ODILON AUGER, Ste Philomène, cultivateur, agé de 36 ans. EXAMINE PAR ME LACHANCE C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: Q. Avez vous eu l'occasion de travailler, l'année dernière, avec l'accusé, Telesphore Gagnon? R. Oui. Q. Dans quel temps de l'année ça? R. Au mois d'août. Q. Vous travailliez où, chez lui ou ailleurs? R. Chez Eugène Poisson. Q. Alors, entre vous et lui, a-t-il été question de ses enfants R. Oui. Q. De qui, de quel enfant? R. De la défunte Aurore Gagnon. Q. Qu'est-ce qu'il vous a dit? R. Il m'a dit que l'enfant était bien dur à corriger. Q. Ensuite,a-t-il dit ce quiil avait fait pour la corriger? R. Oui . Q. Qu'est-ce qu'il avait fait? R. Il a dit qu'il l'avait battue avec un fouet. Q. Quelle sorte de fouet? R. Un fou t à chevaux. Q. De quelle manière l'avait-il battue, jusqu'à quel point? R. Il l'a battue jusqu'à lui faire porter des marques. Q. A-t-il ajouté d'autre chose pour indiquer jusqu'à quel point il l'avait battue? R. Oui, il a dit qu'il avait fait sortir jusqu'à du sang. Q. Qu'est-ce que vous avez dit là dessus? R. Je lui disais qu'il n'avait pas.....s'il n'avait pas essayé d'autre manière pour la corriger, s'il avait essayé à la prendre à la douceur. Il m'a répondu que oui. Q. Maintenant, plus tard, a-t-il été encore question, entre vous et lui, de cette enfant, D'Aurore? R. Oui. Q. Quand? R. Au mois de janvier, je crois. Q. Qu'est-ce qu'il vous a dit? R. .....Il m'a dit que.....que l'enfant était bien dure, qu'il - 2 - voulait plus la battre, que ça servait à rien. Q. Avez vous eu l'occasion d'aller là, dans ce temps là, c ez Gagnon lui même, de voir Aurore? R. Oui. Q. Je parle dans le mois de janvier. Comment était-elle Aurore? Avez vous remarqué quelque chose chez elle, quand vous y êtes allé, quand vous l'avez vue? R. Oui, elle avait toute la figure bleue, elle avait le haut de la figure enflée. Q. Maintenant, travailliez vous avec Gagnon, le jour de la mort de l'enfant? R. Oui. Q. A quel endroit? R. A la Seigneurie de Lotbinière....la Seigneurie de LOtbinière Q. Pour qui travailliez vous là, pour lui, Gagnon, ou pour d'autres personnes? R. On était de société, tous les deux. Q. Vous étiez de société tous les deux? R. Pour nous autres. Q. Etiez vous là lorsque la nouvelle, au sujet d'Aurore ce jour là, a été communiquée à Gagnon? R. Oui. Q. Qu'est-ce qui a été vousavertir là? R. M. Alphonse Chandonnet. Q. Raccontez donc ce qui s'est dit, ce que Gagnon a dit devant vous, ce qui s'est passé là à ce moment là? Objecté à cette preuve, de la part de Me Lavergne. C. R., Conseil de la défense, comme étant du oui-dire et comme n'étant pas la meilleure preuve, parce que la conversation que va rapporter le témoin a été tenue par un nommé Chandonnet et que c'est le dit Chandonnet qui devrait venir témoigner des propos qu'il a tenus avec liaccusé et non une p rsonne qui les a entendus en présence du prisonnier. Objection renvoyée. Q. ( question relue ) M. Gagnon a demandé qu'est-ce qu'il y avait chez eu? M. Chandonnet a répondu qu'il était venu pour - 3 - le chercher, que sa petite fille se mourait et puis, il lui a demandé six elle avait eu M. le Curé. PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSE: Q. Qui a demandé? R. Telesphore Gagnon, il lui a répondu que oui, le docteur aussi et le Juge de paix. Q. PAR ME LACHANCE C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: Q. Alors, qu'est-ce qu'il a dit là-dessus, Gagnon. Qu'est-ce qu'il a dit, lui, au sujet de la petite fille? R. PAR LA COUR: Raccontez toute la conversation, continuez, répondez? R. C'est tout ce que j'ai entendu dire. Il est parti, lui et Chandonnet pour descendre, et moi, j'ai resté là pour descendre avec la voiture de travail; eux autres ontparti. PAR ME LACHANCE C. R. DE LA PART DE LA COURONNE: Q. Vous même, avez vous fait quelques observations, quand Chandonnet est arrivé, devant l'accusé, toujours? R. Quand il......quand il a entendu crier Chandonner, on savait pas pour qui c'était qu'il venait, ça fait que moi, j'ai dit: Si c'est pas pour toi, c'est pour moi, il y a quelque chose d'étrange". Q. Ensuite? R. Lui a dit que ça serait peut être une de ses cousines qui serait malade. Q. Et puis, ensuite? R. Moi, j'ai répondu; ça devrait pas être ça parce qu'ils savaient qu'on descendait à tous les soirs. Q. Ensuite? R. J'ai dit: ça serait pas ta petite fille plutôt? Il m'a répondu que ça devrait pas, parce qu'il l'avait vue le matin descendre en bas, qu'elle paraissait comme d'habitude. Q. Maintenant, avez vous parlé, avez vous eu une conversation avec Gagnon subséquemment à ça, à ce temps là ou avant, au sujet de la correction à donner aux enfants? R. Oui. Q. Alors, qu'est-ce qu'il s'est dit là? - 4 - R. Avant, dans le mois d'août, il m'a dit que.....