De George McDougall à John Stuart[18 janvier 1822] … Après… avoir conféré avec M. McDonell à propos d’aller chez les Chilcotins… et de mes inquiétudes – une telle occasion ne se représenterait peut-être pas de sitôt – à savoir si je devais m’attendre à quelque chose de cette région, en plus d’avoir promis aux trois Indiens de là-bas qui étaient venus ici en oct. dernier que nous irions leur rendre visite au cours de l’hiver, j’ai pris la décision de partir immédiatement… M. McBean, Duncan Livingston, onze hommes, un guide indien et moi-même sommes partis le 2 [janvier] et M. McDonell est demeuré en poste pendant mon absence. Les routes étaient si mauvaises, la température si douce et la neige si profonde que nous ne sommes arrivés à la rivière que le 7e jour dans la soirée. Le huitième ou neuvième jour du mois courant, nous sommes arrivés à une hutte où logeaient trois Indiens et leurs familles qui pouvaient à peine nous donner suffisamment de saumon pour un repas. Ils n’avaient pas de castor, car ils les avaient utilisés pour confectionner trois ou quatre nouvelles couvertures qu’ils portaient. Nous les avons quittés à deux heures et demie le lendemain et, après avoir continué notre chemin pendant huit milles le long des berges d’une rivière remarquable très peu profonde et très rapide, mais bordée de vastes et magnifiques plaines, nous avons érigé notre campement. Le matin suivant nous avons poursuivi notre ascension sur huit ou neuf milles, ce qui nous a menés à deux huttes abritant neuf ou dix familles qui avaient quelques fourrures en leur possession. Si nous étions venus au début de décembre, nous en aurions obtenu davantage, car, seulement dans ces deux huttes, nous [avons] vu sept ou huit magnifiques nouvelles couvertures qui avaient sûrement été confectionnées très récemment. Nous avons décidé de faire un arrêt à cet endroit et nous avons envoyé un Indien chercher les autres Indiens des environs afin qu’ils apportent les fourrures en leur possession à notre camp. Notre premier messager est revenu avec un petit nombre d’Indiens qui nous ont dit que leurs amis seraient venus, mais qu’ils n’avaient pas cru le messager que nous avions envoyé qui disait que nous étions ici; nous en avons donc envoyé un autre vers 12 h le 11 janvier ayant choisi d’attendre pour voir si d’autres viendraient. Pendant ce temps, plusieurs retardataires sont arrivés, mais ils n’apportaient presque rien. Le matin du 12, nous avons obtenu trois ou quatre peaux de castor d’autres Indiens qui nous ont dit franchement qu’ils avaient tué de nombreux castors à l’automne dans le but de faire du commerce avec nous, mais comme nous ne venions pas et que le temps froid était à leur porte, ils ont transformé en couvertures tous leurs castors. Ils semblaient prêts à nous les échanger si nous avions pu leur donner quoi que ce soit en échange afin qu’ils puissent se couvrir. Cela était toutefois impossible et, même si en passant quelques jours de plus parmi eux nous aurions pu obtenir quelques peaux de castor de plus, j’ai cru qu’il serait plus prudent et avantageux de partir. Nous avons donc quitté le 12 janvier en après-midi avec seulement 12 castors parcheminés, trois autres apprêtés de la même manière, une couverture de castor, un renard argenté, une petite et une grande peau de castor pesant 37 lb. Ce voyage est de loin le moins fertile que j’aie fait, toutefois, j’ai toutes les raisons de croire que dans un avenir proche, nous en récolterons de nombreux avantages salutaires. Ce sont de très bons Indiens à l’allure courageuse dont les terres, loin d’être pauvres, regorgent de castors et de gros animaux. Si l’on en juge d’après ce que l’on nous a dit et qui a été corroboré par ce que nous avons pu voir de cette partie du territoire, alors que leurs vêtements nous donnent