Suites
La phase intense de la ruée vers l’or a duré jusqu’en 1898 seulement. Après quoi, de l’or a été découvert à Nome (Alaska) et de nombreux prospecteurs ont quitté le Yukon. Contrairement à Carmack, Kate, Dawson Charlie et Skookum Jim, mais à l'instar du malchanceux Robert Henderson, la majorité des prospecteurs n’avaient trouvé que peu ou pas d’or dans le Klondike et étaient prêts à tenter leur chance ailleurs. En 1900, l’or qui était facile à extraire du Klondike avait été extrait et il était de plus en plus difficile de devenir riche en prospectant à l’aide d’une simple batée et en exploitant les concessions à la main. L’industrie minière, où avait prédominé la main-d’œuvre, s’était transformée en industrie à prédominance de capital. De fortes sommes d’argent étaient nécessaires à l’achat d’équipement minier hydraulique, qui se composait de tuyaux à haute pression servant à extraire l’or des ruisseaux et des collines et, plus tard, de dragues qui sillonnaient les lits des ruisseaux et qui permettaient même de faire des profits en extrayant une valeur de quelques cents d’or dans un mètre cube de sable aurifère. L’exploitation minière est passée des mains des individus à celles des corporations qui avaient les moyens d’utiliser ces techniques minières onéreuses. Comme il fallait peu de travailleurs pour faire fonctionner ces machines, la population du Yukon a commencé à diminuer. En 1898, elle comptait près de 40 000 âmes (aucun recensement exhaustif n’a été effectué au plus fort de la ruée), mais dès 1921, elle a chuté de 90 % pour se chiffrer à un peu plus de 4 000 habitants, dont seulement 2 500 n’étaient pas des autochtones. La population n’a pas connu de nouvelle croissance avant que la Seconde Guerre mondiale entraîne vers le nord la construction de l’autoroute de l’Alaska.
Quel impact la ruée vers l’or a-t-elle eu sur les Première Nations du Yukon? On estime que la population de ce qui est aujourd’hui le Yukon était d’environ 8 000 personnes en 1800, bien avant que le premier Européen y pose le pied. En 1921, il n’y avait plus qu’environ 1 500 personnes, donc nous pouvons en conclure que la ruée vers l’or a eu un effet dramatique sur la population autochtone. Cependant, ces tristes statistiques sont en fait le résultat des maladies qui ont été introduites avant la venue des premiers commerçants de fourrure au Yukon dans les années 1830. Ce sont les commerçants des Premières Nations eux-mêmes qui, ayant attrapé la rougeole et la grippe des commerçants de fourrure russes, les ont propagées de la côte jusqu’à l’intérieur des terres, où elles ont décimé les Premières Nations du Yukon qui n’avaient jamais rencontré d’Européens auparavant.
Certains membres des Premières Nations du Yukon ont beaucoup souffert de la ruée vers l’or, surtout ceux qui se sont associés à des mineurs des communautés de Fortymile, et plus tard de Dawson City. L’évêque Bompas a déploré que les mineurs « pervertissaient » les Indiens de la région avec de l’alcool et qu’ils violentaient leurs femmes. Bien que cela soit exact, il est également vrai que plusieurs membres des Premières Nations, probablement même la majorité d’entre eux, n’ont que peu ou pas participé à la ruée vers l’or. Même lorsque la population du Yukon approchait les 40 000 âmes, la plupart des nouveaux arrivants se concentraient dans une région très restreinte : toutes les communautés se sont établies autour du fleuve Yukon et des camps miniers se sont dressés à proximité des ruisseaux. La grande majorité du Territoire est resté intact et les gens des Premières Nations ont continué à chasser et à piéger comme par le passé. Très peu d’entre eux exploitaient des concessions, où ils n’étaient d’ailleurs pas les bienvenus. Certains ont profité de la ruée pour faire de l’argent : les porteurs chilkats tiraient un bon salaire en transportant les provisions des mineurs au-delà du col Chilkoot et d’autres autochtones travaillaient de temps à autre, dans la mesure où leur mode de vie le leur permettait, à couper du bois qui alimentait les bateaux de rivière et à le piler sur le rivage du fleuve Yukon. L’argent gagné lors de ces activités, qui n’entraient pas en conflit avec leurs activités traditionnelles, pouvait être utilisé pour acheter des munitions pour la chasse, des denrées comme du thé ou de la farine et d’autres fournitures dans les magasins des communautés. Peut-être que la conséquence la plus marquante a été qu’ils ont été surpassés en nombre par les nouveaux arrivants et qu’ils ont été marginalisés sur leurs propres terres, au moins pour les deux premiers tiers du vingtième siècle.
Livres ou romans
- George W. Carmack, Mes expériences dans le Yukon , 1922
- K.S. Coates and W.R. Morrison, Après la ruée vers l’or , 2005
Lettres
Articles de journaux ou de magazines
- n/a, Le découvreur de l’or du Klondike meurt dans la pauvreté, New York Times, 2 septembre, 1916
- n/a, Notice nécrologique de Carmack, New York Times, 7 juin, 1922
Histoire ou entrevue orale