Plus de renseignements au sujet de l’homme de Meteghan.
LE JUGE SAVARY APPORTE DES ÉLÉMENTS NOUVEAUX AU SUJET DE CE MALHEUREUX ÉTRANGER.
St. John Sun
Le juge Savary, d’Annapolis, dans sa lettre au Sun, fournit des renseignements additionnels au sujet de « l’homme mystérieux de Meteghan, » dont l’histoire est parue dans les pages de ce journal. Cet homme a été retrouvé il y a des années sur le rivage de la Nouvelle-Écosse. Ses jambes avaient été amputées et il avait de toute évidence été abandonné à cet endroit. Depuis ce temps, il n’a pratiquement pas prononcé un mot et personne n’a pu en apprendre beaucoup à son sujet.
Après la première publication du récit, le sénateur King a jeté davantage de lumière sur le sujet. Il a raconté que l’homme a été retrouvé à demi gelé dans un chantier de bûcherons du comté de Kings; on a pris soin de lui, amputé ses jambes gelées et on l’a envoyé à Saint John. Là-bas, les gens n’ont pas voulu se donner la peine de s’occuper de l’inconnu et l’ont donc mis à bord d’une goélette qui l’a ensuite déposé sur les rives de la Nouvelle-Écosse.
Le juge Savary a écrit que jamais une auréole traditionnelle ou romantique n’a entouré ce pauvre Italien qu’on avait abandonné sur le rivage de Sandy Cove. Là-bas, il n’a pas été retrouvé par des pêcheurs, mais par Robert Bishop, fermier, marchand et juge de paix, ainsi que par un autre homme qui sont toujours en vie encore et qui se trouvaient sur la colline de Sandy Cove lorsqu’ils ont aperçu deux petits navires se rendre dans l’anse, mettre quelque chose dans un bateau et l’envoyer vers le rivage. Ils ont cru que les navires étaient venus chercher de l’eau, mais une fois que ces derniers ont été repartis, un homme n’ayant pas toute sa tête et souffrant d’un problème d’élocution a couru vers eux en leur pointant le rivage et en disant qu’il y avait là-bas un homme sans jambes. M. Bishop et son compagnon ont retrouvé l’étranger, qui se déplaçait avec ses mains en position assise vers la marée montante. Ils l’ont arrêté juste à temps. Plusieurs biscuits de marin ainsi qu’une carafe d’eau ont été retrouvés plus haut sur la plage, sans doute à l’endroit où l’homme avait été déposé.
Le gouvernement, dès qu’il en a été informé, a engagé un Français de Meteghan pour s’occuper de l’infirme. « Jérôme » et « Colombo » sont les deux seuls mots qu’il a prononcés. Il s’agit peut-être d’un Portugais originaire de Colombo, Ceylan, ou peut-être que Colombo était le nom du dernier bateau sur lequel il avait travaillé. M. Mecchi, un Italien habitant à Meteghan a souvent tenté de converser avec l’homme et a réussi à lui faire prononcer quelques mots. À cause de l’accent de l’étranger, M. Mecchi est porté à croire qu’il s’agit d’un Italien originaire de la côte Adriatique, et que, si c’est le cas, son nom est probablement Jérôme Colombo. C’est le 23 août 1868 que l’homme a été retrouvé.
Il y a environ un an, le Digby Courier a publié le récit d’un marin qui expliquait comment un autre marin s’était fait amputer les jambes à bord d’un bateau sur la côte est de la Nouvelle-Écosse. Il semblait croire que cet homme et Jérôme étaient la même personne. L’inconnu est entretenu grâce à un fonds d’aide provincial pour les indigents transitoires.