Marie-Joseph-Angélique. André Vachon. 1969
MARIE-JOSEPH-ANGÉLIQUE, esclave noire née vers 1710, pendue à Montréal le 21 juin 1734.
Propriété de François Poulin de Francheville, cette esclave fut baptisée à Montréal le 28 juin 1730. Elle était alors la maîtresse de César, esclave d’Ignace Gamelin, dont elle eut un fils en janvier 1731 et des jumeaux en mai 1732. Puis, tombée amoureuse d’un Blanc, Claude Thibault, elle décida de passer avec lui en Nouvelle-Angleterre, croyant savoir que la veuve de Francheville songeait à la vendre. Pour couvrir sa fuite peut-être, dans la nuit du 10 au 11 avril 1734, elle mit le feu à la demeure de Francheville, rue Saint-Paul. L’incendie se propagea, tourna à la conflagration : 46 maisons et l’Hôtel-Dieu furent détruits. Rejointe par la maréchaussée (on ne retrouva jamais Thibault), l’esclave fut jetée en prison, jugée et condamnée le 4 juin à faire amende honorable, à avoir le poing coupé et à être brûlée vive. En appel, le Conseil supérieur, le 12 juin, atténua quelque peu l’horreur du châtiment : transportée dans un tombereau à immondices jusqu’à la porte de l’église, elle y ferait amende honorable; puis on la pendrait, avant de brûler son corps. Cette sentence fut exécutée à Montréal le 21 juin, après que l’esclave eut d’abord été soumise à la question. Ses cendres furent jetées au vent.
AQ, NF, Dossiers du Cons. sup., Mat. crim., IV : 237; NF, Registre criminel, IV : 24–26. — P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., II : 147s. — Marcel Trudel, L’esclavage au Canada français; histoire et conditions de l’esclavage (Québec, 1960) : 226–229, passim.