Un ancien courrier des Rouges dit être à la source des accusations contre Norman en 1940
Herbert Norman, Inconnu, University of British Columbia Library, Rare Books and Special Collections, BC2124-014, Norman, le « fonctionnaire parfait », vers 1953
Le WASHINGTON POST et le TIMES HERALD
Le vendredi 19 avril 1957, A11
par Warren Unna
Correspondant attitré
Un ancien courrier communiste canadien qui a dit avoir aussi été un agent d’infiltration pour la Gendarmerie royale du Canada a révélé hier qu’il était celui qui avait piégé l’ambassadeur du Canada en Égypte, feu E. Herbert Norman.
Il s’agit de Pat Walsh, âgé de 42 ans, de la ville de Québec, engagé comme enquêteur en sécurité sur le projet gouvernemental de construction du tunnel à Labrievelle dans la province de Québec et qui est secrétaire général de la Ligue anticommuniste pancanadienne.
Lors d’une entrevue téléphonique, Walsh a dit qu’il était celui qui avait dit à la GRC en 1940 que Norman était un communiste et qu’il était celui qui, la semaine passée, avait donné un « résumé » de ses découvertes à Robert Morris, avocat pour le Sous-comité interne de sécurité du Sénat des États-Unis.
Walsh a dit : « J’ai fait la connaissance de Norman à Toronto dans les années 30 alors que j’étais dans la Ligue canadienne contre la guerre et le fascisme et qu’il était le secrétaire des Amis canadiens du peuple chinois, un front communiste.
On me l’a présenté comme le “ camarade Norman ”. Un gars nommé A. A. McLeod, qui est devenu plus tard un membre communiste du Parlement ontarien et le rédacteur en chef de la Tribune canadienne communiste, m’a dit avoir parrainé Norman comme secrétaire. Durant mes 20 années d’expérience avec les organisations communistes, je n’ai jamais connu quelqu’un qui ait parrainé un secrétaire à moins qu’il ne s’agisse d’un membre du Parti communiste ou qu’il soit un compagnon de voyage qui, pour une très bonne raison, n’avait pas de carte », a déclaré Walsh.
Il a aussi déclaré qu’il avait vu le nom de Norman « inscrit 22 fois comme collaborateur à Amerasia », un ancien magazine gauchiste.
Walsh a également accusé le ministre canadien des Affaires extérieures, Lester B. Pearson, d’être « intervenu » personnellement pour blanchir le dossier de sécurité de Norman en 1950 : « Nous étions en guerre en Corée et bien entendu, il aurait été très embarrassant pour le gouvernement, qui combattait les communistes sur le terrain, d’avoir à admettre qu’il y en avait dans les rangs diplomatiques. »
Walsh a déclaré à une séance du Sous-comité de la Chambre sur les activités anti-américaines en 1953 qu’il avait été un courrier communiste (pendant sa période d’infiltration) et non un membre du Parti.
La même année Walsh avait publiquement annoncé qu’il avait cessé d’être un « compagnon de route » à cause de la campagne des Rouges pour sauver Julius et Ethel Rosenberg, les espions de la bombe atomique qui avaient été condamnés.
Walsh a déclaré qu’il correspondait fréquemment avec « son grand ami Bob Morris » et avec Benjamin Mandel, un autre employé du Sous-comité. « Je leur envoie tout ce que je trouve qui pourrait les intéresser », a-t-il dit.
Il a cependant précisé qu’il n’était pas celui qui avait fourni au Sous-comité les premiers renseignements sur Norman. Il a dit que les renseignements leur avaient été fournis par la GRC et les services de renseignement de l’armée américaine.
Lorsqu’on lui a posé la question, Morris a déclaré : « Je ne ferai aucun commentaire sur toute l’affaire Norman. »
L’ambassadeur Norman, âgé de 48 ans, s’est suicidé en sautant d’un édifice au Caire le 4 avril, trois semaines après que le Sous-comité ait publié des affirmations faites par Morris selon lesquelles Norman avait été un communiste.
Le Canada avait d’abord blâmé le Sous-comité d’avoir poussé Norman au suicide. Les Canadiens ont depuis critiqué leurs propres autorités pour n’avoir pas scruté plus attentivement le passé de Norman.
Hier, Pearson, l’équivalent canadien du secrétaire d’État, a indiqué que l’accusation initiale, selon laquelle Norman avait déjà été un communiste, était incluse dans les renseignements envoyés par la GRC au FBI en octobre 1950. Il a dit que les accusations avaient été rejetées et que le dossier de Norman avait été blanchi dans une seconde enquête de la GRC deux mois plus tard.
La semaine dernière, Pearson avait déclaré que les accusations de communisme contre Norman émanant du Sous-comité provenaient « de sources autres que canadiennes ».
Pearson a déclaré que Norman avait eu des « associations avec des communistes pendant ses études universitaires », avant qu’il n’entre au service du gouvernement et qu’il avait eu « des croyances idéologiques qui se rapprochaient d’un certain type de communisme. » Mais Pearson a dit que Norman avait « exprimé ses regrets » et qu’il « avait volontairement abandonné » ces associations.
Pearson a dit que les accusations contre Norman avaient été portées à l’attention de la GRC par un « agent d’infiltration » en février 1940 et qu’elles avaient ensuite été rapportées aux « agences appropriées » en 1950.
« Je ne peux qu’imaginer la façon dont ce rapport a été rendu public », a déclaré Pearson. (…)