Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

Les causes du massacre de Bute

Daily British Colonist, 28 juin 1864.

M. Waddington nous a demandé de publier la lettre suivante, qu’il vient de recevoir, ainsi que ses commentaires.

New Westminster, C.-B., 21 juin 1864.

Monsieur,
Dans votre lettre au Colonist, en date du 13 juin, qui traite des causes du massacre de ces malheureuses personnes à Bute Inlet, je constate un paragraphe dans lequel un certain M. N. est mentionné.

Il est difficile de réfuter une affirmation qui n’est pas faite « en propia persona » (personne); mais puisqu’il ne peut y avoir de doute sur la personne que vous accusez ainsi, je vous écris officieusement en croyant que vous avez peut-être donné foi à ce qui vous a été raconté et que vous ne l’avez répété que par amertume; je pourrais ainsi vous excuser pour un jugement possiblement involontaire.

S’il n’y avait aucun fondement à ma supposition que les noms « N. » et le mien soient identiques, une simple note à cet effet me verrait reconnaissant et je serai désolé que cette lettre ait été envoyée. Mais, si ce n’est pas le cas, je ne peux guère douter que vous trouverez une manière de contredire ce qui peut mener à un malentendu une fois que vous aurez examiné les faits précisés dans cette lettre; si je devais être dans l’erreur dans les deux cas en ce qui vous concerne, je ne pourrai en aucun cas vous considérer comme un honnête homme.

J’ai quitté Alexandria en septembre 1861 avec trois chevaux de bât; seule une quantité de provisions qui permettraient à M. Cain (mon compagnon) de revenir ont été que rapportées; je suis demeuré seul à Bella Coola jusqu’au lendemain de Noël; mes provisions s’étant épuisées la même année, j’ai engagé des Indiens pour me conduire à Fort Rupert. Les seuls articles que je devais acheter des Indiens étaient de la volaille sauvage et du gibier; un équivalent était toujours donné. Je suis revenu de Victoria en mai 1862 avec plus de 2 tonnes de biens principalement destinés à Cariboo; une partie a été expédiée en août. Je n’ai ainsi jamais eu l’occasion de « vivre aux dépens des Indiens » (heureusement) puisqu’une telle entente est contraire à leurs habitudes. Les Indiens engagés pour construire un magasin pour moi et M. Hood avaient à peine commencé leur travail et j’ai été dans l’obligation d’engager des hommes blancs à leur place. Les planches de bois obtenues étaient celles d’un ranch déserté par les Indiens depuis que la variole avait éclaté et le Chef a été payé pour le peu de planches qui avaient été livrées. J’ai apporté le reste moi-même. Lors du premier accord, j’ai donné aux Indiens une promesse de paiement écrite (la coutume usuelle) – ils ont aussi reçu plusieurs choses en avance. Mais je n’allais certainement pas les payer pour un travail qu’ils étaient trop paresseux pour accomplir et pour lequel, à cause de leur négligence, j’ai subi de nombreuses complications matérielles et pécuniaires, car j’ai dû engager de la main-d’œuvre additionnelle.

Le certificat d’argent ainsi nommé est probablement entre leurs mains; je suis retourné à Alexandria après avoir acheté la maison en novembre.

J’ai l’honneur d’être, monsieur,
Bien à vous,

Cavendish Venables

Monsieur A. Waddington, Victoria, V. I.

Commentaires

Le gentilhomme qui m’a fourni l’information qui fait ici l’objet d’une plainte vit à Bella Coola depuis longtemps et les faits ont été scrupuleusement entendus de sa bouche; le nom seulement avait été omis à partir d’un sentiment que le public comprendra. Je suis au regret de constater que cette personne est absente de la colonie, ce qui retarde toute autre explication pour le moment, mais M. Venables ne devrait pas pour autant perdre le bénéfice de toute la publicité qu’il désire; toutefois, je dois souligner que toute cette histoire a été mise en circulation par d’autres sources il y a déjà un bon moment. Le système dont il est question, c’est-à-dire de donner aux Indiens une promesse écrite de paiement en retour d’un travail qu’ils n’ont pas encore commencé, est quelque chose de tout à fait nouveau pour moi et qui ne se fait pas en affaires. Ceci est peut-être une coutume usuelle à Bella Coola, mais le contraire a été ma coutume usuelle à Bute Inlet et j’imagine que c’est le cas à peu près partout ailleurs.

Alfred Waddington.

Source: "Les causes du massacre de Bute," Daily British Colonist, 28 juin 1864.

Retour à la page principale

 
les grands mystères de l'histoire canadienne