Les écoles séparées de London.
[…] Ces écoles séparées, tant qu’elles seront financées par le trésor public et sanctionnées par la loi, seront en principe mauvaises et nous ne manquerons jamais de les condamner. – Quand on y regarde de plus près, on ne trouve rien de plus dans ces écoles que la dotation partielle d’une secte religieuse disposant d’argent soutiré de toutes les confessions, même de ceux qui n’ont aucune sympathie à leur égard. À notre avis, il s’agit d’une pure injustice; une perversion à la fois des recettes nationales et de l’équité morale. Si l’affaire avait abouti à ses fins légitimes, combien serait-elle devenue ridicule. Puisque nous avons des écoles catholiques, pourquoi ne pas en avoir aussi pour les églises non-conformistes, écossaises, wesleyennes, baptistes, presbytériennes u., unitariennes, congrégationalistes, mormones; des écoles, en fait, pour chaque secte qui porte un nom, et du financement pour chaque groupe qui verra le jour au bout de quelques années sur le territoire canadien? Ce qui est bon pour l’un est bon pour tous; ce qui est juste pour l’un est juste pour tous. La solution équitable semble être celle-ci : si toutes les églises désirent avoir leurs propres institutions éducationnelles, qu’elles les financent elles-mêmes, ou qu’elles demandent à leurs élèves de payer pour l’instruction en soi; qu’elles les financent elles-mêmes ou qu’elles demandent à leurs élèves de payer pour l’instruction qu’ils reçoivent. Si nous voulons d’une éducation rationnelle elle ne peut être confessionnelle : elle doit être générale, et nécessairement ce que l’on appelle laïque, ou presque.
[…] Cela divise le pays en groupes et fait germer la partialité et la haine; et tout cela à travers les défenseurs attitrés du développement national et de la paix publique. Les différents groupes religieux, en particulier les extrémistes, causeront inévitablement beaucoup d’amertume et de confusion par leurs déclarations respectives et le tohu-bohu de leurs actions : mais cela va à l’encontre de toute logique, de toute raison et de toute bienséance de voir un gouvernement qui encourage les dissensions qui ne sont que trop susceptibles d’apparaître au milieu des citoyens. Cette législation canadienne devra par conséquent être renversée et nous attendons cette étape avec confiance et espoir. – L’argument que l’évêque brandit en faveur de l’établissement de l’école primaire – c.-à-d. que l’on enseigne aux enfants dans des institutions publiques, mais qu’on ne les y éduque pas – n’est pas, nous le craignons, tout à fait satisfaisante à ses yeux, en admettant que sa conclusion soit parfaitement fondée. Cependant, cette excuse ne pourra être invoquée devant le tribunal pour le mal qui a été fait, si légalisé soit-il, c.-à-d. d’avoir accepté des fonds nationaux à des fins confessionnelles. Nous nous immisçons dans les dispositions de Monseigneur, non pas parce qu’il est catholique – en tant que journalistes laïques nous ne portons allégeance à aucune doctrine – mais parce qu’il est le dirigeant d’une puissante confession au sein de la province et nous dénoncerions aussi promptement et pour les mêmes raisons les baptistes ou les épiscopaliens s’ils mettaient en place des mesures semblables.