étant en frais de la reprendre, qu'il se croyait obligé de la corriger même jusqu'à lui casser un membre si elle voulait pas se corriger parce qu'il croyait que c'était son devoir, qu'il prenait la responsabilité qu'il avait envers ses enfants de les corriger, qu'il voulait pas se faire jeter dehors par ses enfats. TRANSQUESTIONNE PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSE: ( sous réserve de l'objection ) Q. Lors de cette conversation que vous venez de rapporter, vous causiez des corrections qu'un père de famille pouvait donner aux enfants, n'est-ce pas? R. ....Oui. Q. Et l'accusé vous disait qu'Aurore, d'après lui, était difficile à élever? R. Oui. Q. Est-ce qu'il vous a dit les défauts qu'il croyait qu'elle avait? R. Oui. Q. Qu'est-ce que c'est qu'il vous a dit? R. Il m'a dit qu'elle avait tous les vices et les caprices qu'un enfant pouvait avoir. Q. Vous en a-t-il indiqué quelques uns? R. Oui. Q. Dites le? R. Il a dit qu'elle était voleuse, qu'elle était impure. Q. Encore? R. Bien saloppe. Q. Quand il vous a dit que le père de famille pouvait corriger son enfant jusqu'à lui casser un membre, a-t-il fait allusion à ce que l'on enseigne, qu'il vallait mieux sauver l'âme de son enfant au détriment de leur membres, que de les laisser se damner? R. Non. Q. Il ne vous a pas parlé de ça? R. ..... Q. Vous ne vous rappelez pas de ça? - 5 - R. Je me rappelle pas de ça. Q. Pensez vous qu'il en a été question? R. Je pourrais pas dire. Q. Est-ce qu'il ne vous a pas dit que les prédicateurs disaient ça en chair? R. Oui . Q. Il vous a parlé de ça? PAR LA COUR: Avez vous répondu que l'accusé vous avait dit ça? R. Il m'a dit qu'il se croyait obligé, parce qu'il croyait la responsabilité qu'il avait d'élever ses enfants. PAR ME FRANCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSE: Q. Est-ce qu'il ne vous a pas dit, M. Auger -- en vous rappelant -- qu'on enseignait, que les Pères qui prêchent disent qu'il fallait être sévère, s'il le fallait, pour les enfants? R. Je m'en remets pas. Q. Vous ne vous rappelez pas? R. .... Q. Il est possible qu'il vous l aidit et que vous ne vous rappelez pas? R. Je me rappelle pas. Q. Est-ce qu'il paraissait découragé de la petite, de son enfan R. Oui. Q. Est-ce que ça paraissait l'inquiéter? R. Je m'en suis pas aperçu mais il m'a dit qu'il était découragé Q. Il vous a dit qu'il était découragé? R. ... Q. A-t-il dit autre chose à part ça, qu'il avait de la mière avec? R. Il m'a dit qu'il avait l air découragé, des fois, mais qu'il en avait le droit. Q. Il disait qu'il paraissait découragé, des fois, mais qu'il avait le droit de paraitre découragé? R. .... PAR LA COUR: C'est Gagnon qui disait ça? R. C'est Gagnon qui m'a dit ça. - 6 - P R ME FR NCOEUR C. R. DE LA PART DE L'ACCUSE: Q. A cause de l'enfant? R. De l'enfant et puis qu'il pouvait pas fournir a acheter, que sa maison, que tout se gaspillait à sa maison. Q. Vous dites que vous êtes allé, en janvier, chez l'accusé, est-ce que c'est au commencement de janvier? R. Non, pas au commencement. Q. Vers le milieu? R. J'ai pas remarqué la date, mais ça doit être au milieu de janvier. Q. Vous avez vu Aurore, cette fois là? R. Oui. Q. L'avez vous vu faire par terre, le temps que vous étiez là? R. Comment? R. L'avez vous faire ses besoins par terre, le temps que vous étiez là? R. Non. Q. Vous n'avez pas eu connaissance que, près du berçeau de son petit frère là, devant tout le monde, qu'elle aurait fait par terre -- vous n'en avez pas eu connaissance? R. Non. Q. L'accusé était un bon garçon? R. Pour moi, c'est un bon garçon. Q. Un travaillant? R. Un travaillant. Q. Et sobre? R. Oui. Q. Est-ce un homme violent, malin? R. ....Non. Et le déposant ne dit rien de plus. [signature]M. J. Tremblay Sténographe Je, soussigné, sténographe assermenté, certifie que ce qui précède est la reproduction fidèle de mes notes sténographiques; le tout conformément à la loi. Et j'ai signé. [signature] Source: ANQ, TP 9, S1, SS1, SSS999, 1960-01-35769, 3B 023 03-05-002A-01, Cour du banc du roi, assises criminelles, district de Québec, Déposition de Odilon Auger, procès de Télesphore Gagnon pour meurtre, n.d., 6.
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