Des nouvelles de Bentinck ArmNorth Bentinck Arm, À Son Excellence Frederick Seymour, gouverneur de la Colombie-Britannique, etc., etc., etc. Sir, Selon les instructions contenues dans la lettre de Votre Excellence en date du 19 octobre dernier, j’ai l’honneur de vous informer que j’ai quitté le steamer Labouchere à Bella Bella, ou Millbank Sound, le 25 décembre. Là, j’ai dû acheter un canoë et recruter un équipage pour venir ici où je suis arrivé le 28 décembre après un voyage très ardu. À mon arrivée, j’ai su que « Pootlache », le grand chef des Bella Coolas, était parti pour Millbank pour participer à un festin offert par les Indiens Bella Bella. Les membres de la tribu qui étaient restés au campement m’ont toutefois reçu de façon très amicale et hospitalière, m’informant qu’ils attendaient le retour de « Pootlache » d’ici quelques jours. J’ai aussi appris qu’Anaheim était toujours au campement à « Caliacus », à environ 4 milles en amont de la rivière où j’ai immédiatement envoyé un messager pour l’informer de mon arrivée et de mon désir de le voir. Il est venu tout de suite et, en réponse à ma demande pour savoir ce qu’il avait fait pour arrêter les meurtriers de Bute Inlet qui étaient encore en fuite, il m’a informé qu’il n’en avait pas entendu parler ou qu’il ne les avait pas vus depuis le départ de M. Brew. Je lui ai dit que le gouvernement l’obligerait à respecter sa promesse de faire tout ce qu’il pouvait pour les attraper, ce à quoi il m’a assuré qu’à son retour au lac Nacoontloon (qui serait dans quelques jours), il ferait tout en son pouvoir pour les capturer et qu’il espérait en ramener quelques-uns, sinon tous, lorsqu’il reviendrait en mars pour la pêche aux eulakanes. Il est venu me voir le 5 janvier avec un nombre de ses jeunes hommes, et il a dit qu’il avait l’intention de partir le lendemain vers l’intérieur. Il a ensuite réitéré sa promesse de faire tout son possible pour arrêter « Ahan » et son groupe. Après avoir reçu une pipe et du tabac, il est reparti de façon très amicale. « Pootlache » est arrivé le 1er janvier et le lendemain, tel que promis, je suis allé à son campement où j’y ai trouvé tous les chefs assemblés et Anaheim parmi eux. Ils se sont plaints de la façon dont ils ont été traités par les Blancs qui avaient vécu parmi eux. Non seulement y a-t-il eu des dettes encourues pour un nombre considérable de travaux, mais ils ont même emprunté des couvertures des Indiens et les ont payées avec des billets qui ne valaient pas la valeur du papier sur lequel ils étaient écrits. Je joins copies de certains de ces billets pour que Votre Excellence puisse les examiner. Ces hommes ont maintenant quitté ce territoire sans se préoccuper des conséquences de leurs actes pour ceux qui les suivront. Les Indiens se sont également plaints du fait que les biens laissés sur les tombes de leurs morts ont été pris par les Blancs. Je les ai assurés que tout cela cesserait à partir de maintenant et que Votre Excellence se préoccupait autant de leur bonheur et de leur bien-être que de celui des Blancs. J’en ai profité pour leur faire comprendre que le gouvernement punirait sévèrement tout homme blanc qui leur ferait du tort et qu’eux-mêmes seraient traités avec autant de sévérité s’ils agressaient des Blancs qui traversent leur territoire. Je les ai également avisés de ne pas se faire justice eux-mêmes, mais qu’ils devaient exprimer leur mécontentement aux autorités et que Votre Excellence verrait à ce que les torts soient réparés. J’ai eu connaissance que certains Indiens croyaient que les Blancs leur enverraient la vérole au prochain printemps. Lorsque je leur ai demandé la source de telles idées, ils m’ont répondu que certains Blancs de Victoria les en avaient menacés. C’est une menace très dangereuse à utiliser