PETER REDPATH
EST DÉCÉDÉ CE MATIN À CHISELHURST,
EN ANGLETERRE
L’un des citoyens
les plus prodigues de Montréal
– ses dons munificents à
McGill – ses liens avec les
industries canadiennes
[PAR CÂBLE DE NOTRE CORRESPONDANT SPÉCIAL
DUSTARÀ LONDRES]
LONDRES, le 2 février – M. Peter Redpath est décédé hier à Chislehurst.
Il souffrait d’un rhume sévère depuis deux ou trois semaines.
M. Peter Redpath était âgé de 73 ans au moment de sa mort. Canadien de naissance, il habitait en Angleterre depuis de nombreuses années. Il habitait la maison du manoir de Chislehurst, située tout près de l’endroit où résidait l’impératrice Eugénie depuis la mort de l’empereur. À Montréal, le défunt était largement connu et apprécié pour sa générosité et sa munificence. Il avait grandement contribué à ses institutions et son nom, qui fut associé à tous les travaux d’envergure, y traversera les générations. Il était issu du premier mariage de feu John Redpath. Les autres enfants de ce premier lit étaient Mme T. M. Taylor, Mme John Dougall, Mme G. A. Drummond, Mme John Jas. Redpath et Mlle Jane Redpath. Mlle Jane Redpath est l’unique survivante de ce premier mariage. Les enfants de la seconde union sont Mme H. T. Bovey, Mme Fleet, M. Frank Redpath, Mme Dennistoun et feu le révérend George Redpath. Depuis 1854, le regretté gentleman était l’associé de l’honorable sénateur Drummond au sein de la raffinerie de sucre, qui était alors connue sous le nom de John Redpath et fils. À l’époque, l’entreprise n’avait pas encore été incorporée en société par actions. En 1879, il démissionna de la présidence et s’établit par la suite en Angleterre. Il se retira d’une participation active dans le monde des affaires en 1882.
Il fut, entre 1866 et 1879, l’un des directeurs de la Banque de Montréal, et demeura membre du London Board jusqu’à sa mort.
Il était impliqué dans la majorité des œuvres caritatives de la ville de Montréal et son nom sera dans les prières de plusieurs. Il avait occupé des années durant le poste de président du Montreal General Hospital, et demeura
L’UN DE SES PLUS IMPORTANTS CONTRIBUTEURS,
continuant de l’appuyer matériellement après son départ pour l’Angleterre. Il fut également directeur de la Montreal Rolling Mills, de la Canada Sugar Refining Company, de plusieurs entreprises minières des Cantons-de-l’Est ainsi que de l’Intercolonial Coal Company. Il portait un grand intérêt à la Montreal Telegraph Company et faisait partie de sa direction. Engagé dans le développement d’une grande partie de nos industries canadiennes, il faisait sans cesse preuve d’une grande convivialité. D’une probité et d’une intégrité remarquables, il était reconnu comme un homme de droiture, fidèle à lui-même et envers autrui. Son existence fut des plus intègres et des plus exemplaires. Presbytérien loyal, il était membre de l’Église presbytérienne écossaise, qui fut l’objet de nombreux gestes de générosité de sa part. En souvenir de son père, il fit don de plusieurs vitraux à l’église de la rue Crescent. Le défunt disposait de son vivant d’une richesse considérable, mais n’ayant pas lui-même de descendants, il faisait tout ce qui était en son pouvoir afin de
RENDRE LES AUTRES HEUREUX.
Selon lui, il valait mieux donner soi-même et ainsi pouvoir constater le bonheur généré, que de permettre à d’autres de distribuer sa richesse, ce qui ne lui aurait pas procuré la même satisfaction. Quoi qu’il en soit, il laisse derrière lui une vaste fortune, dont la majorité est investie dans les industries du Canada. Il laisse dans le deuil son épouse mais aucun descendant. Anciennement Mlle Grace Wood, de Manchester, cette dernière est une fille de l’éminent philanthrope. Les drapeaux, en berne à McGill et à la Banque de Montréal, rendent aujourd’hui hommage à l’homme qui a tant contribué à les mettre sur pied et à les maintenir dans la position enviable qui est la leur aujourd’hui.
M. Peter Redpath avait fait plusieurs dons princiers à McGill; cette université était pour lui un objet particulier d’attention et de sollicitude. Son nom, aux côtés de ceux de ses fondateurs, les Molson, les McDonalds et d’autres, est intimement lié à celui de l’établissement. Si ces patronymes n’avaient été inscrits au cœur des pages de son histoire, l’université n’occuperait pas aujourd’hui l’excellente position dont elle jouit parmi les grandes universités du monde. Fondée par un seul citoyen, elle a été maintenue en opération et agrandie grâce à la libéralité de M. Redpath et d’autres donateurs. Le Canada entier bénéficie de ses avantages et elle connaît un succès qui ne peut qu’être gratifiant pour ces gentlemen qui se sont dévoués à cette fin. L’importante expansion qu’a connue l’université au cours des dernières années témoigne de la prévoyance et de la munificence de M. Redpath, qui grâce à ses dotations, avait participé à sa mise en œuvre. Ses dons à McGill, en argent ou en bâtiments, sont des exemples de sa générosité remarquable envers les études libérales et professionnelles, et ne peuvent que couvrir son nom d’honneur.
M. Redpath offrit le musée Peter Redpath en cadeau à l’université en 1880, et ce dernier fut ouvert au public deux ans plus tard. En 1891, il fit don de la bibliothèque Peter Redpath, qui fut inaugurée avec éclat [en français dans le texte] par le Gouverneur général et Lady Aberdeen en octobre dernier. En 1871, il fonda la chaire Peter Redpath de philosophie naturelle, en lui octroyant 20 000 $. Il fit également don de 10 000 $ pour le fonctionnement du musée, en plus de sommes allouées à des améliorations. De nombreuses autres dotations, distinctions et médailles doivent leur existence à sa générosité. Il avait aussi offert plus de 3000 ouvrages afin de constituer la Collection de livres anciens Peter Redpath. Ces ouvrages sont d’une valeur inestimable. Certains d’entre eux ne peuvent être réédités.