Les runes non énigmatiques de la pierre de Kensington
[…] L’ancienne tradition qui consistait à utiliser des runes au quotidien en Scandinavie s’est terminée à la fin du Moyen Âge. Les seizième et dix-septième siècles ont connu des renouveaux de l’utilisation de l’écriture runique, et dans la province de Dalécarlie, l’utilisation de ces nouvelles runes, les runes dalécarliennes (dalrunor[) ont connu une période florissante; on a recensé près de 350 inscriptions runiques en provenance de Dalécarlie.
La plupart des inscriptions dalécarliennes sont très courtes et ne donnent que le nom ou les initiales de la personne qui a fait un bol ou une assiette en bois et la date. L’inscription est parfois une partie d’un hymne ou d’une prière. Il y a également eu un regain d’intérêt pour les antiquités.
Les inscriptions runiques ou l’alphabet runique étaient imprimées dans des livres savants, tel Historia degentibus septentrionalibus (1555) par Olaus Magnus. À partir de la fin du seizième siècle, il y a toujours des gens particulièrement intéressés par les inscriptions ou l’alphabet runiques imprimés dans des livres. Ils aimaient inscrire des runes dans des manuscrits, sur des bagues, des couteaux, des cornes à boire, des objets de bois tels les calendriers runiques et autres artefacts. Ils ont parfois même fabriqué des pierres runiques pour recréer le sentiment d’un passé glorieux.
Les formes des runes dans ces inscriptions récentes diffèrent très peu, ou pas du tout, de celles trouvées sur les monuments runiques de l’ère viking ou des runes dans les livres des spécialistes des antiquités. Par contre, les runes des dix-huitième et dix-neuvième siècles étaient parfois différentes.
Les caractères runiques trouvés dans les inscriptions de l’époque post-Réforme pouvaient avoir différentes formes (allographes) sans affecter l’identité de base du caractère runique (graphème). Pourtant les runes étaient utilisées dans des contextes nouveaux, par exemple la tenue d’un journal par un paysan. En fait, on retrouve au dix-neuvième siècle des reproductions de l’alphabet runique imprimées parmi les recensements de différents alphabets.
Les runes de Kensington peuvent être vues dans de telles circonstances et trois exemples d’inscriptions datant des dix-huitième et dix-neuvième siècles prouvent que les runes de Kensington n’appartiennent pas au Moyen-Âge mais bien au dix-neuvième siècle. […]
Les rangées de runes de Larsson
Il y a quelques années, les petits-enfants d’Edward Larsson de la ferme Pernils du village de Holscker dans la paroisse Dala-Floda en Dalécarlie ont fait don de la collection de papiers, livres, lettres et documents de ferme aux Archives du dialecte, des noms de lieux et du folklore à Umeå. Larsson était un tailleur et il avait beaucoup voyagé pour apprendre son métier auprès de maîtres tailleurs. Il était également musicien et la plupart des documents de la collection sont des partitions manuscrites. Lorsqu’il est décédé en 1950, son fils, puis ses petits-enfants ont hérité de la collection.
L’archiviste Staffan Lundmark a trouvé deux feuilles de papier contenant des écritures variées et il les a montrées à Tryggve Sköld, professeur à la retraite, qui les a publiées dans la revue DAUM-KATA 2003 (www.sofi.se/daum/katta/kattal3/kattal3.pdf). Les papiers étaient signés par Edward Larsson en 1883 et 1885 – et il écrivait les chiffres en utilisant le même système pentaèdre que l’inscription de Kensington!
Les deux documents utilisent l’alphabet runique complet, soit 27 symboles et 10 chiffres pentaèdres. Certaines des formes runiques (a, g, k, v, ä, ö) de l’alphabet runique de Larsson sont identiques ou intimement liées à celles de Kensington.
[…] Cet alphabet runique a probablement été créé aux dix-huitième et dix-neuvième siècles et l’émigrant suédois qui a gravé l’inscription de Kensington au dix-neuvième siècle devait le connaître. […]