Les journaux du dix-neuvième siècle sont souvent la plus riche source d’information sur la vie de l’époque. Leur principale fonction n’était pas nécessairement d’informer, mais de rapporter de l’argent à l’éditeur par la vente d’exemplaires aux lecteurs et la vente de publicités aux entreprises. Comme ils contiennent de précieux renseignements sur un large éventail de questions (locales, régionales, nationales et internationales), les journaux sont conservés pendant des générations de Canadiens dans les bibliothèques et les archives, ce qui nous permet de comprendre de nombreux aspects de notre passé collectif. Cependant, les vieux journaux ne sont pas toujours faciles à lire. Ils sont parfois en si mauvais état qu’ils s’effritent au toucher. Pour les préserver, on a microfilmé plusieurs journaux, mais il n’est pas rare que les photographies soient floues ou que les mots se perdent dans les plis de pages. Dans ces cas, nous avons utilisé le mot [illisible] dans les documents transcrits se retrouvant sur ce site.
Les journaux d’autrefois se distinguent de ceux d’aujourd’hui tant par leur contenu que par leur apparence. Contrairement à ceux d’aujourd’hui, les journaux du dix-neuvième siècle ne contiennent que peu de photographies et d’images et dans certains cas, les publicités se trouvent à la une et la plupart des véritables nouvelles, à l’intérieur du journal. Les journaux du dix-neuvième siècle, à la différence des journaux urbains de notre environnement multimédia, couvrent souvent en détail des secteurs d’activités fort variés. En effet, on peut y lire de longues transcriptions de témoignages déposés en cour, le compte-rendu détaillé des assemblées du conseil municipal, ou des nouvelles des « vieux pays », à savoir qui avait rendu visite à qui.
Les journaux regorgent d’information pouvant nous aider à comprendre les aspects tant spécifiques que généraux de l’histoire économique, sociale et culturelle du Canada. Mais, pour plusieurs raisons, nous ne devons pas tout croire. D’abord, parce que les journalistes étaient si avides de nouvelles qu’ils ne s’assuraient pas toujours de la véracité des histoires, ce qui signifie que rumeurs et ouï-dire étaient publiés au même titre que les faits. À l’époque, comme aujourd’hui, les histoires à sensation faisaient vendre les journaux et on se souciait peu de vérifier les faits rapportés. De plus, le contenu des journaux était tendancieux parce que les préjugés culturels déterminaient ce qui était digne d’être publié. Par conséquent, nous avons peu de détails sur plusieurs aspects de la vie du dix-neuvième siècle comme l’alimentation, la condition des femmes et des enfants, ou les « bonnes nouvelles » en général, car tout cela faisait rarement l’objet de discussion.
En outre, comme plusieurs journaux du dix-neuvième siècle étaient financés et soutenus par des partis politiques, « l’actualité » était traitée de façon partisane pour servir des intérêts explicitement politiques. De plus, les journaux reflétaient les affiliations religieuses et ethniques ou aidaient à les former. Lorsque vous consulterez les articles de journaux de ce site, vous constaterez que l’Irish Canadian, un journal catholique conservateur, était plutôt mesuré quand il couvrait le meurtre de catholiques irlandais commis par des catholiques irlandais. Quant au Globe de Toronto, il était sympathique aux Donnelly et critique à l’égard des autres habitants du canton. De la même façon, les deux journaux de London, l’Advertiser et le Free Press, prenaient clairement position au long des conflits, des meurtres et des procès.
Paradoxalement, ces « problèmes » constituent la force des journaux en tant que sources historiques. Même si les faits qui y sont rapportés doivent toujours être confrontés à d’autres sources pour en vérifier l’exactitude, les journaux peuvent nous en apprendre long sur ce qui, selon la majorité des gens, était digne d’être débattu sur la place publique. Si nous en faisons une lecture critique, ils nous révèlent les sujets de polémique, nous donnant un aperçu des questions sociales, culturelles et politiques ainsi que de la compréhension qu’en avaient les gens. Enfin, à l’époque comme aujourd’hui, les publicités et le courrier des lecteurs témoignent des soucis quotidiens de la société du dix-neuvième siècle.