Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

Brew au gouverneur de la Colombie-Britannique

Campement du lac Tathalco
18 août

[ , Lt. H.S. Palmer, drawn by J. Turnball, British Columbia Surveyor General's Branch Vault, Roads and Trails Drawer ]

Sir,

J’ai l’honneur de vous informer que la lettre que je vous ai adressée du campement de M. Cox aurait due être en date du 3 et non du 4 août. Comme je l’ai mentionné, le convoi de mulets est arrivé ce jour-là au campement de M. Cox chargé de provisions. Le lendemain, les mulets ont transporté la moitié des provisions à mon campement ce qui m’a permis d’avoir une réserve de farine pour 26 jours et du lard pour la moitié de ce temps. M. Cox a gardé le convoi de mulets à l’usage de son groupe et m’a donné dix des chevaux qui transportaient son matériel pendant l’expédition. Comme mes propres chevaux étaient très fatigués par le dur travail, j’ai dû louer 6 chevaux additionnels pour aider à transporter mes provisions.

J’ai levé le camp à Benshee le 7 du mois courant et je suis arrivé ici le 12. La distance aurait due être parcourue en trois jours, mais nos chevaux n’étaient pas en mesure de fournir l’effort pour ces longs trajets. Comme je ne connaissais pas le territoire, j’ai envoyé M. Elwyn avec un groupe d’hommes et je suis parti avec un autre groupe le matin du 13 pour examiner les sentiers et découvrir où ils menaient. M. Elwyn a traversé les montagnes vers l’est (Tathalco est presque au nord et au sud) et il est revenu au campement après environ 13 heures de marche. Il a vu le lac de McLean, le Meamia, ainsi que plusieurs autres lacs et il a bien vu les emplacements où un certain nombre de chevaux ferrés avaient été attachés à des piquets, mais il n’a pu découvrir aucune trace des Indiens. J’ai cheminé parfois par les sentiers et parfois à travers les buissons le long des rives du lac, au hasard, lorsque, à environ 20 milles du campement, j’ai trouvé des traces des Indiens et j’ai décidé de pousser plus loin jusqu’à ce que je les trouve. Nous avons longé le lac à partir duquel une rivière s’écoule dans la Homathco et j’ai visité plusieurs camps qui avaient été récemment habités par des Indiens; dans un de ceux-ci, ils avaient mangé du cheval ferré.

Nous avons parcouru environ 60 milles dans les chaînes côtières à partir de notre campement, mais nous n’avons vu aucun Indien sauf ceux qui étaient avec notre groupe. Dans une très belle vallée au cœur des montagnes, nous avons visité un camp qui avait été récemment abandonné par les Indiens. De toute évidence ils y étaient depuis un bon moment parce que la vallée est un jardin d’arbustes fruitiers qui avaient tous été dénudés de leurs fruits. Il y avait plusieurs chevaux dans leur campement qu’ils attachaient quelquefois à des piquets pour les nourrir. Bien que nous n’eûmes pratiquement plus un morceau à manger, nous aurions continuer notre avancée, sachant que nous pourrions nous nourrir de petits fruits, mais nous avons été arrêtés par une large et profonde rivière alpine de l’autre côté de la vallée qui se jette dans la rivière qui elle-même s’écoule du lac Tathalco. Je pense que les Indiens ont traversé la rivière au moment où le sous-bois était en feu. Je ne sais pas comment ils ont traversé, mais je crois qu’ils l’ont fait en canoës à partir du lac.

Nous avons marché quarante milles le quatrième jour et sommes rentrés au campement très fatigués. Plusieurs d’entre nous ne se seraient pas rendus cette nuit-là si M. Elwyn n’avait obligeamment envoyé les Indiens à notre rencontre avec des provisions à environ 15 milles de notre but. Nos Indiens ont dit que les Chilcotins n’auraient pas laissé le sous-bois s’enflammer, sauf s’ils partaient; ils pensent que les Chilcotins sont allés vers la mer pour pêcher puisque c’est le mois de la grande migration des saumons. Demain, je vais envoyer M. Elwyn descendre la rivière par radeau, en partant du lac. S’il ne trouve pas de traces des Indiens, je ne saurai plus où les chercher. Je n’ai que 14 sacs de farine dans le campement et comme cela prendrait 21 jours avant que les deux hommes reviennent d’Alexandria, je dois me retrancher de cette position sur une distance de plusieurs journées de marche. M. Cox avait pris des arrangements pour marcher dans notre direction à partir de Chilcotin jusqu’à une distance de 12 milles de mon campement, mais j’ai été informé qu’il a depuis changé ses plans et qu’il a décidé de rester 12 jours chez Alexis à environ 30 milles de Benshee et qu’il a renvoyé le convoi de mulets à Alexandria pour aller chercher des provisions. Permettez-moi de joindre certaines notes que j’ai reçues de sa part.

M. Cox a envoyé un Indien nommé Joe, le fils de Tapi, un des meurtriers, porter un message à Klatsassin. Il lui a permis de monter un des chevaux du gouv. et M. Ogilvy l’a escorté jusqu’à mon campement à Benshee. Ce Joe avait deux jours d’avance sur nous et je suis presque certain que nous avons suivi la piste de son cheval dans chacun des camps que nous avons visités. Il cherchait peut-être Klatsassin, mais à moins qu’il ne le ramène à M. Cox, je ne peux que soupçonner qu’il a averti les Indiens de notre arrivée. Bella Coola Tom s’est porté volontaire pour aller voir Anaheim, mais à Sutlith il a rencontré certains des hommes d’Ahan qui l’ont accusé d’aider à brûler leurs maisons et il a dit qu’ils allaient le tuer. Il avait peur d’aller à [Niconctlan?]. Dès que je serai en contact avec M. Cox, j’écrirai de nouveau à Votre Excellence. Il est possible que les Indiens se soient rendus à lui, car je suis certain qu’ils ne s’attendaient jamais à ce qu’on aille si loin dans leurs montagnes et je crois qu’ils ont tous peur.

Je demeure
l’humble serviteur de
Votre Excellence

C. Brew

Source: BCA, Colonial Correspondence, GR-1372, F193/15, Mflm B1310, Chartres Brew, Lettre au gouverneur de la Colombie-Britannique, 18 août 1864.

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