HORRIBLE TRAGÉDIE À LUCAN

Cinq personnes assassinées par des
hommes masqués.
UN FOYER ENTIER SACRIFIÉ.
La maison incendiée et les restes consumés.
RÉSULTAT D’UNE QUERELLE FAMILIALE.
Toute l’histoire racontée par un enfant
témoin du crime.
20 HOMMES MASQUÉS IMPLIQUÉS DANS LE MASSACRE.

(Par notre journaliste)

Lucan, 4 févr.—Le jour s’est levé sur Lucan ce matin pour secouer le pays avec la nouvelle du crime le plus noir jamais commis dans le Dominion. Le crime consistait en un meurtre, ou plutôt un massacre, d’une famille de cinq—le père, la mère, deux de leurs fils et une jeune femme. Les victimes se nommaient Donnelly, une famille qui vivait dans le voisinage depuis plus de trente ans. Ils habitaient sur le lot 18, 6^e concession de Biddulph. La ferme comptait cinquante acres. Ils avaient la réputation peu enviable d’être

LA TERREUR DU CANTON.

Depuis des années cette région a été la scène de désordres qui l’ont rendue tristement célèbre à travers la province. On supposait que les Donnelly étaient plus ou moins liés à tous ces incidents et par conséquent, un vif ressentiment s’est élevé contre eux, et s’est intensifié avec le temps. En deux ou trois ans, de très graves déprédations ont été commises dans le canton. Des granges ont été incendiées, des animaux mutilés, des vols perpétrés et c’est en effet ce genre d’anarchie qui semble avoir tourné à l’émeute. Les auteurs de ces atrocités ne pourront jamais être retracés, mais en général, on soupçonnait que la famille Donnelly--qui, à part les parents, se composait de sept fils et d’une fille—trempait dans tous ces méfaits. En tout cas, ils leur ont été imputés. De récents vols et incendies criminels ont été mis sur leur faute et la colère s’est faite de plus en plus intense envers eux, pour culminer la nuit dernière en l’horrible tragédie que nous venons de mentionner. On ne peut attester la véracité que de quelques-uns des

FAITS ENTOURANT LE MASSACRE

de la famille. La maison, qui est en bois rond, a été encerclée aux environs de 1 h 30 ce matin par une bande d’hommes masqués armés de fusils, de pistolets, de haches, de pelles et d’autres armes. La bande comptait environ vingt-cinq personnes. Elles ont frappé à la porte avant, et le bruit a réveillé le fils Thomas, qui s’est levé et a marché jusqu’à la porte. Il a été accueilli avec des coups de pelles et de haches et ce matin, on pouvait voir une grande flaque de sang juste à l’extérieur du seuil avant, où de toute évidence l’homme blessé avait chancelé. Les meurtriers ont ensuite entrepris d’abattre les autres membres de la famille, mais on ignore par quel moyen et on ne le saura jamais, car immédiatement après avoir commis leur massacre sanglant ils ont incendié la maison, qui a été complètement détruite. [...]