une preuve additionnelle de ce qu’ils nous ont dit. Les hommes portaient généralement de bons vêtements chauds en peaux de chevreuil et de wapiti de bonne qualité; ils disposaient également de quelques couvertures en peau de caribou et de bonnes jambières de cuir d’excellente qualité. Les femmes que nous avons vues, ainsi que leurs enfants, sont pour la plupart vêtues de bonnes couvertures de castor. Aucune femme ni aucun homme n’avait les jambes dénudées ni n’était vêtu pauvrement. Ceux que nous avons vus et qui semblent avoir une certaine autorité parmi eux nous ont donné des renseignements généraux sur leur territoire, renseignements qu’ils semblaient partager généreusement et de bon cœur. Ils paraissaient joyeux lorsque nous sommes arrivés parmi eux. Le résultat de nos demandes d’information est décrit brièvement ici : La partie ouest de la rivière abonde de lacs et de petites rivières où l’on trouve des castors en quantité et presque toutes les espèces de poissons selon la saison. La partie orientale est peu peuplée de poissons ou de castors, mais c’est le territoire de chasse qu’ils préfèrent pour le gros gibier. Nous avons aussi vu des peaux d’orignal, un animal qui vit sur leurs terres, mais il semble que les caribous soient les plus nombreux à certaines saisons. De ce que nous avons vu de la rivière, elle a 50 ou 60 verges de largeur, coule du nord au sud et prend sa source dans un grand lac dont ils disent qu’il fait environ un demi mille de large. Ils nous ont dit qu’en canoë, deux jours sont nécessaires pour aller d’un bout à l’autre, en poursuivant dans la même direction que la rivière qui, selon eux, leur fournit des saumons en abondance en saison. En résumé, s’il faut les croire, leurs territoires regorgent de lait et de miel. Il est certain que lorsqu’ils auront les outils appropriés pour prendre les castors, ils seront une excellente addition pour cet établissement [Alexandria] et peut-être mériteront-ils un jour leur propre établissement. Ils s’émerveillaient devant tous nos outils en fer, mais plus particulièrement devant nos pièges. Je crois qu’ils se procureront beaucoup de munitions, certains en ont même déjà acheté un peu. L’un d’eux avait un fusil, un Barnetts de 1808, et selon lui plusieurs autres avaient obtenu des fusils par l’entremise des Indiens venus de la mer. À l’extrémité de leur lac, ils traversent une montagne; après un portage léger de cinq à six jours, ils aboutissent à un fleuve qui coule vers le sud et se jetterait dans la mer. À force de poser des questions et au moyen de petits bâtons, nous avons réussi à connaître presque tous leurs effectifs. Selon eux, il y a six grandes huttes près du lac qui abritent 53 familles, de l’endroit où nous arrivons à la rivière jusqu’à l’entrée du lac, 25, et plus bas, il y en a quatre autres. En tout, le long de la rivière, se trouvent 29 huttes qui abritent 131 familles. Ils ont un grand chef et quatre autres chefs quelque peu respectés. De l’entrée du lac jusqu’à l’endroit où la rivière Chilcotin se jette dans le fleuve Fraser, il leur faut trois bonnes journées de marche lorsqu’ils voyagent légèrement. Notre parcours ou notre sentier à partir de ce point pour se rendre à cette rivière était en général en direction sud et sud sud-est, à une distance d’environ 100 milles, à travers une région accidentée et montagneuse avec pas moins de quatre montagnes à traverser… le 16, nous sommes tous arrivés sains et saufs… [Les Indiens chilcotins] nous ont promis de prendre du castor ce printemps et… de traverser au début de l’été avec leurs prises… Source: BCA, Manuscript, Fort Chilcotin, MM/C43, George McDougall, Lettre à John Stuart, 18 janvier 1822, 1-4.
|
|||
Accueil | Contexte | Guerre | Suites | Interprétations | Archives | Chronologie | Nouvelles | Devenir Historien |