« LES SERVICES DE SÉCURITÉ CANADIENS : UN BREF HISTORIQUE 1864-1966 »
BY CARL BETKE
[et]
S.W. HORRALL
Les relations entre la GRC et le FBI deviennent officielles en 1937, Inconnu, 1937, Royal Canadian Mounted Police, 7718, Le commissaire de la GRC, James H. MacBrien (gauche) a rendu visite au directeur du FBI, J. Edgar Hoover, à Washington en 1937 pour mettre sur pied les mécanismes permettant à des officiers de chaque organisme d’être en poste au quartier général de l’autre organisme.
Section historique de la GRC,
Ottawa, 1978.
La controverse créée par la question de la sécurité dans l’affaire de l’ambassadeur canadien en Égypte, Herbert Norman, était centrée sur la façon dont les renseignements ont été transmis au FBI par la GRC. L’échange en tant que tel n’avait rien d’inhabituel. Pour toute l’aide reçue du FBI par la GRC, cette dernière a offert en retour des renseignements de sécurité sur des individus au Canada qui auraient mené des opérations subversives ou d'espionnage impliquant les États-Unis, sur des résidents canadiens postulant des postes impliquant un certain niveau de sécurité aux États-Unis ou sur des bases américaines au Canada. [Rature de 3 lignes – Loi de l’accès à l’information] La question du contrôle de la dissémination de l'information au-delà des échanges normaux entre les deux agences (le FBI et la GRC) à d’autres branches des gouvernements, ou d’une des deux agences demandant des détails additionnels qui allaient au-delà du rapport initial, était bien connue de la GRC et elle y portait une attention particulière. Dans le cas de Herbert Norman, le caractère privé entourant l’offre et l’utilisation des renseignements de sécurité offerts en échange a échoué aux États-Unis.
La première fois que la question du statut de sécurité de Norman a été posée publiquement remonte en 1951 lorsqu’il était chef de la délégation canadienne aux Nations Unies. C’était la période pendant laquelle le sénateur Joseph McCarthy était parti en guerre contre la supposée influence communiste au sein du gouvernement et de l'armée des États-Unis. Au cours des débats du Sous-comité du Sénat sur la sécurité interne, des accusations ont été portées par certains témoins à l’effet que Norman avait déjà eu des associations communistes. Ces accusations ont été rendues publiques. En fait, des enquêtes approfondies de la GRC à la fin des années 1950 avaient déjà révélé une grande ambiguïté dans la preuve. Les conclusions de la branche spéciale [de la GRC] ont été rapportées au ministère des Affaires extérieures qui a dû rendre le jugement final quant à la continuation de la carrière de Norman. De toute évidence, la décision a été de conserver ses services. En mars 1957, les anciennes allégations ont de nouveau été rendues publiques par le même Sous-comité, bien que dans ce cas il y a confusion à savoir si le département d’État américain aurait raté son coup alors que, normalement, il lui était encore possible d’arrêter la diffusion.
Alors que le ministère des Affaires extérieures et son secrétaire d’État, Lester B. Pearson, dénonçaient « ces calomnies et ces insinuations non fondées », cette publicité constante, la possibilité d’une autre énorme enquête de sécurité et la pression subie dans son travail dans une des parties du monde les plus troublées ont poussé Norman à s’enlever la vie le 4 avril. Le drame dans les relations canado-américaines venait de tourner à la tragédie. Le Canada a alors réagi en tentant de trouver une manière efficace d’être belligérants et de forcer ainsi des changements dans la procédure américaine afin d’éliminer la répétition de telles révélations, qui étaient en fait des ingérences dans les affaires canadiennes. À la suite du suicide de Norman (le Commissaire de la GRC a été impliqué dans les discussions), Pearson a décidé d’expédier une note sévère au gouvernement américain. Cette note contenait une menace de couper toute livraison de renseignements de sécurité sur des citoyens canadiens à moins que les États-Unis garantissent qu’il n’y ait aucune transmission de renseignements entre les branches du gouvernement qui étaient au-delà du pouvoir exécutif. Comme Pearson ne pouvait pas être dissuadé, malgré la certitude que la sécurité canadienne en souffrirait au moins autant que celle des Américains s'il y avait un bris dans les liens de sécurité, le commissaire Nicholson devait considérer les répercussions possibles avec les fonctionnaires des Affaires extérieures et du ministère de la Justice. D’un côté, le Sous-comité sénatorial avait accès à des renseignements de sécurité provenant des dossiers de la GRC sur des fonctionnaires canadiens très connus, ce qui pourrait être très dommageable si le Sous-comité décidait de se venger en faisant de nouvelles révélations. Les fonctionnaires des Affaires extérieures ont soulevé la possibilité qu'advenant cette éventualité, on demanderait à la GRC d’obtenir la permission du FBI de publiciser des preuves accablantes sur des Américains célèbres.
Ils n’ont jamais eu l’occasion de mettre cette sorte de vengeance inutile en application. Le commissaire Nicholson a communiqué avec J. Edgar Hoover le jour même où la note de Pearson a été envoyée au gouvernement américain et lui a renouvelé sa confiance complète dans l’intégrité du FBI et son souhait que leur coopération puisse continuer pour le bénéfice des deux parties. Des échanges diplomatiques subséquents ont fait valoir la confiance des deux gouvernements dans la valeur des liens en matière de sécurité entre la GRC et le FBI et sur le bon jugement exercé par ces deux agences. Face à la l’impossibilité constitutionnelle du gouvernement américain d’avoir un contrôle absolu sur le pouvoir législatif, le gouvernement canadien a graduellement accepté les assurances que, dans les faits, de tels bris de confiance ne se reproduiraient plus jamais. Les agences ont continué de travailler selon les procédures habituelles, c’est-à-dire obtenir la permission des agences d'origine si les receveurs ont des raisons de passer des renseignements classifiés au-delà de leurs gouvernements (pouvoirs exécutifs).
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