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Pénitencier de Kingston H-600 Date 11 fév. 32 [tampon du KINGSTON PENITENTIARY-CENSOR No1-FEB 22 1932] Honorable Hugh Guthrie Monsieur, je suis parfaitement au courant de la dépression qui existe à l’extérieur. Mais je voudrais vous dire que j’ai maintenant deux grands garçons et ils veulent que j’aille rester avec eux. Je veux aussi vous informer que j’ai une offre d’emploi chez Mme Burleigh, au 27 avenue Livingston à Kingston en Ont. Cette offre est toujours là et j’ai pensé accepter cet emploi jusqu’au moment où mes fils se seront arrangés pour me prendre avec eux. Monsieur, je suis si abattue et si découragée dernièrement que je ne sais plus quoi faire avec moi-même. En conséquence, Monsieur, je demande humblement que vous m’accordiez votre compassion. Cher Monsieur, en ce qui concerne les actions dont j’ai été reconnue coupable, etc., je veux attirer votre attention sur le fait qu’elles ont été commises alors que j’étais dans un état fragile à cause de ma grossesse qui, comme nous le savons tous, n’agit pas deux fois de la même façon sur une future maman, non plus qu’elle n’a le même effet sur deux femmes différentes. Durant ces périodes, mon premier mari engageait toujours quelqu’un pour m’aider et cette personne était avec moi durant toute ma grossesse; mais mon deuxième mari n’a jamais demandé à quelqu’un de s’occuper de moi pendant ces périodes. Il s’agit de la nature humaine, Monsieur, et nos médecins, qui sont si intelligents, n’arrivent pas comprendre les différents effets d’une grossesse sur une femme. Conséquemment, alors que je vous ai écrit de si nombreuses demandes, vous ne me tiendrez pas rigueur car je n’étais vraiment pas responsable. Je vous supplie de m’accorder ma libération, car je ne peux tout simplement plus endurer l’emprisonnement encore longtemps. Monsieur, ne vous méprenez pas. Je parle de la monotonie et de l’emprisonnement sans fin. En conséquence, mon très Cher Monsieur, je regrette infiniment, et j’ai demandé à Dieu de me pardonner. J’espère, Monsieur, que vous me pardonnerez aussi et que vous réaliserez à quel point il est inutile de me garder ici plus longtemps. J’ai souffert et il y a longtemps que je me suis repentie de mes erreurs. Je les regrette. J’espère, mon très Cher Monsieur, que vous accueillerez cette demande favorablement. En toute obéissance P.S. Je voudrais rajouter que je suis certaine que Mlle Robinson, la «matrone» et l’assistante matrone seront heureuses de donner de très bonnes recommandations car j’ai essayé d’accomplir mes tâches le plus sérieusement possible. M H. Source: ANC, , RG 13, Box 1507, File Houde Marie-Anne, vol. 1, part. 1, Marie-Anne Houde, Letter from Marie-Anne Houde to the Minister of Justice, février 11, 1932, 2.
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