La presse écrite et son influence au début du XXe siècleTexte de Carolyne Blanchard, janvier 2004 Pour les chercheurs et chercheures en histoire, les journaux représentent une masse d’information considérable. Ils permettent de reconstituer des «faits» historiques et d’évaluer certains aspects des mentalités des journalistes et de la population en général. Au XIXe siècle, les journaux sont surtout des organes de partis politiques ou défenseurs d’une certaine idéologie. Ces journaux d’opinion se présentent toujours sous une même forme, généralement quatre pages, six à huit colonnes, pas de gros titres par soucis d’économie. Ils s’adressent surtout à une élite (alphabétisée, bien sûr) qui s’intéresse à la politique. La fin du XIXe siècle voit la transformation des journaux d’opinion en journaux populaires, qui défendent les causes de toutes sortes, ou en journaux d’informations. À cette époque la technologie, autant que le désir de faire du journalisme d’information s’adressant au «peuple», transforment radicalement l’image de la presse. Dès le début du XXe siècle ce sont les nouvelles, les faits divers et beaucoup moins les débats politiques qui remplissent les pages des journaux. Des moyens techniques, tels des presses plus rapides, des méthodes typographiques toujours plus efficaces, la possibilité d’utiliser de gros caractères et des titres qui prennent l’espace de toute une page (grâce au coût moindre du papier), sont tous des facteurs qui permettent de produire des journaux attrayants et en grande quantité, pour des lecteurs en constante augmentation. Le journal entre maintenant dans de nombreux foyers, il s’adresse de plus en plus à tous les membres de la famille, avec des sections pour les femmes et pour les enfants. Dès 1914, les journaux ont sensiblement la même apparence que ceux d’aujourd’hui. Avec son prix d’achat qui diminue constamment, le journal n’est plus un luxe et les «masses» peuvent y avoir accès. D’ailleurs ces lecteurs sont exigeants et veulent non seulement retrouver dans leur quotidien des nouvelles de leur quartier, mais aussi de partout dans le monde. Les télégraphes, le câble transatlantique, les téléphones, les réseaux de transport et les journalistes toujours plus nombreux permettent ce foisonnement d’informations. Ces journaux d’information tendent à devenir des instruments de diffusion et d’éducation populaire. Ils conservent certains éléments des journaux d’opinion tels l’annonce des décès, des naissances, la visite d’un personnage important, etc. Par contre, les faits divers, les événements criminels et ceux qui sortent du commun font les premières pages et les grands titres. Les scandales et les meurtres y sont décrits et détaillés de façon à attirer l’attention, à inciter le public à se procurer un exemplaire du journal pour connaître tous les derniers développements d’une affaire scabreuse qui tient le public en haleine. Éléments de lecture : Beaulieu, A. et Jean Hamelin. La presse québécoise des origines à nos jours. Québec, Presses de l’Université Laval, 1987. Bonville, Jean de. La presse québécoise de 1884 à 1914. Genèse d’un média de masse. Québec, Les presses de l’Université Laval, 1988, 416 pages. |
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