et qui pourrait causer la perte de vie de tous les Blancs de la côte si tous les Indiens y ajoutaient foi. Ils avaient l’air très heureux de mon arrivée et sont déterminés à se conduire correctement et à ne causer aucun trouble. Je devrais mentionner qu’Anaheim, en présence de tous les chefs Bella Coola, a promis de faire tout son possible pour capturer les meurtriers chilcotins. Sa tribu a connu de grandes difficultés pour se procurer de la nourriture, mais ils ont réussi à en acheter une quantité à peine suffisante des Indiens de la région en échange de leur grande quantité de fourrures. Ils ont tous tendance à se montrer amicaux et ils disent qu’ils ne prendront jamais les armes contre les Blancs puisque l’affaire de l’été dernier leur a montré quelles seraient leurs souffrances s’ils choisissaient de le faire. J’ai appris d’un Indien « Weekenow » (c.-à-d., Rivers Inlet) qui était ici qu’« Ahan » et son groupe y était venus mais étaient repartis pour les montagnes il y a quelque temps déjà. Il n’osait pas aller vers l’intérieur, car il craignait d’y rencontrer Anaheim. Il était à court de provisions et mon informateur pensait qu’il avait l’intention de se rendre à un endroit appelé Chowiti à l’embouchure de la rivière qui se déverse dans le canal Knight afin d’obtenir des provisions durant la saison de la pêche. La veuve de * * * (qui a été tué avec McDonald) qui était à l’intérieur du territoire tout l’été confirme le fait qu’Ahan avait très peu de nourriture. Il y avait deux Blancs ici à mon arrivée. Ils semblent faire de très bonnes affaires avec les Indiens et ils disent que ce sont de bonnes personnes. Les Indiens m’ont dit que les schooners qui naviguaient dans les environs faisaient de très bonnes affaires avec la vente de whisky et la plupart voulaient y mettre fin rapidement. Les chefs disent qu’ils ne peuvent pas contrôler les jeunes hommes lorsqu’ils sont sous l’influence de l’alcool. Ils m’ont également expliqué comment ces schooners échappent aux officiers des douanes et aux canonnières : lorsqu’ils sont sur la côte, les navigateurs cachent les spiritueux dans un endroit peu fréquenté jusqu’à l’heure du départ et alors ils reprennent la marchandise à bord et procèdent au commerce. D’autres en laissent une large quantité aux Indiens qui se chargent de la vente et qui reçoivent une importante commission. Cette dernière pratique, cependant, n’a cours qu’à Bella Coola parce qu’on ne peut se fier à tous les Indiens. Afin d’arrêter, du moins jusqu’à un certain point, ce terrible commerce, je suggère respectueusement à Votre Excellence de poster quelqu’un à l’entrée des détroits de Johnson, là où tous les petits vaisseaux (qui sont ceux qui s’adonnent à ce commerce) sont obligés de passer lorsqu’ils remontent la côte puisque leur tonnage ne leur permet pas de sortir de l’île de Vancouver en hiver, la période où ce commerce est le plus actif. Une autre forme d’assistance pour arrêter la vente de whisky serait d’accepter dans une certaine mesure le témoignage des Indiens puisqu’il est presque impossible de recevoir le témoignage des Blancs dans ces endroits isolés. Je joins une esquisse de la route suivie par « Ahan » au canal Rivers. Certains Indiens Bella Coola se préparent à y aller et je leur ai dit de se renseigner sur les mouvements d’« Ahan ». Je devrais donc pouvoir donner plus de détails dans ma prochaine lettre, ce qui devrait être assez rapidement, puisque le schooner Lord Raglan descend d’ici trois ou quatre semaines. Il n’y a eu qu’un seul navire ici depuis mon arrivée et il s’agit du schooner mentionné plus haut. Veuillez agréer etc. Source: J. D. B. Ogilvy, "Des nouvelles de Bentinck Arm," The Government Gazette Extraordinary, 27 février 1865.
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