La Presse 7 avril 1920, p. 1

UNE MEME ACCUSATION LES ATTEND

Télesphore Gagnon est accusé de meurtre, tout comme sa femme.

A LUNDI, LEUR PROCES AUX ASSISES DE QUEBEC

(Du correspondant de la PRESSE)
Québec, 7-Les grands jurés, aux assises, ont rapporté, hier après-midi deux "true bills" ou verdicts d'accusations fondées contre Télesphore Gagnon et son épouse, Marie-Anne Houde, accusés du meurtre d'Aurore Gagnon, fille du premier.

Jusqu'à hier, seule la femme Gagnon était accusée du meurtre de cette enfant, son mari n'étant accusé que d'homicide involontaire. A la suite de l'enquête préliminaire devant la Cour des Sessions de la Paix, le juge P.-A. Choquette n'avait pas voulu laisser porter une accusation de meurtre contre Télesphore Gagnon, qui n'avait été envoyé devant les assises que pour répondre à une accusation d'homicide. Seule, la femme Gagnon avait à répondre à une accusation de meurtre.

Mais les avocats de la Couronne, MM. Arthur Lachance et Arthur Fitzpatrick, ne furent pas satisfaits de cela, et ils s'adressèrent au procureur général pour faire changer l'acte d'accusation contre Télesphore Gagnon devant le grand jury, sans passer par les formalités d'une nouvelle enquête préliminaire, comme le code criminel le permet. Le procureur général s'est rendu à cette demande et c'est une accusation de meurtre qui a été portée hier devant les assises contre Télesphore Gagnon, aussi bien que contre sa femme, Marie-Anne Houde.

Après avoir pris connaissance de la preuve, les grands jurés n'ont pas tardé à rapporter, hier après-midi, un "true bill" ou verdict d'accusation fondée dans chacun des deux cas.

Le procès des époux Gagnon commencera lundi prochain. Les deux accusés seront défendus par l'honorable J.-N. Francoeur, C.R. Le procès sera présidé par l'honorable juge L.-P. Pelletier.

Rappelons que tous deux sont accusés d'avoir causé la mort de la petite Aurore Gagnon, issue d'un premier mariage de Télesphore Gagnon, à Sainte-Philomène, comté de Lotbinière. Cette fillette, âgée de 10 ans, mourut le 12 février dernier, à la suite de mauvais traitements dont elle aurait été victime de la part des accusés.