Aurore — Le mystère de l'enfant martyre
   
 
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CANADA,
PROVINCE DE QUEBEC,

DISTRICT DE QUEBEC,
Cité de Québec.

BUREAU DE LA PAIX.

(Instruction préliminaire)

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L'interrogatoire de VITALINE LEBOEUF, épouse de Télesphore Badaud, de la paroisse de Ste-Philomène de Fortierville,----

pris sous serment ce vingt-cinquième --- jour de février,-------dans l'année de Notre Seigneur mil neuf cent vingt,------dans la Cité de Québec, dans le district susdit, devant le soussigné, Juge des Sessions de la Paix, dans et pour la Cité de Québec, en présence de l'accusé Télesphore Gagnon:-

Interrogée par Mtre.Arthur Fitzpatrick, Substitut du Procureur Général:-

Q. Etes-vous parente avec l'accusé?

R Je ne suis pas parente.

Q. Connaissez-vous l'accusé, Madame Badaud?

R. Oui monsieur, je le connais bien.

Q. Est-ce qu'il vous a parlé au sujet de son enfant, Aurore?

R. J'étais chez un de mes garçons, et Télesphore Gagnon était là, c'était l'automne passé, et il a dit:"J'ai une petite fille assez têtue, je ne sais pas quoi en faire". Sur ça, j'ai dit:"Pauvre Télesphore, vas donc la mener à Québec, elle sera bien avec les Soeurs, les Soeurs la tiendront bien, crains pas".

Q. Quel était le nom de la petite fille?

R. Je ne me souviens plus.

Q. La connaissiez-vous la petite fille qui est morte?

R. Je la connaissais, mais j'ai jamais été là.

Q. Etait-ce de celle qui est morte qu'il parlait?

R. Oui monsieur; après ça, il a dit qu'il l'avait battue assez, à rester dessus, et j'ai dit "Pauvre Télesphore, tu pouvais bien la tuer, la battre comme ça, une petite fille comme ça", J'ai dit:"Télesphore, d'abord que tu l'as battue comme ça, tu l'as battue, ta petite fille, comme un homme qui bat un chien, donc?" Après ça, il m'a dit:"Elle m'a dit qu'elle allait me monter sur la tête, mais si elle me monte sur la tête, elle va descendre mal".

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Q. A-t-il dit avec quoi il l'avait battue?

R. Je ne lui ai pas demandé; je ne savais pas que ça virerait comme ça. Si je l'avais su, j'aurais parlé à quelqu'un.

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Transquestionnée par l'Honr. J.N.Francoeur, C.R., de la part de l'accusé :-

Q. C'est l'automne dernier, ça, Madame Badaud?

R. Oui monsieur.

Q.Vers quel temps?

R. Bien........

Q. Etait-ce dans le mois d'octobre?

R. C'est dans l'automne tard; c'est un petit peu avant que la petite fille vienne à l'hôpital; ils faisaient passer dans ce temps-là que c'étaient des petits garçons qui l'avaient battue

Q. C'est avant qu'elle vienne à l'hôpital?

R. Oui monsieur.

Q. Elle est venue dans le mois d'août?

R. Bien, c'est dans ce temps-là.

Q. Y avait-il beaucoup de monde chez votre garçon, quand il a dit ça?

R. Il y avait rien que la famille; ils étaient venus faire un solage.

Q. Y en avait-il d'autres que la famille?

R. Il y avait M.Couture, mais il dit qu'il a pas fait attention.

Q. Vous avez causé de ça avec M.Couture,pas mal, je voudrais savoir, Madame Badaud, quand cette conversation-là a eu lieu, que vous venez de raconter, qui il y avait dans la maison?

R. Rien que la famille; la femme était après faire son souper, elle a pas fait attention.

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Q. Votre garçon était-il là, aussi?

R. Oui monsieur.

Q. Est-il ici, votre garçon? Est-il témoin, Jimmy Badaud?

R. Mais il a pas entendu; moi j'étais près de Télesphore.

Q. Alors, il n'y aurait que vous qui avez entendu?

R. Moi, j'ai répondu à Télesphore là-dessus.........

Q. Il ne vous l'a pas dit qu'il l'avait déjà envoyé chez les Soeurs?

R. Je sais bien qu'elles y ont toutes été chez les soeurs.

Q. Elles ont déjà passé deux ans chez les Soeurs?

R. Oui monsieur.

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Source: ANQ, TP12, S1, SS1, SSS1, 1960-01-357605, 3C 030 03-07-001B-01, Cour des sessions de la paix, matières criminelles, greffe de Québec, Déposition de Vitaline Leboeuf, enquête préliminaire de Télesphore Gagnon, février 25, 1920, 3.

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