Journaux :
Les journaux du dix-neuvième et du début du vingtième siècle sont souvent la plus riche source d’information sur la vie cette l’époque. L’historien utilise abondamment cette source dans ses recherches puisque les journaux représentent une importante mine d’informations, de sources et de données sur autant d’événements. Ils nous renseignent sur les dernières techniques agricoles, les prix des denrées, les décès, les naissances, les mariages, les événements dramatiques ou banals du quotidien. Comme ils contiennent de précieux renseignements sur un large éventail de questions (locales, régionales, nationales et internationales), les journaux ont été conservés par des générations de Canadiens dans les bibliothèques et les archives, ce qui nous permet de comprendre de nombreux aspects de notre passé collectif.
Généralement, les journaux canadiens du dix-neuvième et du début du vingtième siècle sont bien conservés. Les grandes bibliothèques publiques et universitaires possèdent en général des reproductions des quotidiens les plus importants ou propres à leur région. Cependant, les vieux journaux ne sont pas toujours faciles à lire. Parfois certains sont en si mauvais état qu’ils s’effritent au toucher. Pour les préserver, plusieurs journaux ont été microfilmés, mais il n’est pas rare que les photographies soient floues ou que les mots se perdent dans les plis de pages.
Les journaux d’autrefois se distinguent de ceux d’aujourd’hui tant par leur contenu que par leur apparence. D’abord, leur principale fonction n’était pas nécessairement d’informer, mais de rapporter un revenu à l’éditeur par la vente d’exemplaires aux lecteurs et la vente de publicités aux entreprises. Il n’est pas rare à l’époque que les colonnes de publicités prennent plus de place dans le journal que les nouvelles et les annonces. Conséquemment, dans certains cas, les publicités se trouvent à la une et la plupart des véritables nouvelles sont à l’intérieur du journal. De plus, contrairement à ceux d’aujourd’hui, les journaux du dix-neuvième et du début du vingtième siècle contiennent peu de photographies et d’images.
Les articles de journaux inclus dans cette archive Web viennent d’une grande variété de publication. L’historien doit toujours se souvenir du point de vue de la publication et de l’auteur de l’article lorsqu’il analyse le contenu d’un article. Quelques-uns proviennent de journaux acadiens, la plupart de langue française. Fondé en 1887, le seul journal de langue française de la Nouvelle-Écosse est L’Évangéline; cependant, le journal déménage à Moncton au Nouveau-Brunswick en 1905. Les Acadiens néo-écossais n’auront pas de journal dans leur langue avant la fondation du Petit Courier en 1937. En tout temps, la majorité sont des publications des Maritimes sont anglophones et représentent la majorité anglo-protestante des Maritimes. En conséquence, très peu d’articles dans cette archive Web reflètent réellement le point de vue des Acadiens de Clare qui ont vécu avec Jérôme.
Les journaux de cette époque, à la différence des journaux urbains de notre environnement multimédia, couvrent souvent en détail des secteurs d’activités fort variés. En effet, ils referment de longues transcriptions de témoignages déposés en cour, le compte-rendu détaillé des assemblées du conseil municipal, ou des nouvelles des « vieux pays ». Pour plusieurs raisons, les journaux ne sont pas exempts de partialité, des opinions ou des mentalités de cette époque. Comme aujourd’hui, les journalistes étaient si avides de nouvelles qu’ils ne s’assuraient pas toujours de la véracité des histoires, ce qui signifie que les rumeurs et les ouï-dire sont souvent publiés au même titre que les faits. À l’époque, comme aujourd’hui, les histoires à sensation font vendre les journaux et un moindre souci est accordé aux faits rapportés.
Enfin, le contenu des journaux est souvent tendancieux parce qu’à l’époque ces publications servent la plupart du temps d’organes à des partis politiques ou des groupes d’intérêts. Les journaux reflétaient les affiliations religieuses et ethniques ou aidaient à les former. Paradoxalement, ces « problèmes » constituent la force des journaux en tant que sources historiques. Même si les faits qui y sont rapportés doivent toujours être confrontés à d’autres sources pour en vérifier l’exactitude, les journaux peuvent en apprendre long sur ce qui, selon la majorité des gens, était digne d’être débattu sur la place publique. Si nous en faisons une lecture critique, ils révèlent les sujets de polémique, les questions sociales, culturelles et politiques ainsi que de la compréhension qu’en avaient les gens. Enfin, à l’époque comme aujourd’hui, les publicités et le courrier des lecteurs témoignent des soucis quotidiens de la société du dix-neuvième siècle. Par conséquent, ils donnent souvent peu de détails sur plusieurs aspects de la vie du dix-neuvième siècle comme l’alimentation, la condition des femmes et des enfants, ou les « bonnes nouvelles » en général, car tout cela faisait rarement l’objet de discussion.