Seymour à Cardwell, no 2530 août 1864 À mon retour à New Westminster après une absence de neuf semaines, j’y retrouve une telle accumulation de travail que je ne peux, dans cette missive, vous donner tous les détails au sujet de la récente insurrection indienne et des moyens pris pour la supprimer. 2. Les Chilcotins qui ont massacré les hommes du groupe de M. Waddington à Bute Inlet, tel que mentionné dans ma dépêche no 7 du 20 mai, ont pénétré l’intérieur du territoire, y ont été rejoints par d’autres membres de leur tribu et ont réussi à tuer ou à expulser tous les Blancs qui s’y trouvaient, de la mer jusqu’à secteur supérieur du Fraser. 3. Le pays sous le contrôle des insurgés peut être décrit comme ayant une superficie d’environ trois cent milles d’est en ouest par cent cinquante du nord au sud. Comme il était indispensable de faire valoir notre autorité, deux groupes de volontaires partirent vers l’intérieur. Le premier, sous M. Cox, un magistrat de police de Cariboo, à partir d’Alexandria. L’autre, sous M. Brew, magistrat de police de New Westminster, de Bella Coola jusqu’à l’embouchure de Bentinck Arm. J’ai accompagné ce dernier groupe. 4. Ces deux forces minimes devaient se rendre au lac Benshee au cœur du territoire. Le groupe de M. Cox, comptant soixante hommes, se retrouverait donc à cent douze milles d’Alexandria, la base de ses opérations et le groupe de M. Brew, à deux cent cinquante milles de Belle Coola, d’où il pourrait obtenir ses vivres. 5. Il va sans dire que les communications avec la civilisation ont été coupées dès que les groupes se sont retrouvés en terrains hostiles. À tout le moins, elles ne pouvaient être rétablies qu’en détachant une bonne partie des groupes. Ainsi isolés dans les bois, nous sommes devenus objet de spéculations à travers la colonie et les rumeurs les plus tragiques ont circulé sur notre sort. 6. Les deux groupes se sont rencontrées à Benshee le 6 juillet et, le lendemain, j’ai envoyé le groupe de M. Cox dans les montagnes de Bute Inlet. Pendant une quinzaine de jours, ils ont traversé un territoire qui présentait toutes sortes de difficultés naturelles, suivant la trace des Indiens et échangeant occasionnellement des coups de feu avec eux. M. McLean, commandant adjoint, est tombé victime d’un excès de zèle. 7. Entre temps, le poste de Benshee, là où toutes les pistes indiennes convergent, était devenu le quartier général du groupe de M. Brew avec qui j’étais resté. Nous n’étions que dix, ayant envoyé un groupe poursuivre les autochtones et un autre escorter un convoi de vivres. Nos forces étaient si disproportionnées par rapport à la valeur de la position que nous détenions que c’était avec grande satisfaction que nous avons accueilli le retour des vingt-cinq hommes qui nous avait laissé la semaine précédente à la poursuite des autochtones. 8. Nos provisions commençaient à devenir très basses puisque le convoi de vivres n’arrivait pas et, pourtant, une discipline parfaite régnait dans le camp. Aucun plainte ne fut formulée sur la petite quantité de rations ou l’absence totale de ce qui est normalement considéré comme indispensable à notre existence. 9. Un des principaux chefs des Chilcotins qui s’était abstenu de joindre les hostilités, Alexis, fut persuadé, par des moyens que je décrirai à un autre moment, de se présenter à moi. Après plusieurs jours de négociations, il promit de se joindre avec tous ses hommes à la poursuite des Indiens. Nous avions décidé de partir dans la direction où M. McLean avait été tué. 10. Je donnerai les détails dans une autre dépêche des dispositions que nous avions prises avant que mes devoirs ne me rappellent à mon poste. Je joins un extrait de la gazette officielle montrant leurs succès. 11. Un immense crédit doit revenir à ces deux groupes d’hommes qui ont si bien ratissé le vaste territoire des Chilcotins qu’ils sont revenus victorieux d’un combat dans lequel la famine combattait des deux côtés. Cependant je n’oserais prédire à ce moment-ci que la victoire sera totale. Veuillez agréer etc. M. Elliot Bien que les démarches du gouverneur Seymour pour prendre les meurtriers n’aient pas encore connu un succès complet, M. Cardwell considérera peut-être qu’il y a eu suffisamment de travail accompli pour que le gouverneur Seymour et tous ceux concernés aient droit à des éloges. C’est une vive satisfaction d’apprendre que seulement une vie a été perdue durant cette expédition. M. Cardwell Ce sera à vous de décider quels sujets aborder dans la réponse. Les suivants se portent à mon attention. Nous pourrions exprimer que nous trouvons très honorables de la part des Européens engagés dans ces opérations qu’ils aient traversé un territoire si vaste à la recherche des Indiens incriminés, et ce, en n’ayant à déplorer qu’une seule perte de vie tout en maintenant une parfaite discipline et un bon optimisme face aux privations auxquelles ils étaient inévitablement exposés. Exprimez la conviction et le courage du Gouverneur pour le bien de la collectivité qui l’ont amené à se joindre à une de ces expéditions et à en partager les épreuves et les dangers. Il est satisfaisant de constater que ces mesures énergiques ont reçu tant de succès et exprimez le souhait que les résultats ultérieurs seront tels qu’ils feront bonne impression aux Indiens et contribueront à assurer la sécurité des Européens qui voyagent ou travaillent dans les parties plus reculées de la colonie. M. Blackwood Voir le compte-rendu à part de M. Cardwell. Tenir compte de ce compte-rendu dans l’élaboration du projet de réponse. Attendre un rapport plus complet. D’ici là, exprimez ma grande satisfaction qu’il soit revenu sain et sauf à ses tâches de gouverneur et que tant de discipline et de bon ordre furent maintenus et que si peu de pertes de vie furent encourues. Espérez que la sécurité sera rétablie et que les relations amicales prévalant à ce moment avec les Indiens ne seront pas compromises. Pièces jointes : Extrait, Government Gazette, 27 août 1864, relatant la capture de certains des Indiens impliqués dans les massacres et les événements subséquents. Également : Projet de réponse, Cardwell à Seymour, no 39, 29 octobre 1864. Source: Great Britain Public Record Office, Colonial Office Records, CO 60/18, p. 52, 9648, Frederick Seymour, Lettre à Cardwell, no 25, sent 30 août 1864, received 20 octobre 1864.
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