Échange à la Chambre des communes sur les accusations américaines portées contre Norman
CHAMBRE DES COMMUNES
Vendredi 15 mars 1957
[…]
Affaires extérieures
ÉTATS-UNIS – ACCUSATION DE SYMPATHIES COMMUNISTES DE LA PART D’UN DIPLOMATE CANADIEN
À l’appel de l’ordre du jour :
M. J. G. Diefenbaker (chef de l’Opposition): Je désire poser au secrétaire d’État aux Affaires extérieures une question découlant d’une nouvelle en provenance de Washington et à l’effet qu’un comité d’enquête des États-Unis a communiqué hier des documents d’où il ressort, prétend-on, qu’un diplomate canadien serait communiste et lié à un des principaux personnages impliqués dans la cause canadienne d’espionnage de 1946. Je ne veux pas que le nom paraisse au hasard, car ce serait, en somme, accorder une plus grande publicité à cette affaire.
Comme cette question est déjà venue sur le tapis, le ministre peut-il nous donner l’assurance qu’on protestera très énergiquement auprès des États-Unis contre cette attaque qui nuit non seulement au diplomate canadien intéressé, mais aux relations internationales canadiennes, si l’on constate que ces accusations sont sans fondement.
L’hon. L. B. Pearson (secrétaire d’État aux Affaires extérieures): Monsieur l’Orateur, deux autres députés ont déjà porté cette question à mon attention et m’ont informé qu’ils m’interrogeraient à ce sujet. Je suis très heureux que la question ait été soulevée puisque cela me fournit l’occasion de formuler une déclaration. Cependant, il me faudra, je le crains, Monsieur l’Orateur, mentionner le nom du diplomate canadien intéressé.
J’ai lu dans le compte rendu du sous-comité de la sécurité intérieure du comité judiciaire du Sénat américain les passages qui intéressent M. E. H. Norman, notre ambassadeur en Égypte. Ce compte rendu a été communiqué hier aux journaux, à Washington mais on n’en a pas fait part au gouvernement canadien; les journaux et la radio ont malheureusement vu, à tort, des preuves. Je ne puis faire mieux à ce sujet que répéter l’observation formulée par le sénateur Jenner, membre du sous-comité, qui a déclaré, à la fin de la séance sur laquelle porte le compte rendu dont j’ai parlé :
Je préviendrai tous les intéressés qu’il s’agit ici d’une séance de l’exécutif.
Ce sont donc M. Jenner et son avocat, M. Morris, que nous connaissons déjà, mais dont nous n’approuvons guère les méthodes d’enquêtes, qui ont communiqué aux journaux américains ce compte rendu d’une session de l’exécutif de ce comité avant d’en faire part au gouvernement canadien bien que ce compte rendu ait renfermé de graves accusations contre un haut diplomate canadien. Nous protesterons énergiquement auprès du gouvernement des États-Unis à ce sujet.
Ce compte rendu comporte un grand nombre d’allusions et d’insinuations donnant à penser que M. Norman était un communiste. Nous étions au courant des accusations qui avaient été portées il y a plusieurs années à Washington et à la suite desquelles M. Norman a été soumis, dans son propre intérêt et dans l’intérêt public, avec d’ailleurs sa propre approbation et son entière collaboration, à une enquête spéciale de sécurité approfondie, dont les résultats ont été publiés par deux communiqués de notre ministère le 9 août 1951 et le 24 août 1951.
Cette enquête, monsieur l’Orateur, n’a affaibli en rien notre confiance en la loyauté de M. Norman. Rien de ce qu’il a fait depuis n’a modifié, si ce n’est pour l’augmenter, la certitude que nous avons qu’il est un fonctionnaire de l’État, dévoué, efficace et loyal, qui assume des tâches très importantes à un poste extrêmement difficile avec une compétence qui a suscité ma plus entière admiration et mérite mon appui sans réserve. Nous pouvons traiter avec le mépris qu’elles méritent, toutes les calomnies et insinuations sans fondement formulées contre lui par le rapport de ce sous-comité sénatorial des États-Unis.
[Note de la traduction : à l'exception de quelques erreurs typographiques que nous avons corrigées, ce texte reproduit la traduction extraite du Compte rendu officiel des débats de la Chambre des Communes ]