Waddington au secrétaire colonial de l’île de VancouverVictoria, le 5 octobre 1864 Au Secrétaire colonial de l’île de Vancouver Sir, Je réponds à la lettre du 7 de ce mois. La déclaration qui suit est véridique quant aux actions que j’ai prises en relation avec les meurtres de Bute Inlet. Le massacre principal (il y en a eu quatre distincts) a eu lieu le 30 avril, juste avant l’aurore. J’en ai été informé à Victoria tôt le matin du 11 mai à l’arrivée du steamer Emily Harris qui a ramené les trois seuls survivants, deux grièvement blessés et un qui est estropié pour la vie. J’ai été à l’hôpital pour m’occuper de ces deux hommes et puis je suis parti immédiatement rencontrer le gouverneur Kennedy pour lui transmettre ce que je savais; à sa demande, j’ai décidé d’aller à New Westminster pour voir le gouverneur Seymour qui était le seul à pouvoir agir. Le steamer de la Compagnie de la Baie d’Hudson devait partir le matin suivant et cet après-midi, les malades et moi-même avons fait nos dépositions devant le magistrat à l’hôpital. Dans ma déposition, j’ai fait part particulièrement de mes peurs pour le groupe de McDonald. À cause de circonstances regrettables, le steamer n’est pas parti au matin et ainsi nous avons perdu une journée; cependant, nous sommes partis le vendredi 13 à midi et nous sommes arrivés à New Westminster à 9 h le soir. J’ai accompagné la personne qui livrait les dépêches qui ont été portées le même soir au gouverneur Seymour et j’ai reçu une note me demandant de le rencontrer à 8 h le lendemain matin. Le Conseil exécutif devait se rencontrer à 11 h. Le matin suivant, j’ai apporté avec moi les plans et les relevés de la route de Bute Inlet et des environs. Lord Gilford, commandant de la Tribune (qui venait d’arriver à New Westminster) était présent et Son Excellence m’a demandé mon opinion sur la meilleure manière de capturer les meurtriers. Après discussion, j’ai suggéré : 1er Une expédition à partir d’Alexandria avec pas moins de 150 hommes afin de pouvoir créer des détachements capables de ratisser le territoire et d’empêcher les Indiens d’aller à leurs terrains de pêches jusqu’à ce qu’ils livrent les meurtriers. 2e Un corps d’observation à Bute Inlet afin d’impressionner les Indiens, aller à la scène des meurtres et constater s’il y a des survivants et enterrer les morts. Cependant, j’ai fait remarquer que, puisque le sentier était en chantier, il serait presque impossible d’aller plus loin ou d’établir une ligne d’opération sur la route. 3e Un corps d’observation à être envoyé sur-le-champ à Bentinck Arm afin de sauver le groupe de McDonald, s’il en était encore temps, capturer les Indiens impunis qui ont commis des meurtres il y a deux [ans?] et protéger les colons à l’embouchure de Bute Inlet; parce que j’ai déclaré mes convictions contraires à celles du Gouverneur selon lesquelles l’insurrection des Indiens était générale et qu’ils tueraient tous les Blancs qu’ils rencontreraient. Ce que les faits subséquents ont prouvé. Le gouverneur Seymour a écouté ces propositions dans le silence, mais lorsque j’ai voulu parler de l’expédition à Bentinck Arm, il s’est tourné vers Lord Gilford et a dit « malheureusement il n’y a pas de vaisseau disponible » ce à quoi Lord Gilford a silencieusement manifesté son accord par un signe de tête, et après une courte pause, j’ai ajouté « Et bien, ceci est très malheureux. » Ce n’était pas ma place d’ajouter quoi que ce soit et je me suis retiré peu après. Pendant la journée, une compagnie de 25 volontaires a été recrutée pour se rendre à Bute Inlet le soir même par la canonnière Forward. J’avais mis mes chevaux de bât et tout mon équipement à Bute Inlet à la disposition du Gouverneur et, à sa demande, j’ai accepté d’envoyer l’expédition – ce que j’ai fait – à Bute Inlet, puis jusqu’à la scène du massacre 40 milles sur le sentier, et le retour. Je suis revenu à New Westminster par le Forward le 9 juin et j’ai revu Son Excellence, mais depuis je n’ai jamais été consulté et je n’ai appris ce qui s’est passé que par le biais des journaux publics. Le Sutlej a été envoyé à Bella Coola, Bentinck Arm, peu après et est arrivé là-bas le 20 juin juste à temps pour sauver les vies des colons, pas plus. En résumé : le massacre principal était connu à Victoria le 11 mai et ma rencontre avec le gouverneur Seymour a eu lieu le 13. McDonald a quitté Bella Coola le 20 de ce mois et son groupe ainsi que lui-même ont été attaqués et massacrés le 31 mai à 75 milles sur le sentier. Bella Coola est à un peu plus de deux jours de New Westminster par steamer et, telles que les choses se sont passées, si le Gouverneur [illisible] avait immédiatement affrété un steamer à Victoria, il ne fait aucun doute que les malheureux auraient été sauvés et on aurait empêché un nouvel affront. Malheureusement, le Gouverneur semblait réticent à obtenir de l’aide de l’île de Vancouver, ou de se retrouver obligé envers moi. En ce qui me concerne, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour sauver McDonald; j’ai informé le Gouverneur du danger, j’ai fait toutes les suggestions que je pouvais décemment faire et je ne pouvais faire plus. Je demeure, Sir,
Source: BCA, Colonial Correspondence, GR-1372, F1809, Mflm B-1372, Alfred Waddington, Lettre au secrétaire colonial de l’île de Vancouver, 5 octobre 1864.
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