La variole parmi les IndiensThe British Colonist, 28 avril, 1862 Lorsqu’il nous a été signalé qu’un ou deux premiers cas de variole étaient apparus en cet endroit, nous avions prédit que si les précautions nécessaires n’étaient pas prises dès le début pour nous assurer que cette abominable maladie ne se répande, les Indiens de la réserve seraient infectés et la maladie serait répandue par ces derniers dans toute la colonie. Nous avons le regret de dire, qu’en ce qui concerne les Indiens, notre prédiction était juste. Il reste maintenant à savoir si des gestes seront portés rapidement pour [contrôler] la variole [quatre mots illisibles]. Quelque vingt personnes sont déjà mortes dans le village et, d’après ce que nous savons, chaque cas a été mortel. D’ici quelques jours nous entendrons possiblement des histoires encore plus lugubres sur les ravages continuels de la maladie. Les autres membres des tribus éparpillés sur la réserve seront certainement infectés et, par conséquent, celle-ci deviendra un énorme lazaret dans lequel ses sauvages occupants pourriront et mourront de la maladie la plus révoltante qui n’ait jamais affligée la race humaine. S’il était probable que la maladie n’attaque que les Indiens, il y en aurait parmi nous, comme nos autorités, qui n’agiraient pas, contents de voir la variole succéder à l’ulcère moral qui a couvé à nos portes au cours des quatre dernières années. On risque de voir la peste se répande au sein de notre population blanche, un jugement équitable pour leur intolérable iniquité en laissant un tel nid de saletés et de crimes s’accumuler à portée de vue de nos maisons et à portée d’oreilles de nos cloches d’église. Rien ne peut prévenir son étendue, à l’exception de la superstition des sauvages qui, instinctivement, laissent leurs malades souffrir et mourir seuls sans aucun traitement. À part cette mesure préventive, il n’y en a pas une seule autre. Les Indiens ont libre accès à la ville le jour comme la nuit. Ils sont massés le long de nos rues, ils remplissent la fosse de notre théâtre et il se retrouvent presque à chaque porte ouverte en ville le jour ou le soir; ils travaillent même comme serviteurs dans nos demeures ainsi que dans les cuisines de nos restaurants et de nos hôtels. Même ceux qui travaillent comme serviteurs sont fréquemment en contact avec leurs amis qui visitent la ville ou vivent sur la réserve. De plus, ceux qui sont victimes du virus sont enfouis à faible profondeur près de la ville là où tout un chacun passe occasionnellement et, éventuellement, les émanations ou une perturbation minime de la tombe dans le futur pourraient raviver l’infection et la répandre. Il n’y a rien à ajouter pour démontrer quel terrible fléau nous laissons couver à nos portes – tolérant parmi nous – un fléau qui peut emporter nos meilleurs citoyens à n’importe quel moment, tel un sacrifice – à la luxure, à la cupidité et à la coupable négligence de nos citoyens et de nos autorités. Qui plus est, les rapports de l’existence de cette maladie parmi les Indiens aux lisières de la ville sont utilisés délibérément pour effrayer les immigrants et il n’est pas invraisemblable que cela les incite à ne pas y venir. Les méthodes les plus extrêmes devraient donc être employées aujourd’hui même, immédiatement. L’entière population indienne devrait être sortie de la réserve et amenée vers un endroit éloigné des Blancs; pendant ce temps, les maisons infectées et toutes leurs pacotilles devraient être brûlées jusqu’aux cendres et les tombes recouvertes de tant de terre que les émanations ne pourront pas en sortir. L’application de ce devoir et d’autres règlements incombe à nos citoyens. Il est de leur devoir d’agir sans délai afin que les familles soient libérées de leur anxiété et de manière à ce que les visiteurs sachent qu’il n’y a pas de danger qu’ils soient exposés à la contagion en venant ici. Aucune demi-mesure ne peut être tolérée en ce qui concerne la sécurité; pas plus que les lamentations au sujet du commerce avec les Indiens ne devraient permettre d’interférer avec la purification de la réserve. On nous dit que les Indiens ne peuvent être déplacés puisque le gouverneur est absent de la Colombie-Britannique ! Le commissaire de police ne peut rien faire en son absence; pas plus que les personnes en autorité ! Allons-nous donc rester inactifs alors que notre gouverneur intendant est absent ? Jamais ! En l’absence du gouverneur, en l’absence d’un conseil municipal ayant l’autorité d’appliquer les règlements sanitaires, laissons nos citoyens improviser une commission d’hygiène. Qu’ils se rencontrent aujourd’hui. Qu’ils convoquent une assemblée publique immédiatement. Qu’ils prennent des mesures, peu importe lesquelles, pour protéger leur famille du fléau pestilentiel qui stagne parmi les sauvages aux lisières de la ville. Nous en appelons à nos autorités, à notre clergé et à nos dirigeants afin qu’ils adoptent des mesures énergiques sans perdre un instant, puisqu’il n’y en a aucun à perdre. Source: "La vérole parmi les Indiens," British Colonist, 28 avril 1862.
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