache là ". Q. ça va mieux, vous parlez mieux, là? R. Quandon est assez fatiguée, on peut bien pas parler. Q. Là,vous êtes reposée, là? R. Oui. Q. Vous dites, ensuite, quinze jours avant sa mort, que votre mère a arraché les cheveux à Aurore, avec le fer à friser? R. Oui. Q. C'est vrai, ça? R. Oui. -55- Q. Etiez vous seule, dans ce temps à, avec votre mère et Aurore? R. Je me rappelle pas i les autres y étaient. Q. Vous ne vous rappelez pas? R. .... Q. Est-ce qu'elle avait les cheveux longs,Aurore? R. Elle les avait assez long pour.......pour qu'elle leur fasse le tour.... Q. Je ne vous demande pas ça, je demande si elle avait les cheveux longs -- on reviendra tantôt....? R. Elle les avait pas bien bien long. Q. Comment? R. Elle les avait pas bien,bien long. Q. Combien long, à peu près, un pouce? R. Je peux pas dire comment, je sais.... Q. Etaient-ils coupés courts comme les petits garçons? R. Oui. Q. Courts,comme les petits garçons? R. Pas ras, ras mais ils commençaient à allonger, en arrière. Q. Ils commençaient à allonger, en arrière, Alors, elle lui arrangeait ça avec le fer à friser? R. Oui Q. Si elle avait les cheveux si courts que ça, elle ne pouvait pasarrache r beaucoup de cheveux? R. Elle les avait assez long pour faire deux tours, avec le fer Q. En a-t-elle arraché beaucoup? R. La plaque qu'elle avait, en arrière, d'arrachée. Q. Elle avait une plaque de cheveux, derrière la tête, d'arrachée? R. Oui. Q. Est-ce que ça paraissait ça, après sa mort? R. Après la mort, oui, ça paraissait. Q. ça paraissait? R. ça parraissait encore comme.... R. Comme...? -56- R. ça paraissait comme quand elle était pas morte. Q. Et comment grande était cette plaque là, de cheveux qui étaient arrachés? R. Je peux pas dire au juste comment elle était grande. Q. Est-ce qu'on pouvait voir ça à l'oeil nu? R. Ah oui. Q. En s'approchant beaucoup d'Aurore? R. Ah oui, parce qu'elle tait.....je peux pas dire la grandeur, mais toujours, elle étaitassez grande pour la voir. Q. C'était pas nécessaire d'être médecin pour la voir? R. Non. Q. C'était facile à voir? R. Oui. Q. Etait-ce en arriere de la tête ça? R. Je sais que c'est en arrière de la tête, par exemple, je sais pas quelle place.... Q. Juste en arrière de la tête? R. ..... Q. Montrez donc avec vos mains, aux Jurés, à peu près,où c'était, en montrant votre tête, vous? R. Je me rappelle pas au juste. Je sais que c'est en arrière de la tête, mais je me rappelle pas au juste. Q. Quelle place en arrière dela tête, près du cou ou plus haut? R. Je me rappelle pas au juste à quelle place que c'était, en arrière. Q. Etait-ce bienen arriere de la tête? R. ...... Q. C'est très important, ça. Si vous avez vu votre mère arracher des cheveux à votre petite soeur et vous dites que vous avez vu ça à l'oeil nu, ce que le médecin n'a pas vu,après l'avoir examinée attentivement, vous avez vu ça à l'oeil nu, vous devez savoir où c'était? R. Mais je me rappelle pas au juste. Q. Mais v us persistez à jurer qu'il y avait une plaque de cheveux d'arracher sur la tête? R. Oui. -57- Q. Et c'est votre mère qui a arraché ça avec le fer à friser? R. Oui. Q. Et ça, peu de temps avant sa mort? R. ça, c'était dans les quinze ( 15 ) jours. Q. C'était dans les quinze jours avant sa mort? R. ..... Q. ça n'avait pas repoussé ça? R. Toujours, moi, quand...le matin qu'elle est morte, je l'ai vue, ça n'avait pas encore repoussé et je l'ai vue. Q. ça paraissait très bien? R. Oui. . Est-ce que ça saignait à cette place là? R. No , ça saignait pas à cette place, là. R. Est-ce que c'était enflé, là? R. Je sais pas si c'était enflé là, je sais toujours qu'il y avait une petite galle sur ça. Q. Une petite galle en arrière de la tête? R. Oui. Q. Vous avez dit qu'Aurore avait eu un lit deux jours avant sa mort seulement? R. Oui. Q. Quelle sorte de lit a-t-elle eu? R. C est le lit qui est