Les travaillistes remportent 390 des 640 sièges
par HERBERT L. MATTHEWS
Reportage spécial du New York Times pour le Globe and Mail. Copyright
Potsdam Conference, Unknown, 1945-07, U.S. government, Churchill, Truman and Stalin make friendly at the Potsdam Conference
Londres, le 26 juillet. Dans une des victoires électorales les plus surprenantes de l’histoire de la démocratie, la Grande-Bretagne a effectué un virage à gauche, les conservateurs ont connu une défaite écrasante et les travaillistes ont pris le pouvoir avec une vaste majorité. Winston Churchill a démissionné de son poste de premier ministre et Clement Attlee a accepté l’invitation du Roi de former un gouvernement travailliste. Les libéraux ont également connu une défaite surprenante.
Lorsque le résultat final a été connu, le Parti travailliste avait gagné 390 des 640 sièges du Parlement, un total stupéfiant.
[…]
Une telle majorité veut dire que le Parti travailliste peut compter rester au pouvoir pendant un terme complet de cinq ans, car il ne pourra pas être battu sur un vote de confiance.
Le monde qui s’attendait à ce que l’Angleterre donne le ton a reçu une réponse extraordinaire. La gauche est aujourd’hui et sera demain et pour les mois et les années à venir le pouvoir dominant en politique mondiale.
Les résultats sont le désaveu catégorique et personnel de M. Churchill comme chef d’État en temps de paix. Il a lui-même personnalisé cette élection : il a demandé que les gens votent pour lui et qu’ils lui redonnent le pouvoir. Les électeurs ont répondu : une défaite écrasante de son parti et la défaite dans sa propre circonscription […] où […] 10,500 électeurs sur 38,000 ont voté contre lui.
Le mandat était très clair. L’un des plus grands chefs de guerre que ce pays ait connu dans sa longue histoire n’était pas désiré en temps de paix.
Quelques centaines de personnes qui avaient attendu par simple curiosité à l’extérieur du 10 Downing Street ont pu voir la forte silhouette familière avec son immanquable cigare sortir à pas lourds, traverser les barrières et monter dans son automobile à 7 heures ce soir. Il était attendu au palais de Buckingham.
Il y avait encore moins de monde qui attendait à cet endroit. Ils ont vu Winston Churchill pour la dernière fois comme premier ministre alors qu’il était assis seul, le visage sombre, sur le siège arrière de l'automobile qui a traversé les grilles d'entrée. Certains l’ont acclamé et le premier ministre a souri et a levé sa main en faisant le V, ce geste familier et caractéristique de la victoire. C’était peut-être par instinct […]