LES COMMUNISTES ET LA GUERRE
Le CLARION
Organe du Parti communiste du Canada pour la circonscription d’Ottawa
Prix : cinq cents Vol. 1 no 11 1 fév. 1941
La guerre dure depuis maintenant 17 mois. Sa violence et son intensité augmentent. Nous, communistes, sommes les seuls à former une force unie et disciplinée au Canada pour contrer les efforts des bellicistes pour plonger le Canada encore plus profondément dans cet holocauste. Notre objectif est 1) d’extirper le Canada de cette guerre impérialiste 2) d’atteindre une paix mondiale qui soit juste, démocratique et durable 3) de mettre fin à la guerre pour toujours en abolissant le système capitaliste et en établissant le socialisme.
Sous la Loi des mesures de guerre passée par le parlement canadien à la session de sept. 1939 et sous les Règlements concernant la défense du Canada passés par le Gouverneur général en conseil (le Cabinet) puis devenus lois du pays sans adoption parlementaire, une campagne éclair préparée contre la population du Canada a démarré lors du déclenchement de la guerre. Les forces réactionnaires, tenues en échec pendant plusieurs années par le mouvement progressif grandissant, ont vu dans la situation provoquée par la guerre une chance de porter des coups vicieux contre les libertés civiles, des coups qu'ils n'auraient jamais osé porter en temps de paix. Ils ont pris avec assurance le sentier menant au fascisme.
La conscription (le premier pas du pas de l'oie) a été lancée. Il est vrai qu’elle a été étiquetée « seulement pour la défense nationale » tout comme l’inscription nationale avait été traitée d’un ton dédaigneux comme un « simple inventaire ». Lorsque l’inventaire est terminé, la pratique habituelle est de mettre une partie du bétail dans des voitures et de l’envoyer à l’abattoir. On fait maintenant des paris ouvertement sur le fait que le « bétail » humain aura bientôt des uniformes, qu’il sera mené en troupeau sur un bateau et envoyé à l’abattoir outre-mer.
Les libertés civiles ont été retirées et un règne de terreur fasciste implanté. Des centaines de Canadiens ont été emprisonnés ou internés pour s'être opposés aux plans des guerriers. Plusieurs publications ouvrières, pacifistes et religieuses ont été bannies. Les maisons et les locaux ont subi les descentes des forces policières. La règle ancestrale de l’habeas corpus a été suspendue. La liberté d’expression a été remplacée par la censure arbitraire. Les grèves ont été proscrites et les chefs syndicaux militants ont été mis de force dans des camps d’internement.
Les profiteurs de guerre s’en donnent à cœur joie. Dans les mots de Dorise Neilson, députée de North Battleford : « Au cours de la dernière guerre, nous avons créé 60 nouveaux millionnaires au Canada et nous avons sacrifié 60,000 hommes. En gros, cela représente la vie de mille hommes pour chaque nouveau millionnaire. Pour autant que je sache, la même chose va continuer de se produire durant cette guerre. » Le budget Ralston et les mesures fiscales additionnelles n’ont rien fait pour enrôler la richesse ni pour limiter les profits de guerre. Le fardeau entier des coûts de la guerre a été placé sur le peuple canadien qui est déjà surtaxé et qui doit faire face à un coût de la vie qui monte en flèche. La fin n’est pas en vue non plus. Les grands manitous et leurs laquais parlementaires nous indiquent ce qui s'en vient en exhortant constamment les travailleurs à « se serrer la ceinture ».
Les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. Le capital canadien échange la vie de nos gars pour de juteuses commandes de guerre. Voilà où en est la scène canadienne après 17 mois de guerre.
Le Parti communiste a vu le monde s’engager vers la guerre il y a des années et s'est battu pour unifier les forces pacifistes du monde pour prévenir le déclenchement de cette guerre. À la huitième convention du Parti communiste du Canada, tenue à Toronto en octobre 1937, la résolution portant sur la politique extérieure du Canada stipulait que tous les efforts devaient être faits pour préserver la paix, mais elle ajoutait :
« Si la mobilisation des forces pour le maintien de la paix était retardée et si la guerre impérialiste était tout de même déclarée malgré les efforts de paix, le Parti communiste du Canada appliquera les décisions du Congrès de Stuttgart de l’Internationale communiste.
« Si la guerre est néanmoins déclenchée, c'est leur devoir de travailler afin qu'elle se termine rapidement et de faire tous les efforts possibles pour utiliser la crise politique et économique produite par la guerre pour aviver la conscience politique de tous les travailleurs et ainsi hâter la chute de la domination de la classe capitaliste. »
« Si une attaque contre-révolutionnaire sur l’Union soviétique oblige l’Union soviétique à défendre sa société socialiste, ce sera le devoir du Parti communiste et de tous les travailleurs et partisans de la paix de faire tout ce qui est possible pour défaire les forces impérialistes et fascistes. »