Remarques sur l’Ordre d’Orange et les protestants
[…] On assiste à une tentative, il reste à voir si elle réussira, d’associer l’orangisme au protestantisme, à rendre ces termes synonymes ou interchangeables,
[...] PITIÉ POUR LES TROUPES IGNORANTES DE L’ORANGISME.
Par charité, nous pardonnons aux troupes de l’Ordre d’Orange toute mauvaise intention; ou dans les mots du Saint Rédempteur demandons pardon pour eux – « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Mais la charité sans bornes ne peut étendre son indulgence aux dirigeants. Ils ne peuvent plaider l’ignorance pour excuser les méfaits de leur principe. Ils savent quel but ils poursuivent, la nature de leur croisade. Pour satisfaire leur avarice, pour réaliser leur ambition ils pourraient ébranler les fondements mêmes de la société : l’ordre. Ils gravissent le monticule profane en employant les méthodes du serpent et du démagogue – en répondant aux appels incendiaires des pires passions et préjugés de leurs dupes ignorants et confiants.
[...] COMMENT DÉSAMORCER L’ORANGISME.
Si ce pays a jusqu’ici échappé à quelques-uns des pires maux inhérents à l’orangisme, c’est parce que plusieurs de ses membres sont des fidèles indifférents ou peu enthousiastes, qui adhèrent à l’organisation dans un but précis; et quand ce but est atteint, ils la quittent ou, du moins, cessent d’en être des membres actifs. Ce critère est reconnu comme l’un des plus puissants au sein des postes politiques, la pierre de gué de l’élévation. Cette conscience contribue en grande partie à sa vitalité. Retirez cette immunité, ce privilège, et elle se transformera en un nain décrépit, une excroissance du corps politique. Une histoire tout à fait authentique est arrivée pas plus tard que l’été dernier à un homme venu dans la capitale à la recherche d’un poste dans la fonction publique. Ayant en vain épuisé toutes ses ressources pour voir ses efforts échouer, en dernier ressort il s’est déclaré orangiste. Le poste tant convoité lui est immédiatement tombé tout cuit dans le bec.
[...] Si nous adoptons cette vision ou celle du bon sens, il en découle la conséquence logique que l’étudiant chrétien ne peut choisir que l’une des deux possibilités suivantes : le catholicisme ou l’agnosticisme. Ceux qui se défont de leurs préjugés et de leurs idées préconçues et se mettent à la recherche avec la détermination de suivre la vérité peu importe où elle mène arriveront à la conclusion qu’il n’existe pas d’entre-deux, pas d’antichambre, pas de salle d’attente entre les deux mondes; c’est Jésus ou Barabbas. Nul observateur intelligent ne niera non plus que l’agnosticisme est le but du protestantisme. Car le protestantisme, parce qu’il rejette l’autorité et adopte l’interprétation individuelle des questions spirituelles ou le « droit au jugement personnel », est la négation de toute religion. Heureusement pour l’humanité, la Providence fait le dos selon le fardeau. La caractéristique rédemptrice du protestantisme est cette tendance à l’agnosticisme. Elle a sauvé l’homme civilisé de l’anarchie menaçante de la Réforme. Car si le protestantisme était pratiqué selon le modèle, selon les principes que prêchent ses missionnaires et ses interprètes, certains de ses fruits, partout où cette religion sera majoritaire, feront une guerre visant à l’extermination de tous ceux qui s’aventureront à s’en écarter ou à mettre en question ses principes.