La culture des Doukhobors et leur immigration au Canada
Au Canada, les Doukhobors sont aujourd’hui reconnus pour leur pacifisme basé sur leurs principes chrétiens. La structure économique et sociale communautaire qui a marqué les quarante premières années de leur vie dans ce pays est une autre des caractéristiques qui les distinguent. On parle souvent d’eux comme d’une communauté, ce qui suggère qu’ils ont une seule culture. Le principe qui les représente le mieux est « Travail et non-violence ».
Cependant, lorsqu’on étudie l’histoire des Doukhobors, on s’aperçoit que certaines des caractéristiques essentielles n’ont été que récemment greffées à leur culture. Les Doukhobors ne constituent pas un seul peuple. Ils connaissent depuis longtemps des divisions internes. Ils ont travaillé fort et ils travaillent encore. Mais ils ont rarement connu une vie de non-violence, que ce soit entre eux ou avec les non-Doukhobors. Ces tensions nous permettront peut-être de trouver des indices sur les causes de la mort du chef des Doukhobors, Peter V. Verigin.
L’Église catholique romaine a eu Martin Luther, Jean Calvin et d’autres dissidents qui ont marqué le début de la Réforme protestante au début du seizième siècle. L’Église orthodoxe russe a elle aussi connu ses moments de crise. Au dix-septième siècle, le groupe connu sous le nom de « vieux ritualistes » rejette la hiérarchie complexe de l’Église orthodoxe et choisit plutôt de suivre une spiritualité plus simple. Ils rejettent les membres du clergé et choisissent à la place de suivre des rituels religieux simplifiés.
Ce sont les chefs associés à ce mouvement qui deviendront les premiers Doukhobors dans le sud de la Russie au début du dix-huitième siècle. Les Doukhobors soutiennent que chaque personne possède une étincelle de Dieu à l’intérieur, suggérant ainsi que tous les humains sont égaux. Puisque chaque personne possède une étincelle de Dieu à l’intérieur, tuer une personne revient à tuer Dieu. Ces dissidents rejettent également l’attention portée par l’Église orthodoxe russe aux icônes, des représentations figuratives de personnages religieux tels que le Christ, Marie ou un saint. Ils soutiennent que c’est une forme d’idolâtrie. Ils utilisent des symboles plus concrets lors de leurs rituels, tels que le pain, le sel et l’eau. Les premiers chefs doukhobors ont également amené l’idée du « livre vivant » qui contient des psaumes et des chansons qui proviennent de la tradition orale afin de remplacer la Bible qui, étant un document écrit, n’est pas digne de confiance. Cette décision traduit bien l’attitude paysanne russe envers les écrits, la bureaucratie et l’éducation en général.
Aux environs de 1785, un archevêque de l’Église orthodoxe invente l’expression « Dukho-borets » pour parler de ceux qu’il considère comme des hérétiques. Il veut dire qu’ils se battent contre l’Esprit saint. Mais les Doukhobors choisissent de comprendre qu’ils sont de vrais « lutteurs spirituels » ou des saints.
Puisque l’Église orthodoxe russe est alliée avec le système politique tsariste, un système répressif, ces dissidents religieux subissent donc des persécutions autant religieuses que politiques. Au début du dix-neuvième siècle, les paysans et les autres personnes identifiées comme des Doukhobors sont envoyés de force dans les territoires aux frontières de l’empire russe qui est en pleine expansion. Au cours de ce même siècle, les Doukhobors déménageront deux fois pour finalement se retrouver dans les montagnes du Caucase entre la mer Noire et la mer Caspienne.
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