Lettre de Maud Redpath à Amy Redpath, le 26 juin 1901
Château d’Oex
Suisse
26 juin – 1901
Très chère Amy,
[…]Je ne cessais de penser à votre mère et à quel point elle m’était chère, me rappelant les bons souvenirs que je garde de l’accueil chaleureux qu’elle me réservait toujours, de l’inépuisable gentillesse dont elle faisait preuve à mon égard; elle possédait un charme, une intelligence, et un cœur si chaleureux et si généreux, qui portaient tous ceux qu’elle rencontrait à l’aimer. Et ce cher, cher Clifford, que je vous ai toujours envié d’avoir comme frère, et que j’aimais presque autant que s’il avait été le mien – Et bien je crois que nous pourrons tous être reconnaissants si nous parvenons à laisser derrière nous le souvenir d’un caractère aussi superbe. Au début, cela semblait rendre les choses encore plus pénibles – de penser qu’on ait pu permettre qu’une telle chose arrive à quelqu’un comme lui. Mais après tout, s’il fallait que cela arrive, quel réconfort que de savoir que sa véritable nature était si absolument étrangère à toute notion de violence qu’il nous est impossible, même en pensées, de les associer, et de savoir que cet acte fut entièrement dissocié et détaché de qui il était en vérité. J’ai été si reconnaissante, aussi, d’apprendre que dans les deux cas la mort avait été très rapide, sans qu’ils ne reprennent connaissance, et qu’ils n’ont ainsi jamais su ce qui s’était passé – c’est seulement à ce moment où l’on nous dit « qu’il n’y a plus de souffrances »[…]
Votre éternellement dévouée,
Maud.