Gouverneur Seymour au vice-amiral Kingcome New Westminster Monsieur, J’ai eu l’honneur de recevoir hier soir votre lettre du 28 du mois dernier m’informant de l’aide navale que vous offrez à cette colonie. Je vous suis reconnaissant de votre promesse de poster temporairement le Tribune, sous les ordres du vicomte Gilford près de New Westminster et je me réjouis à la perspective de vous voir, ainsi que le Sutlej, à Burrards Inlet. Dans des circonstances normales, je me contenterais simplement de vous remercier pour ces arrangements; cependant, la colonie subit présentement une crise dont la gravité ne nous est pas encore entièrement connue. Le nombre de massacres commis par les Indiens augmente et il m’est difficile de confirmer qu’une rébellion des Chilcotins est en préparation. Devant cette incertitude, je me permets toutefois de suggérer que des navires de guerre de plus petite valeur et de moindre importance que ceux précités seraient plus utiles à la colonie. J’avais l’intention, suite à l’annonce du massacre des ouvriers du sentier de Bute Inlet, d’envoyer trois expéditions contre les auteurs de ce crime – les Indiens chilcotins –, une venant d’Alexandria, une de Bute Inlet et une troisième de Bentinck Arm, devant toutes converger vers le lac Benshee qui servirait de centre. Je sais que la première est en route. La deuxième a échoué dans sa mission de faire respecter nos lois, qui ont été violées, à cause des difficultés naturelles que présente le pays. Elle a fait demi-tour après avoir enterré décemment les corps de certains hommes assassinés lorsqu’ils étaient découverts et après avoir fait une démonstration de force sur place, où des hommes blancs ont lutté pour leur vie. Nous avons dû abandonner la troisième, car on avait besoin d’un vaisseau pour transporter l’expédition proposée à Bentinck Arm. Je ne crois pas devoir souligner les difficultés et les coûts énormes pour le gouvernement impérial et régional qu’entraînerait une guerre contre les Indiens sur ce vaste territoire, sans compter la décrépitude dans laquelle tomberait la Colombie-Britannique si l’accès aux mines d’or de Cariboo devenait impraticable. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter une telle tragédie et je dépense sans compter les ressources humaines et pécuniaires que la colonie possède. Nous n’avons pas de soldats et je croyais, jusqu’à hier soir, que l’aide navale sur laquelle on pouvait se fier était celle d’une canonnière, un moyen de transport ayant l’ordre de retourner au quartier général le plus vite possible. J’ai sérieusement protesté auprès du gouvernement de Sa Majesté contre la situation complètement différente de ce qui prédominait lorsque j’administrais un gouvernement d’Amérique Centrale, mais votre lettre m’encourage à espérer que les citoyens de la Colombie-Britannique recevront leur part de la protection qui est habituellement offerte généreusement par la mère patrie. Je dois vous informer des besoins de cette province. Il n’en tient cependant qu’à vous de déterminer jusqu’à quel point celles-ci interfèrent avec les tâches générales de votre commandement. L’expédition d’Alexandria n’a besoin d’aucune aide navale. Je crois cependant que je négligerais mes tâches si j’abandonnais ceux qui devaient être basés en mer, et j’espère que vous serez en mesure de m’aider pour qu’ils accomplissent leur fonction. J’ai l’intention, dans les circonstances actuelles, de placer un nombre d’Indiens alliés [Quaha?] dans le site de la ville de Bute Inlet et de leur donner instructions de maintenir les communications avec le traversier sur la rivière Homathco, à trente milles de l’extrémité du Inlet. Nous présumons que les assassins chilcotins sont maintenant rendus aux lacs à l’intérieur des terres mais il semble peut probable qu’ils puissent se permettre d’abandonner longtemps leurs lieux de pêche sur la Homathco. Il est donc possible qu’ils soient obligés de descendre la rivière vers l’endroit où la première mort violente est survenue lorsque arrivera la saison de la pêche aux saumons. Je propose d’envoyer, lorsque les Quahas m’informeront de l’arrivée des Chilcotins, des officiers de polices armés provenant de New Westminster pour les arrêter ou les amener à se réfugier en montagne. Le transport des Quahas se fera aux frais de la colonie, mais nous n’avons pas de navire à vapeur pour transporter la force publique d’hommes blancs. Pour ce dernier objet, je dois vous demander de fournir, dans la mesure du possible, une canonnière. Rien ne presse. J’aimerais la recevoir d’ici une quinzaine de jours. La pêche aux saumons ne débutera pas sur la Homathco avant la fin du mois. Je dois demander votre aide plus particulièrement pour envoyer une force solide par Bentinck Arm pour rencontrer, près du lac Benshee, l’expédition terrestre d’Alexandria. Je n’hésite pas, dans un climat tel que celui de juin, à demander que trente ou quarante marins ou fusiliers marins puissent aider une force publique dont je vous indiquerai la taille. Il serait préférable qu’un vaisseau plus grand qu’une canonnière soit assigné à cette tâche. On m’a dépeint le sentier de Bentinck Arm à Benshee comme parfaitement praticable et la distance à parcourir se fait facilement en six ou sept jours. Je grèverai, si nécessaire, les finances de la colonie afin de fournir le bon moyen de transport si une telle équipe était détachée. Un juge de paix expérimenté dirigerait l’équipe de civils et s’efforcerait de faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter un conflit avec les Indiens. Les gens d’ici croient qu’avec l’imposition d’une force de ce type, le risque de conflit disparaîtra et que la justice reprendra son cours. Il est de mon devoir de vous informer de ma vision de la situation de la colonie. La probabilité d’une rébellion de longue durée augmente chaque jour où les Chilcotins continuent de parcourir le pays chargés du butin des hommes blancs assassinés et j’anticipe que chaque nouveau poste m’informera de nouvelles pertes de vie causées par les Sauvages, qui se sont placés au-dessus de la loi. Il y a, uniquement dans les environs de Bentinck Arm, quinze Anglais dispersés et sans moyen de se défendre. Il m’est en tout temps agréable de voir dans nos eaux les bateaux H. M. Sutlej et le Tribune avec, à son bord, le Seigneur Gilford et vous-même, mais je dois avouer ne pas pouvoir me laisser aller à éprouver un tel plaisir tant qu’il n’y aura pas de navire de guerre le long de la côte nord pour défendre nos compatriotes et aider à écraser une révolte locale, qui mènera probablement à une guerre effroyable. Veuillez agréer, &c. M. Cardwell Je crois qu’il faut en envoyer une copie à l’amirauté et que [illisible] devrait être informé. Source: Great Britain Public Record Office, Colonial Office Records, CO 60/19, p. 228, 10605, Frederick Seymour, Lettre au vice-amiral Kingcome, 1 juin 1864.
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