Le récit d’un survivantNous avons reçu le récit suivant de M. Edwin Mosley, un des survivants de la terrible tragédie et le seul membre de son groupe qui se soit échappé sain et sauf. Il dit que l’attaque est survenue le vendredi 30 avril à l’aube. Le groupe auquel il appartenait comptait douze hommes qui dormaient dans 6 tentes à environ neuf milles du traversier – où il a été ensuite établi que Tim Smith avait déjà été tué – et près de la troisième falaise. La première indication de l’attaque que M. Mosley dit avoir entendue est survenue lorsque deux Indiens sont arrivés à la tente où il dormait avec deux autres hommes, Joseph et James Campbell. Les sauvages étaient armés de mousquets, de haches et de couteaux; ils ont soulevé un coin de la tente, ont crié sauvagement et ont immédiatement tiré – faisant feu sur Fielding et Campbell et abattant la tente sur eux. Ils ont ensuite pris leurs couteaux et leurs haches et ont poignardé les deux compagnons de notre informateur à travers le canevas, les tuant rapidement. Mosley, sur qui le montant de la tente était tombé, est resté parfaitement tranquille et n’a pas été frappé. Les Indiens, pensant que les trois hommes étaient morts, se sont précipités pour attaquer une autre tente et notre informateur a rampé sous le canevas, a plongé dans la rivière qui n’était distante que de deux pas, et a couru dans l’eau qui n’était qu’à hauteur des genoux, se baissant derrière la rive et les buissons pour ne pas être vu. Il ne l’a pas été. Après avoir couru environ 100 verges, il s’est retourné vers la scène du carnage et a vu un grand nombre de femmes et d’enfants indiens autour de la tente où étaient gardées les provisions et qui était occupée par Chas. Bottle (un ancien soldat et mineur) qui était le cuisiner du groupe. Ils avaient apparemment tué Bottle et ils se divisaient les provisions. Mosley a poursuivi sa fuite dans la rivière sur une distance d’un mille, sautant de rocher en rocher sur la rive, lorsqu’il a vu un homme qui rampait en avant de lui. Au début, il l’a pris pour un des meurtriers, mais en s’approchant il a vu que c’était un homme de sa compagnie, Peter Peterson, un danois, qui avait reçu une balle dans le bras gauche et qui s’était échappé de la scène du massacre de façon similaire à celle de Mosley. Il était très faible et souffrait beaucoup de sa blessure. Les deux ont continué ensemble le long de la rivière sur une distance de deux milles lorsque le blessé s’est écroulé, a rampé le long des rochers pour se cacher et Mosley est allé au traversier chercher de l’aide. En arrivant au traversier, notre informateur a crié au passeur de le faire traverser, mais ne recevant aucune réponse et se sentant fatigué, est allé dans les buissons et s’est couché pour une demi-heure lorsque Peterson, qui avait un peu recouvert ses forces, est aussi arrivé et a crié avec aussi peu de succès. Pensant que le passeur devait être endormi, les deux ont continué à crier à intervalles réguliers pendant la journée, mais sans succès. Le passeur, pauvre homme, était sourd à tous cris terrestres. Ils sont restés du même côté de la rive jusqu’au lendemain midi alors qu’ils ont été rejoints par Buckley, un autre survivant du massacre qui avait été frappé sur la tête pendant son sommeil dans sa tente avec un mousquet par un Indien; il s’est levé d’un bond et a donné un coup de poing à son agresseur et il s’est précipité à la porte de la tente où il a été accueilli par deux Indiens qui l’ont tous les deux poignardé sur chaque côté en même temps. Il a levé le bras pour en frapper un, mais il a été poignardé dans le bras et il est tombé au sol. Ensuite les Indiens se sont précipités dans la tente pour tuer l’autre occupant, John Hoffman, un vieux chasseur de Puget Sound. Buckley, lorsqu’il s’est réveillé, a rampé dans les buissons et s’est couché jusqu’à midi; il a ensuite rampé vers l’endroit où la tente de Brewster avait été érigée, environ deux milles plus loin. En arrivant près de l’endroit après la noirceur, il a vu des feux et entendu des chiens aboyer et, puisqu’il n’y avait aucun chien dans le groupe de Brewster, il en a conclu avec justesse que le groupe avait également été victime des agresseurs. Il s’est couché dans les rochers jusqu’à l’aube alors qu’il est parti vers le traversier où il est arrivé sans rencontrer d’autres Indiens. Après que Buckley eût rejoint Mosley et Peterson, les trois ont attaché une boucle dans la corde guide qui traverse la rivière; dans cette boucle Buckley s’est attaché et a lentement traversé, pouce par pouce, jusqu’à ce qu’il arrive à environ 12 pieds de la rive opposée où il s’est laissé tomber dans la rivière et a nagé jusqu’à la rive. Les autres ont réussi à traverser de la même manière et ont découvert que le chaland avait été taillé en pièces à la hache et que la maison avait été presque totalement pillée de son contenu. Près du feu où le passeur préparait généralement ses repas, il y avait beaucoup de sang et de cet endroit jusqu’à la rivière, il y a des traces comme si un corps avait été traîné sur le sol et jeté dans l’eau. Environ une heure après, deux passeurs, des Canadiens français, avec 5 indiens de Bute Inlet sont arrivés de l’embouchure de la rivière. Ils avaient entendu parler du massacre par un Indien qui avait travaillé pour le groupe de Brewster et qui avait été épargné par les Chilcotins qui lui avaient dit de partir. Cet Indien a rapporté qu’il était passé par le camp duquel Mosley et ses compagnons s’étaient enfuis et qu’il avait vu les corps de neuf Blancs étendus sur le bord de la rivière, dénudés et terriblement mutilés. Les Chilcotins lui ont dit qu’il valait mieux pour lui de [clattawa?] et ils lui ont donné un couteau pour se défendre au cas où il rencontrerait des Blancs. Il a ajouté que les meurtriers ont rencontré trois hommes du groupe de Brewster vers sept heures le même matin et qu’ils les ont tués alors qu’ils travaillaient. Deux des meurtriers procédaient au meurtre de M. Brewster, qui était un peu plus loin en train de se frayer un chemin sur le sentier, lorsque les Indiens qui étaient des amis sont partis. Les porteurs et les Indiens étaient armés jusqu’aux dents. Le chaland a été réparé et les deux blessés, deux Indiens, un des porteurs et M. Mosley ont descendu la rivière jusqu’au relais, 15 milles plus haut que l’embouchure de Inlet où ils ont rencontré un autre Indien avec un grand canoë qui les a amenés jusqu’à la ville. On était mardi midi. Ils se sont arrêtés à la ville jusqu’à midi le lendemain alors qu’ils sont repartis pour Nanaimo dans un canoë avec comme équipage deux Indiens Bute Inlet et un des porteurs. Ils y sont arrivés au crépuscule le samedi soir. Les habitants ont pris soin d’eux et leur ont fourni tous les soins médicaux dont ils avaient besoin jusqu’au mardi, moment où ils sont partis pour Victoria, le Emily Harris arrivant ici à environ 8 h hier matin. M. Mosley a dit que les Indiens s’étaient toujours montrés amicaux envers les Blancs et qu’il n’y avait jamais eu de problèmes entre eux et les hommes. Ils étaient tous employés par la compagnie. Peterson a dit que l’homme qui lui a tiré dessus avait été engagé pour transporter les mèches pour le forgeron. L’attaque était sans aucun doute un acte de pillage. Source: Edwin Mosely, "Le récit d’un survivant," Daily Chronicle, 12 mai 1864.
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