Le Devoir 26 avril 1920, p. 5
LES DERNIERS TEMOIGNAGES LE PROCES GAGNON SE TERMINERA DEMAIN — M. ARMAND LAVERGNE PRONONCERA LE PLAIDOYER EN ANGLAIS — DES TEMOINS REPETENT LEUR DEPOSITION — "LES GENS PARLERONT ASSEZ VITE." Québec, 6 (D. N. C.). — Les procureurs de Télesphore Gagnon, accusé du meurtre de sa petite fille Aurore, se sont adjoint, comme conseil anglais, M. Armand Lavergne, qui prononcera le plaidoyer anglais, vu que le jury est mixte. Il y a un juré qui ne parle ni ne comprend le français et, en conséquence, tout se fait en français et en anglais. A la reprise du procès, samedi, les témoins entendus furent le constable Laurent Couture, Mme Arcadius Lemay, Mme Octave Hamel et M. Adjutor Gagnon. Tous ces témoins, à l'exception d'Adjutor Gagnon, avaient été entendus au procès de la femme Gagnon et n'ont fait que répéter leurs témoigneges antérieurs quant à l'état dans lequel ils ont trouvé la victime. Les témoins ont déclaré que les blessures de l'enfant étaient très visibles à quiconque voulait se donner la peine de la regarder. Mme Lemay a déclaré que, lorsque l'accusé aperçut la victime sans connaissance, il demanda si il y avait longtemps qu'elle était dans cet état et si elle s'était confessée. Le témoin demanda d'envoyer chercher la grand'mère de l'enfant, mais Gagnon répondit: "Les gens parleront assez vite." Sur ce, Mme Lemay lui répliqua: "Les gens parleront avec raison. Je vous ai averti et vous n'avez rien fait." L'accusé lui a dit qu'il avait cessé de battre Aurore vu que c'était inutile, et qu'il avait décidé de la placer à l'école de Réforme. Sur la réponse que lui fit Mme Lemay que ce n'était pas une place pour une enfant de cet âge-là et qu'il devrait la mettre au couvent, il répliqua qu'il n'en avait pas les moyens. A Mme Hamel, qui attirait son attention sur les marques que portait l'enfant, Gagnon répondit qu'il n'en connaissait pas la cause. Elle-même a lavé l'enfant qui était très sale. L'enfant boitait. Gagnon était là. Il paraissait découragé et a dit qu'il croyait qu'il allait en devenir fou. Adjutor Gagnon, le seul témoin nouveau dans cette affaire, a passé quinze jours chez l'accusé. Il l'a vu battre Aurore avec une petite hart, mais pas d'une manière brutale. On croit que le procès se terminera demain. Source: Correspondant Le Devoir, "Les derniers témoignages," Le Devoir (Montréal), avril 26, 1920.
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