Les journaux

Pourquoi ce type de document existe-t-il?

Les journaux sont souvent la source d’information la plus riche sur la vie au 19e siècle. Naturellement, c’est uniquement le cas des régions urbaines assez grandes pour financer un journal. En 1864, dans les colonies de l’île de Vancouver et de la Colombie-Britannique, seules deux villes étaient assez importantes pour financer des journaux, soit les capitales Victoria et New Westminster.

Le principal rôle des journaux est d’être lucratif pour l’éditeur, et ce, en vendant des exemplaires aux lecteurs et des publicités. Au 19e siècle, les journaux se présentaient sous un aspect différent de ceux d’aujourd’hui. Ils ne contenaient habituellement pas de photos ou d’illustrations et, dans le cas des journaux discutés ici, les publicités étaient placées à la une alors que les nouvelles étaient à l’intérieur.

Les journaux avaient alors tendance à appuyer leur région et à être assez politisés, alignés sur l’un ou l’autre des groupes ou des partis politiques. En ce qui concerne ces journaux, les opinions politiques favorisaient largement le gouverneur local et s’opposaient à l’ancien gouverneur, James Douglas, qui s’était retiré en 1864, au moment où les premières tueries sur la route de Waddington étaient survenues. James Douglas avait occupé la fonction de gouverneur pour les deux colonies à la fois et, en mai 1864, chaque colonie a eu son propre gouverneur : Frederick Seymour pour la Colombie-Britannique et Edward Kennedy pour l’île de Vancouver.

Tout comme aujourd’hui, les histoires sensationnelles aidaient à vendre les journaux et la véracité des faits n’était pas toujours une priorité. Les journaux avaient aussi le rôle de parler aux lecteurs, c’est-à-dire les Blancs de la société coloniale, de leur société ou du moins sur les aspects de celle-ci considérés « d’intérêt médiatique » et attrayants pour les acheteurs et les vendeurs de journaux. Le nom du plus important journal de Victoria, The British Colonist, en dit long sur les lecteurs visés.

Les journaux du 19e siècle, contrairement aux journaux urbains de notre époque multimédia, assuraient souvent une couverture très détaillée d’un grand nombre d’activités comme les transcriptions des preuves données en cour, le contenu complet d’une réunion du conseil municipal ou les renseignements sur qui visitaient qui, en provenance du « vieux pays ». Les personnes voulant de la publicité pour des produits ou des services tiraient avantage de la popularité des journaux; ainsi, les publicités, petites annonces ou autres, fournissent aux historiens une source plus riche de renseignements, quoique plus banals, sur la vie quotidienne en général, et ce, à n’importe quelle époque, que les articles à la une. Les journaux, parce qu’ils fournissaient tant de renseignements sur une si grande variété de problèmes locaux, régionaux, nationaux et internationaux, ont été conservés dans les bibliothèques et les archives par des générations de Canadiens et nous aident à comprendre plusieurs aspects de notre passé collectif.

Pourquoi utiliser cette source?

Les journaux contiennent une abondance de renseignements qui peuvent nous aider à comprendre des aspects généraux et précis de l’histoire économique, sociale et culturelle du Canada. Cependant, devrions-nous tout croire? Il y a plusieurs raisons pour ne pas le faire. Par exemple, la soif de nouvelles et le manque d’information au 19e siècle faisaient souvent en sorte que les rumeurs et les ouï-dire étaient publiés comme des faits. Plusieurs journaux du 19e siècle étaient financés et supportés par des groupes politiques et les « nouvelles » étaient présentées d’un point de vue partisan pour servir des buts clairement politiques. Le contenu des journaux était aussi soumis aux préjugés culturels concernant ce qui valait la peine d’être publié. Plusieurs aspects de la vie du 19e siècle auxquels nous aurions pu nous intéresser comme l’alimentation, la condition des femmes et des enfants ou les « bonnes nouvelles » en général étaient rarement l’objet de discussions.

Les vieux journaux ne sont pas toujours faciles à lire. L’écriture s’est parfois estompée ou ils sont tellement fragiles qu’ils s’effritent au toucher. On a microfilmé plusieurs journaux pour les conserver, mais le film est souvent illisible ou quelques mots sont cachés dans les plis. Lorsque les mots ne sont pas nets, nous avons inséré « [illisible] » dans le texte.

Ces « problèmes » sont aussi, paradoxalement, la plus grande force des journaux comme source d’information historique. Tandis que la précision des faits dans les reportages des journaux a toujours besoin d’être comparée avec d’autres sources, les journaux peuvent, s’ils sont lus de façon critique, en dire long sur les sujets qui méritaient à l’époque, selon plusieurs personnes, d’être débattus dans une tribune publique. Ils montrent les conditions dans lesquelles les problèmes étaient soulevés et débattus et nous donnent un aperçu non seulement des problèmes sociaux, culturels et politiques importants mais aussi de la façon dont les personnes comprenaient ces problèmes. Les publicités et le courrier des lecteurs mettaient en évidence, tout comme aujourd’hui, quelques préoccupations de la vie quotidienne dans la société du 19e siècle.

Comment trouver et utiliser cette source?

Les universités et les grandes bibliothèques municipales conservent souvent des copies de vieux journaux sur microfilm, comme le font diverses archives. La meilleure façon de trouver les nombreux journaux historiques à la disposition des chercheurs de la Colombie-Britannique est de consulter le BC Newspaper Index (Index des journaux de la Colombie-Britannique), qui est maintenant publié dans Internet.

On peut chercher les journaux historiques par leur nom ou par leur lieu de publication, donc trouver des journaux est facile. Les utiliser l’est moins et ce n’est pas seulement à cause de la mauvaise qualité des lecteurs de microfilms de la province. La plupart des journaux du 19e siècle n’ont pas d’index, ce qui rend la recherche d’un sujet, d’un événement ou d’une personne en particulier assez difficile, et ce, même si on trouve un index partiel du British Colonistdans les Archives de la Colombie-Britannique et dans quelques bibliothèques universitaires. L’historien Daniel P. Marshall fait valoir que les avantages de l’indexation ont eu des résultats imprévus dans l’histoire de la Colombie-Britannique. À cause de la relative facilité à trouver des renseignements sur des personnes ou des événements précis dans l’index du British Colonist, les chercheurs ont été enclins à « voir » l’histoire de la région surtout à travers cette lunette subjective de la politique réformiste libérale du Colonist. Pour quitter ce site et explorer cette source plus en profondeur, allez à :

The British Columbia Newspaper Index: http://fairmont.library.ubc.ca/www.ubc.bcnews/select