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Au printemps 1734, un incendie détruit un hôpital et 45 maisons de la rue Saint-Paul, à Montréal. Un procès criminel est aussitôt intenté contre Marie-Josèphe dite Angélique, une esclave noire, et son amant blanc, Claude Thibault. Ce dernier s’enfuit, laissant Angélique seule à clamer son innocence.
Une vingtaine de témoins vont défiler devant le juge, tous convaincus que l’esclave de la veuve Francheville est coupable, mais aucun ne l’a vue mettre le feu.
Parmi les témoins, Marie, une esclave amérindienne, déclare que l'accusée avait l'intention de brûler sa maîtresse, alors que Jeanne Tailhandier dit Labaume, réalise, trop tard, qu'elle a encouragé cette rumeur. D'autres comme Louise Poirier dit Lafleur, une domestique de la veuve Francheville, témoignent du mauvais caractère de l'accusée, tandis que Marguerite César dit Lagardelette, personnage à l'esprit troublé, soutient que l'accusée était particulièrement agitée peu avant l'incendie.
Mais à la lecture des documents originaux, vous constaterez qu'un doute subsiste quant à la culpabilité de l'accusée. En remontant la chaîne de la rumeur publique, le tribunal n'entend que ouï-dire et observations indirectes jusqu'au témoignage de la petite Monière. Quant à Thibault, le présumé complice, il reste introuvable et les poursuites à son endroit sont abandonnées.
Ce site vous permettra de retourner dans le Montréal de 1734, dans le quotidien des uns et des autres. Vous découvrirez l’organisation d’une ville coloniale, sa population, ses immeubles et sa crainte des incendies.
Vous trouverez non seulement les documents originaux du procès lui-même, mais aussi d’autres documents du 18esiècle qui vous aideront à dresser un portrait de la société coloniale française, des Montréalais et des Montréalaises, et de l’esclavage en Nouvelle-France. Vous pourrez aussi lire des documents sur l’administration de la justice, du droit criminel français et de son application, sur l’usage de la torture, sur le rôle et les devoirs des différents officiers de justice.
Par le biais des archives du procès, vous écouterez les dépositions des témoins, vous réagirez aux interrogatoires; vous découvrirez des aspects de la vie quotidienne des gens riches et des domestiques; vous assisterez à la torture et à l’exécution de l’accusée.
Nous vous invitons d’abord à regarder se dérouler sous vos yeux ce moment de l’histoire judiciaire de la Nouvelle-France et ensuite, à prendre la place du juge pour rendre votre propre verdict sur ce chapitre important de l’histoire canadienne : Angélique était-elle coupable? Quel était son motif? Les preuves étaient-elles suffisantes pour la condamner? Aurait-on dû élargir l’enquête? Et si c’était un accident?
Vous constaterez aussi que cette histoire a de plus en plus d'échos dans divers types de productions : monographies, documentaires, romans et pièces de théâtre. Le sujet fait d'ailleurs partie d'expositions au Centre d'histoire de Montréal (Qui a mis le feu à Montréal? 1734 Le procès d'Angélique) et au Musée du Château Ramezay (Crimes et Châtiments).