Lettre d’Ada Maria Mills Redpath à ses enfants
New York
Mardi
Mes chers enfants,
Les médecins disent que je ferais beaucoup mieux de rester ici jusqu’à lundi – ils veulent que je m’habitue à ma nouvelle prothèse avant mon départ, et s’assurer de voir tous ses défauts. Afin qu’ils puissent me renvoyer à la maison en bon état, et sans douleur, parce qu’ils ne veulent pas que j’aie à me rendre là-bas ici très très bientôt. Voyez-vous, personne à Montréal n’est capable de modifier la prothèse ou de me la changer si elle me fait mal : il est donc mieux que je reste ici jusqu’à ce qu’ils l’aient correctement ajustée. Elle m’a fait incroyablement souffrir, mais ils apportent chaque jour quelques petits changements et ce soir elle est plus confortable, quoique pas encore tout à fait adéquate et je ne peux pas du tout marcher sans mes béquilles pour l’instant. Elle étire tant ma jambe que celle-ci mesure désormais un pouce de plus que ma bonne jambe, et les médecins disent que je dois les laisser installer une semelle d’une épaisseur de trois quarts de pouce sur la botte de mon bon pied. S’ils font cela, le pauvre Harold me considérera plus que jamais comme une géante. Mais peu importe, s’ils me laissent seulement retourner à la maison, j’accepterai de porter tout ce qu’ils veulent, et vous mes chéris, serez si heureux de voir votre mère que vous ne vous arrêterez pas aux défauts qui gâchent son apparence.[…]
Que Dieu vous bénisse mes précieux enfants,
Votre mère qui vous aime