S’il existe des documents gouvernementaux concernant l’affaire Gagnon, c’est qu’il y a eu une condamnation à mort prononcée contre Marie-Anne Houde. Au Canada, avant l’abolition de la peine capitale, il y a révision automatique par le Ministère fédéral de la Justice lorsqu’une telle sentence est prononcée. Tous les documents relatifs à la cause en question sont donc transmis au gouvernement fédéral aux fins de cette révision. Tous les dossiers de ce genre sont conservés aux Archives Nationales à Ottawa dans le fonds «Dossiers de la peine capitale» (RG 13).
Dans le dossier fédéral relatif au cas de Marie-Anne Houde, nous retrouvons des copies des mêmes dépositions que celles disponibles aux Archives Nationales du Québec et dont vous pouvez consulter une sélection via nos «archives virtuelles». Nous trouvons également, entre autres, des documents judiciaires au sujet de la commutation de la peine de mort et de la libération éventuelle de Marie-Anne Houde, les lettres et les pétitions du public pour ou contre cette commutation et cette libération ainsi que la correspondance entre Marie-Anne Houde et le ministère de la Justice ou le Département des pardons.
Ces documents sont des plus fascinants en ce qui a trait à Marie-Anne Houde elle-même. À la lecture des lettres qu’elle écrit pour obtenir sa libération, nous découvrons une facette jusqu’alors insoupçonnée de cette femme qui se présente, dans sa correspondance, comme une mère attentive aux besoins et au bien-être de ses enfants. D’ailleurs, les rapports du gardien de la prison de Kingston l’érigent en prisonnière modèle.
Le dossier concernant la peine capitale de Marie-Anne Houde est divisé en trois volumes qui ne présentent ni classement ni logique interne évidents. Les documents se présentent sous forme manuscrite ou dactylographiée. Parfois ce sont des formulaires d’établissements ou gouvernementaux, des télégrammes et des notes personnelles. De telles sources nous permettent de connaître les idéologies et les motivations des personnes qui écrivent au gouvernement pour demander la commutation de la peine de Marie-Anne Houde, ainsi que de celles qui sont en désaccord avec cette commutation. Elles font ressortir en même temps les différentes étapes d’une demande de libération et permettent de comprendre les enjeux personnels, administratifs et même politiques d’une telle demande, notamment dans le cas d’une «cause célèbre».