L’expédition chilcotine
Journal d’un volontaire
(conclusion)
Daily British Colonist, 17 octobre 1864
Le 20 juillet, Alexis, le chef ami des Chilcotins, s’est joint à l’expédition avec huit guerriers à chevaux. Parmi eux était un vieux voyou avec seulement un œil qui, selon le témoignage d’un Indien Bella Coola qui a accompagné le convoi, faisait partie des attaquants. Le gars a admis avoir reçu un manteau, un sac de farine et 10 $ comme part du butin, mais il dit l’avoir ensuite jetée – un acte très probable pour un sauvage avide; cependant, il n’y avait pas de preuves suffisantes pour l’incriminer, alors il n’a pas été arrêté. Le même homme, après le meurtre du groupe de Manning, avait été envoyé pour tuer Pablo, un porteur qui revenait d’Alexandria, mais il en avait été empêché par Alexis. On trouvait alors fréquemment des Indiens en possession de biens provenant de toute évidence du convoi de McDonald, mais après questionnement, ils disaient innocemment que cela leur avait été donné, ce qui semblait satisfaire les dirigeants de l’expédition.
Le groupe de M. Brew se préparait à retourner sur la côte, envoyant le marchand Moss avec une petite force à la coulisse pour guetter les autochtones lorsqu’ils venaient pêcher. Le 1er août, un esclave de Klatsassin qui avait été employé dans le convoi de McDonald, est arrivé afin de tenter de conclure un accord, les sauvages ayant entendu dire que les Blancs avaient l’intention de tous les tuer, hommes, femmes et enfants. L’Indien leur a appris que le gouverneur Seymour avait presque été tué par des sauvages tapis dans les arbres. Un jour, celui-ci se baladait hors du camp, fumant un cigare, lorsqu’il fut suivi de près par deux éclaireurs indiens qui rôdaient près du campement et qui l’ont approché de si près qu’ils l’ont vu « mettre du tabac dans une feuille de papier, le rouler et le fumer »; cependant, ils n’ont aucunement tenté de le blesser et il est retourné au campement, inconscient du danger auquel il avait été exposé.
La semaine suivante, des provisions pour « vingt-trois jours » étant arrivées d’Alexandria, le groupe est reparti vers le lac Tatla, à proximité de l’endroit où McLean avait été tué, envoyant un coureur indien à Anaheim l’enjoignant de les rejoindre, mais le rusé chef ne s’y est pas rendu. En trois jours ils sont arrivés au lac qui est décrit comme une nappe d’eau étroite variant en largeur d’un quart à un demi-mille, entouré par des hautes bermes dégarnies, telles qu’on en voit au fleuve Fraser, couvertes de graminée et de camomille sauvage. Le sol en cet endroit montre des traces alcalines. Le groupe a passé le mois d’août aux environs des lacs et de la rivière Homathco, faisant des reconnaissances dans toutes les directions, la force étant divisée en deux parties sous les commandements de M. Brew et de M. Elwyn. Ils ont examiné le territoire avec grande attention, endurant de terribles épreuves dans leur quête, mais bien qu’ils aient trouvé des traces abondantes, ils n’ont même pas vu un seul Siwash (Indien). Selon le journal, il semble que M. Cox, voulant s’assurer la gloire de s’emparer des meurtriers, leur a envoyé un message pour les aviser que le groupe de M. Brew les tuerait tous, hommes, femmes et enfants, alors que lui ne voulait que leur parler et conclure un accord. Le journal passe des réflexions sévères sur la conduite du groupe de M. Cox qui n’a pas capturé les meurtriers de McLean alléguant que cela aurait pu être fait en prenant les femmes et les enfants.
Le 3 septembre, les porteurs Charlie Page et McLeod sont passés, en provenance d’Alexandria; le groupe a alors appris la capture de Telloot et de Klatsassin avec six de leurs complices. Cox les a envoyé chercher pour conclure un accord, leur disant de ne pas amener leurs armes parce que ses hommes pourraient penser que ce sont de mauvais Indiens et leur tirer dessus. Donc les sauvages sont venus, ont obtenu une grande provision de muckamuck(nourriture) et sont allés se coucher et en se réveillant au matin se sont retrouvés prisonniers entourés d’une palissade qui avait été érigée autour d’eux pendant la nuit. Le fils de Klatsassin, lorsqu’il a entendu cela, a juré d’assouvir sa vengeance meurtrière sur les Blancs pour leur perfidie. Les porteurs ont aussi déclaré que le Gouverneur avait envoyé à M. Cox une commission pour juger et exécuter les sauvages sur-le-champ s’ils étaient reconnus coupables, mais M. Cox avait fait venir trente hommes pour les aider à amener les prisonniers à Alexandria.
M. Brew a continué sa marche vers la côte, rencontrant le chef Anaheim et plusieurs de ses gens à Nacoontloon. Le vieil homme n’était pas très communicatif, mais il a promis de prendre certains des meurtriers du groupe de McDonald durant l’hiver. Il est aussi sorti et a ramené quatre des chevaux appartenant au convoi. Les ranchs des Indiens ont été fouillés et on y a trouvé entre autres un sac de toile et un bout de manteau en peau de daim ayant appartenu à McDonald et néanmoins M. Brew pensait qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour incriminer Anaheim ou sa tribu. Ils avaient déjà entendu dire qu’Anaheim avait en sa possession une part de butin représentant une quantité portée par sept chevaux.
En passant près de la scène du meurtre, ils ont vu que les loups avaient déterré les os des hommes; ils les ont donc ramené avec eux à Bella Coola. Sur le chemin du retour, ils ont rencontré certains membres de la tribu d’Anaheim qui revenaient d’une excursion de pêche et alors plusieurs Indiens ont jeté leurs sacs et se sont enfuis dans les bois. Ils n’ont pas été questionnés, cependant, Anaheim ayant promis d’arrêter les vrais meurtriers durant l’hiver. Le 29 septembre, l’expédition est arrivée à Bella Coola et le lendemain ses membres se sont embarqués dans la canonnière Forward qui les a amenés à New Westminster, après une absence de 107 jours.