L’expansion des fanatiques
La mort du Divin demeurait une blessure dans le cœur de plusieurs Doukhobors. Elle a aussi peut-être contribué à la création d’une faction des Fils de la liberté à l’intérieur de leur société. Les svobodniki, ou fanatiques, existaient pratiquement depuis leur arrivée au Canada, mais ils étaient une petite minorité qui était reléguée en marge de la communauté. Le traumatisme psychologique subi par les Doukhobors avait été envenimé par la bataille intense au sujet de l’éducation en C.-B. au début des années vingt et par la brutalité du choc causé par la mort violente de leur bien-aimé chef et de huit autres personnes.
Que la police ne puisse calmer leur peine en trouvant la cause de cette mort et qu’elle ne semble pas particulièrement embarrassée par cet échec ne faisaient que compliquer leur problème. On ne peut qu’imaginer l’introspection à laquelle s’est soumise la communauté dans les années qui ont suivi la mort de leur chef. Mais à l’arrivée de Peter P. Verigin, Chistiakov, un nouvel élan habitait les Lutteurs spirituels. Un groupe qui, alors que le Divin était en vie, comprenait entre 50 et 200 personnes était devenu, en 1927, un groupe identifiable de dissidents doukhobors. En effet, lors du premier grand rassemblement, sobraniye, tenu par Chistiakov à Brilliant, au cœur de la communauté en C.-B., il y avait deux remarquables témoignages de la présence des Fils de la liberté. Il y avait d’abord une grande bannière qui proclamait « Les Fils de la liberté ne seront jamais les esclaves de la corruption ». Le second était la présence de plusieurs nudistes qui se tenaient bien en vue dans la foule. Chistiakov parlait d’eux comme faisant partie de la communauté, déclarant qu’ils étaient « le son des cloches qui nous réveillent ». Le son des cloches des Fils de la liberté sera fréquemment entendu au cours des cinquante années suivantes.
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