ici. Q. Comment? R. C'est le lit qui est ici, à la Cour. Q. C'est pas un lit ça, c'est un matelas? R. Ou , mais il y avait un petit brin de paille dedans. Q. Est-ce que, après la mort d'Aurore, vous avez vu enlever les draps pour les faire nettoyer? R. Non, je me rappelle pas toujours, il me semble......xxxcelle, qu'elle avait, c'était rien qu'une guenille qu'elle avait pour s'abriller. Q. Le matelas, c'était fait avec des poches, ça? R. Oui. Q. Ce n'est pas le seul matelas que vous avez dans la maison qui est fait avec des poches comme ça? -58- R. Non. Q. Est-ce que tous les matelas n'étaient pas faits comme ça? R. Je peux pas dire s'ils étaient tous faits comme ça. R. Il y en av it plusieurs faits comme ça? R. Oui. Q. Combien? R. Je sais pas. Q. Est-ce que le matelas de ton père et de ta mère n'est pas fait comme ça? R. Je sais pas, j'ai pas remarqué. Q. Le tien est-il fait comme ça? R. Oui. Q. Il est fait comme ça? R. ..... Q. Ceux de tes petits frères aussi? R. Eux autres, je me rappelle pa s s'il est fait comme ça. Q. A la campagne, ça se fait beaucoup des matelas comme ça, avec des poches? R. J'en n'ai pas vu souvent faire. Q. N'est-il pas vrai que ce matelas là vient de ton grand'père qui donné ça à ton père? R. Je sais pas. Q. Ton père et ton grand père ont été élevés sur ce matelas là même et fait de la même façon? R. ....Je sais pas. Q. Vos paillasses étaient faites de la même façon, vous autres R. Oui, ellesétaient comme ça. Q. Vous mettiez de la paille dedans? R Oui. Q. Les têtes d'oreillers étaient faites de la même façon? R. Pas toutes. Q. Pas toutes? R. Il y en avait enplume. Q. Mais il y en avait comme ça aussi? R. Il n'en avait pas bien.....les paillasses, il y en avait rien que deux comme ça. -59- Q. Lesquelles? R. Je peux pas dire l'autre. Q. Est-ce que c'est arrivé souvent qu'Aurore ait fait dans la maison, comme ça et qu'elle mettait ça dand les habits de ton père? R. Moi, ce que j'ai eu connaissance, une fois, c'était maman cette fois là, les autres fois, j'ai pas eu connaissance; elle a fait de quoi dans les habits de papa. Q. Vous avez eu connaissance que votre mère en avait mis dans les habits de ton père? R. Dans une. Q. Dans une, dans quoi? R. Dans un capot. Q. C'est votre mère qui avait fait ça? R. Elle avait pris de saletés, elle avait mis ça dans le capot. Q. Elle avait mis ça dane le capot de ton père? R. Oui. Q. Vous avez vu votre mère faire ça? R. Oui. Q. Quand ça? R. ça, c'est pas.....je peux pas dire quand ça. Q. Est-ce que c'est cette année ça? R. Oui, c'est cet hiver. Q. Dans quel mois? janvier, février? R. Je sais pas quel mois, je peux pas dire; toujours, c'est pas bien, bien longtemps.... Q. Est-ce que Aurore a fait ça elle-même? R. Non. Q. Jamais? R. Cette fois là, je sais bien que c'est pas elle qui l'a fait. Q. Je ne parle pas de cette fois là, je parle d'autres fois? R. D'autres fois, c'était pas dans les habits de papa. Q. Dans quel habit? Q. N'est-il pas vrai qu'une fois, elle a fait dans son ch peau et qu'elle a mis ça dansles habits de ton père? -60- R. ça, j'ai pas vu,par exemple. Q. Vous ne l'avez pas vu. Dit s vous que ce n'est pas vrai? R. Je peux pas dire si c est vrai ou si c'est pas vrai, j'ai pas vu, cette fois là. Et le déposant ne dit rien de plus. [signature] M. J. Tremblay Sténographe Je, soussigné, sténographe assermenté, certifie que ce qui précèdeest la reproduction fidèle de mes notes sténographiques; le tout conformément à la loi. Et j'ai signé. [signature] M. J. Tremblay
Sténographe officiel Source: ANQ, TP999, 1960-01-3623, 1B 014 01-04-004B-01, Cour du banc du roi, assises criminelles, district de Québec, Déposition de Marie-Jeanne Gagnon, procès de Marie-Anne Houde pour meurtre, avril 15, 1920, 59.
|
|||
Accueil | Contextes | Mort Étrange | Procès | Suites | Archives | Échos | Interprétations | DEVENIR HISTORIEN |