Personne ne connaît son nom: Klatsassin et la guerre de Chilcotin
   
 

À propos de cette source

Document traduit

Le Chronicle et la route de Bute

The British Columbian, 8 juin 1864

Si nous n’étions plus surpris depuis longtemps déjà de ce qui peut paraître dans le Chronicle de Victoria, l’éditorial, paru dans son édition de vendredi, nous aurait à la fois surpris et choqués. L’article qui s’est avéré si désagréable à notre irascible confrère, tel qu’affirmé dès le début, n’aurait jamais été écrit s’il n’avait pas été provoqué par un paragraphe complètement faux publié dans un journal de Victoria. Pour ce qui est de la véracité des commentaires contenus dans l’article, nous ne pouvons qu’affirmer que nous détenions des renseignements obtenus par des ingénieurs sur le terrain qui nous assurent que, loin d’avoir exagéré, nous étions même en deçà de la vérité. Si le sentier est bon, pourquoi M. Waddington a-t-il absolument refusé de laisser ses mules, ou même seulement l’une d’elles, accompagner l’expédition au-delà du traversier? Si la route est praticable, comment se fait-il que McDonald et son groupe aient dû faire un détour de plusieurs centaines de milles autour de Bentinck afin d’entreprendre le travail sur la partie supérieure du sentier?

La tentative de notre confrère de transformer la discussion sur les mérites de la route de Bute en une affaire personnelle avec M. Waddington est digne de lui et de sa cause. Le simple fait qu’un vieil homme respectable soit obsédé par le sujet ne peut empêcher la libre discussion d’une question d’intérêt colonial. On nous accuse de cruauté envers M. Waddington. Nous relançons ces accusations au visage de notre confrère qui, sans aucune pitié, a encouragé ce vieil homme à poursuivre jusqu’à sa perte un fantôme et, tout cela, sous le couvert de l’amitié. Les pires ennemis de M. Waddington sont ceux qui l’on poussé dans un projet dont ils ignoraient tout et dont ils se souciaient encore moins, mais qui leur a permis, par toute cette agitation, de déranger et de déconcerter l’opinion publique à notre sujet. S’il avait seulement écouté nos mises en garde et nos conseils, plutôt que d’avaler avidement tout ce que ses amis déloyaux offraient à son appétit maladif, il s’en serait mieux porté.

La portion de l’article du Chronicle, qui dépeint la population de New Westminster comme des gens se moquant du massacre de Bute Inlet, parce que dénigrer cette route pourrait augmenter la valeur de leurs terrains, a dû germer dans un esprit dénué d’humanité – un état qui engendre plus de répugnance que de pitié. Le fait que, quelques heures après que la nouvelle du massacre ait atteint notre ville, les membres du service d’incendie, les carabiniers ainsi qu’un grand nombre de citoyens aient offert leur service à Son Excellence – et étaient impatients de quitter, pour nombre d’entre eux, leur femme, leur famille et leurs commerces pour aller venger la mort des citoyens de Victoria assassinés à Bute Inlet, démontre bien le mensonge d’une des plus odieuses calomnies jamais jetées sur une communauté. Les gens d’ici n’auraient pas agi avec plus d’empressement si chacun d’eux avait perdu un frère dans le massacre; ils n’ont pas perdu de temps à se demander à quelle nation, à quelle colonie ou à quelle ville ils appartenaient, et la sordide pensée de l’augmentation de la valeur de leurs propriétés leur est encore moins venue à l’esprit. Néanmoins, face à cet enthousiasme désintéressé de la part de la population de New Westminster pour venger la mort de quelques habitants de Victoria qui avaient été engagés pour construire une route rivale, l’auteur de l’article en question a la lâcheté et la cruauté de les accuser de prendre plaisir d’une telle tragédie sanglante, et ce, pour les plus sordides raisons. Honte à celui qui a conçu une telle calomnie et honte au journal qui l’a diffusée.

Nous souhaitons, en conclusion, informer le rédacteur en chef du Chronicle qu’il n’a plus besoin de se faire des inquiétudes quant au mérite et au destin de la route de Bute Inlet. Nous avons maintenant un gouverneur qui se penchera sur ce projet ainsi que sur tous les autres travaux et qui agira en conséquence; il ne se laissera pas non plus enjôler par les déclarations des journaux.

Source: "Le Chronicle et la route de Bute," The British Columbian, 8 juin 1864.

Retour à la page principale

 
les grands mystères de l'histoire canadienne