Atrocités dans le comté de Tipperary, Irlande
[…] Nous considérons que très peu de bien – sinon beaucoup de mal – découle de la faute humaine; et la justice seule pourrait nous obliger à faire des atrocités de Tipperary l’objet de nos commentaires.
Presque chaque heure nous apporte des quatre coins de ce pays des nouvelles de meurtre, d’agression, de vol à main armée et d’expédition de lettres de menaces. Une telle série d’atrocités nous a procuré une sensation qui n’a fait qu’augmenter depuis que nous sommes assaillis de crimes de nature plus grave et plus meurtrière. En fait, les crimes perpétrés dans le voisinage sont de plus en plus effroyables et se multiplient jusqu’à devenir trop nombreux pour être consignés.
[…] Inutile de chercher bien loin pour découvrir la source de la criminalité à Tipperary. Le propriétaire, ou intermédiaire, trouve son tenant dans l’impossibilité de payer la rente […]. Le maître est bien décidé à ce que le montant d’argent à verser sur sa propriété soit payé, peu importe par quel moyen ce montant sera obtenu. […] Quelques jours passent et le tenant est évincé de sa maison – sa propre maison. Honte, faim, vengeance : ces sentiments terrorisent bien plus que la loi.
[…] Même les fermiers aisés, craignant l’exemple fait de leurs dévoués amis par les iniques propriétaires fonciers, ont récemment jugé prudent de quitter leur terre natale. La vengeance ou l’émigration sont les seuls moyens qui restent à nos compatriotes paysans;
[…] Auparavant, les personnes désirant trouver sous des cieux étrangers ce bonheur et cette prospérité dont ils étaient privés chez eux étaient issus de la classe la plus pauvre de la société, mais à présent la situation est extrêmement différente. – Les fermiers respectables et solvables sont maintenant du nombre d’Irlandais qui s’apprêtent à quitter leurs rives natales, ayant le pressentiment qu’ils seront incapables de satisfaire aux exigences de leurs propriétaires [...].