E. Wyly Grier, « L’art canadien : un résumé », The Year Book of Canadian Art [Annuaire de l’art canadien], 1913
Dominion of Canada Industrial Exhibition Art Gallery, Galbraith Photo Co., Toronto, 1903, Archives of Ontario, F 1140-7-0-3 / I0010330
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Sur ce continent, un artiste est encore plus singulier qu’en Angleterre. Nous n’avons pas de classe oisive; pas de fils inactif qui poursuit tranquillement un objectif dilettante et qui, presque inconsciemment, se dirige vers les arts. Au Canada, le jeune artiste, se rendant compte qu’il doit gagner sa vie, devient apprenti dans une firme de lithographes ou de dessinateurs, apprend son « grand » art de soir dans une classe ou une école d’art, puis émerge graduellement dans la lumière grâce aux expositions publiques pour finalement devenir célèbre. Cette gloire est d’abord locale et est plus facile à obtenir qu’en Angleterre, où les compétiteurs sont plus nombreux et où la valeur est jugée selon la reconnaissance dans les grandes expositions européennes. […]
Je suis réticent à introduire dans le cercle parfait des arts apparentés l’éternelle pomme de discorde qu’est l’art national. Mais je suis d’avis que notre art ne sera jamais en position de commande, pour utiliser un terme militaire, jusqu’à ce que nous soyons mus par de grandes émotions provenant de notre paysage; soutenus dans nos grands et courageux efforts par notre climat; patients et persévérants dans ce que nous entreprenons grâce à notre esprit de pionnier, le même qui animait les explorateurs et les soldats dès les débuts du Canada. L’art a besoin de courage. […]